Des milliers de Colombiens dans la rue pour protester contre le processus de paix

Samedi 2 avril, des dizaines de milliers de Colombiens ont protesté à Bogotá, Cali et Medellín contre le gouvernement de Juan Manuel Santos et le processus de paix qu’il a engagé avec la guérilla afin de mettre fin au conflit armé. Le gouvernement colombien avait annoncé quelques jours plus tôt qu’il allait engager en Équateur un processus de négociation avec l’Armée de libération nationale (ELN).

Selon l’AFP, 60 000 personnes ont défilé dans les rues des trois plus grandes villes du pays, scandant les slogans “Santos traître, démission”, “Santos président des Farc” et “Non à l’impunité”. Cet appel à manifester avait été lancé par l’ancien chef de l’État, Álvaro Uribe, fervent adversaire des négociations de paix, et a été suivi par des dizaines de milliers de Colombiens vêtus de jaune, rouge et bleu, les trois couleurs du pays.

Ce processus de paix, qui devrait débuter en juin, se déroulera en parallèle des pourparlers qui sont menés depuis 2012 à Cuba avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). La Colombie a vu s’affronter pendant plus de cinquante ans guérillas d’extrême gauche, paramilitaires d’extrême droite et forces armées, dans un contexte de trafic de drogue, qui a fait 260 000 morts, 45 000 disparus et 6,6 millions de déplacés. L’ELN, qui compte 1 500 hommes armés, et les FARC, qui en possède plus de 7 000, sont les deux principales guérillas du pays, actives depuis 1964.

C’est en Équateur que l’ENL et la capitale colombienne ont choisi d’entamer leurs négociations. Le président équatorien a annoncé à ce propos lors de son émission hebdomadaire de radio et télévision : “Nous sommes heureux de pouvoir contribuer à cet effort historique pour la paix en Colombie, effort pour lequel Juan Manuel Santos entrera dans l’Histoire”. En plus de l’Équateur, des sessions de discussion auront lieu au Venezuela, au Chili, au Brésil et à Cuba, pays qui seront, avec la Norvège, les garants de ces pourparlers.

Mais ces négociations ne pas pas chaleureusement accueillies par le peuple colombien qui refuse tout compromis avec ces groupes révolutionnaires. Bien souvent victimes collatérales de ce conflit, les manifestants rejoignent l’opposition formée par l’ex-président Álvaro Uribe, qui s’est illustré par sa position particulièrement dure contre ces groupes rebelles pendant les années de son mandat. Il était devenu populaire pour avoir fait reculer l’insécurité dans le pays, diminuer le nombre d’homicides grâce à des opérations de police et libéré plus de 500 otages, dont Ingrid Betancourt. Tout laisse à penser que les Colombiens ne veulent plus transiger sur ce conflit, qui ravage le pays depuis plus d’un demi-siècle.

Mara KOLB

Photo (CC) : Agencia Prensa Rural