Ce dimanche 17 avril à 23 h, Arte TV diffuse un reportage sur l’écrivain colombien et prix nobel de littérature Gabriel García Márquez, occasion de s’introduire dans l’intimité de ce géant de la littérature.
Comme dans un roman de Gabriel García Márquez (1927-2014), se croisent dans ce documentaire une foule de personnages pétillants d’intelligence et de vie, de savoureuses anecdotes, des histoires de famille déchirantes et des amours chevaleresques. Mais de ce foisonnement émerge un portrait étonnamment limpide de l’écrivain colombien devenu l’une des grandes voix de l’Amérique latine.
Ce portrait se présente comme un voyage au long cours sur le Magdalena, le formidable fleuve aux eaux chocolat qui baigna la jeunesse caribéenne de Gabriel García Márquez. Le périple commence inévitablement sur les rives de celui-ci, à Aracataca, la bourgade où l’écrivain passa les neuf premières années de sa vie, « entre réalité et magie », dans la demeure pleine de mystères de ses grands-parents, qu’il habitera toute sa vie dans ses rêves. Dans Cent ans de solitude, le roman qui, en 1967, pour ses 40 ans, lui a valu une gloire soudaine, il fera d’Aracataca la métaphore de tout un continent.
Sirènes
Puis viennent Sucre, le village plus au nord, où il tombe amoureux à 14 ans de la belle Mercedes, de cinq ans sa cadette, qu’il épousera bien plus tard ; Bogotá, la grise capitale, choquée par ses chemises bariolées, où il publie sa première nouvelle avant d’y faire ses débuts de journaliste ; Carthagène et Baranquilla, les villes portuaires du nord, qui lui ouvrent les plaisirs de l’amitié et de la bohème artistique tandis qu’il travaille à son premier roman, Des feuilles dans la bourrasque ; Paris, où il peut assouvir « le rêve de sa vie, écrire sans être emmerdé », et compose dans le dénuement le livre qu’il considère comme son chef-d’oeuvre, Pas de lettres pour le colonel ; La Havane, où il se précipite en 1959, comme bon nombre de ses pairs, pour vivre la révolution cubaine au présent ; Mexico, qui l’accueille finalement avec femme et enfants pour un « embourgeoisement » temporaire, avant qu’il ne s’abandonne, avec le succès que l’on sait, aux sirènes de la littérature.
Nostalgie allègre
Des lieux secrets ou fameux qui ont nourri son oeuvre à la bringue à tout casser qu’il organise en 1982 pour fêter son Nobel, Justin Webster nous plonge dans l’univers de l’écrivain, ouvrant une passionnante fenêtre sur le contexte historique et culturel qui fut le sien. Par le biais des archives, la voix de « Gabo » dialogue avec ceux qui l’ont aimé, frère, soeur ou amante, collègues ou amis journalistes et écrivains, dont son biographe Gerald Martin, son émule colombien Juan Gabriel Vásquez, son vieux et malicieux complice Plinio Apuleyo Mendoza. Grâce à leur talent commun pour ne pas se prendre trop au sérieux – à l’exception de l’admirateur Bill Clinton, un peu empesé dans son costume d’ex-président -, le film évite le piège de l’hagiographie. Entre allégresse et nostalgie, une invitation à se replonger dans les milliers de pages laissées par l’inventeur du « réalisme