Dimanche soir dernier a eu lieu la 88e cérémonie des Oscars, au célèbre Dolby Theatre. Alors que Spotlight s’est particulièrement illustré par l’Oscar du Meilleur Film et du Meilleur Scénario, l’Amérique latine y a occupé une place de choix, entre le dernier film d’Alejandro González Iñarritu (The revenant) et le court-métrage de Gabriel Osorio.
Le Chili n’a commencé à soumettre ses films pour les Oscars qu’à partir de 1990, avec La Luna en el espejo de Silvio Caiozzi. Le film ne fut pas retenu tout comme les autres films chiliens qui, chaque année, furent ensuite soumis. La Frontera, Johnny 100 Pesos, Los Debutantes, … Il faut attendre No de Pablo Larraín, en 2012, pour qu’un film chilien soit nominé aux Oscars, dans la catégorie Meilleur film étranger. Ce n’est que quelques années plus tard que le Chili accède enfin à la consécration ultime grâce à La historia de un oso, de Gabriel Osorio, nommé dans la catégorie du Meilleur court-métrage.
Ce court-métrage de 10 minutes suit un vieil ours qui se promène dans les rues avec son diorama mécanique, qu’il a lui-même fabriqué. Ce diorama raconte sa propre histoire, à travers celle d’un ours qui est capturé et emprisonné dans un cirque dont il cherche à s’enfuir pour retrouver sa femme et son enfant. Bien qu’enfantine par la forme, le fond aborde un sujet sensible, avec une métaphore à peine cachée du régime de Pinochet et de l’exil qui s’ensuit.
La technicité du film est mis au service d’une œuvre touchante, d’autant plus qu’elle est inspirée de la propre histoire du réalisateur. Il l’a d’ailleurs rappelé dans son discours : “Je veux dédier ce prix à mon grand-père qui a inspiré cette histoire et à toutes les personnes qui ont souffert pendant l’exil. J’espère que cela ne se reproduira pas” . Cet hommage à son grand-père affirme aussi la puissance et la force de la famille, face à l’atrocité. Le film a donc raflé la statuette, à la barbe des quatre autres films qui concouraient ce soir-là : Prologue de Richard Williams (Royaume-Uni), Sanjay’s super team de Sanjay Patel (Etats-Unis), We can’t live without cosmos de Konstantin Bronzit (Russie) et World of tomorrow de Don Hertzfeldt (États-Unis). Une consécration qui s’ajoute à une liste déjà longue de récompenses, puisque La historia de un oso avait déjà remportés pas moins de 50 prix internationaux.
Victoria PASCUAL
Trois Oscars pour The revenant
Leonardo DiCaprio a été déjà nommé quatre fois pour les Oscars auparavant sans l’avoir, même s’il a tourné avec les plus grands noms du cinéma américain. Richard Burton nommé 7 fois et Peter O’Toole, 8 fois n’ont, comme lui, jamais gagné la statuette. La première fois que DiCaprio a été nommé, c’était en 1994 pour le second rôle dans Gilbert Grappe. Il n’avait que 19 ans. Depuis, il a été nommé pour Aviator (2004), Blue diamond (2006) et Le loup de Wall street (2013). Signalons qu’il n’avait pas été cité pour Titanic en 1997. Cette fois, à 41 ans, il l’a remporté pour son interprétation très physique du trappeur dans The Revenant.
Quant au cinéaste mexicain, Alejandro González Iñarritu, c’est la seconde fois qu’il est déclaré meilleur réalisateur après Birdman l’an passé. Seuls deux cinéastes ont remporté l’Oscar deux années de suite, John Ford en 1941 et 1942 et Joseph Mankiewicz en 1950 et 1951. C’est une première pour un cinéaste non-étatsunien. Ce sont en définitive trois statuettes qu’a obtenu le film puisque Emmanuel Lubezki a reçu l’Oscar de la meilleure photographie.
Cartoon Movie 2016
Du 2 au 4 mars, Lyon deviendra la capitale européenne du film d’animation. Plus de 750 producteurs de longs métrages d’animation, investisseurs, distributeurs, agents de vente, sociétés de jeux vidéos se retrouveront dans le cadre du 18e Cartoon Movie. Leur but ? Établir des coopérations et des coproductions, permettant ainsi le financement d’une vingtaine de longs métrages d’animation par an, en Europe, des films qui mettent parfois cinq ans à se monter. La France reste le leader incontesté de l’animation européenne, avec un tiers des projets.
Depuis plusieurs années, Cartoon Movie observe un nombre croissant de films d’animation destinés aux adultes. En 2016, un record est atteint : près de 33% des projets sélectionnés visent un public d’adolescents ou d’adultes et soulèvent des thèmes comme les enfants soldats en Angola (Another Day of Life basé sur le livre du reporter Ryszard Kapuściński), la résistance en Iran ( La Sirène), l’adoption ( Le Sourire Khmer), la guerre civile en Angola (Nayola), mais aussi une fiction inspirée par le roman de Joseph Conrad qui représente Rio de Janeiro dans le futur (Heart of Darkness) et un thriller (Mind My Gap), basé sur le roman graphique éponyme. Parallèlement, les comédies familiales et films d’aventure pour enfants ne sont pas en reste.
À l’occasion de ces rencontres, les habitants de la Métropole de Lyon pourront découvrir ou revoir une sélection de dessins animés européens majeurs et avoir le privilège de rencontrer quelques réalisateurs emblématiques dans le cadre du festival On cartoon dans le Grand Lyon, organisé par le réseau de salles de cinéma du GRAC. Cartoon Movie a été créé en 1999 avec pour objectif de favoriser le développement des coproductions et coopérations transfrontalières, d’accélérer le montage financier et le processus de production des films et de faciliter leur distribution à l’échelle européenne et internationale. Quelques coproductions se montent avec l’Argentine, le Brésil ou le Mexique.
Alain LIATARD