Alors que le président François Hollande, les ministres et les chefs d’entreprise, en visite officielle en Argentine rencontrent le président argentin Mauricio Macri et ses ministres, d’autres personnalités culturelles et sportives ont également été invitées à faire le déplacement jusqu’à Buenos Aires. Parmi elles, Thierry Frémaux, directeur de l’Institut Lumière à Lyon. Il est loin de n’être que la caution culturelle du voyage présidentiel en Amérique latine : il est arrivé lundi soir à Buenos Aires car la ville accueillera prochainement l’exposition Lumière ! et souhaiterait également développer un nouveau festival de cinéma, sur le modèle du festival Lumière.
Après avoir regagné quitté Paris pour rejoindre Lyon, l’exposition Lumière ! s’apprête à repartir en Italie jusqu’en septembre. Point de répit puisqu’elle est d’ores et déjà attendue dans la capitale argentine à l’automne prochain. L’exposition, qui a été présentée de mars à juin 2015 à Paris, a été créée afin de célébrer les 120 ans du cinématographe. Lumière ! explore donc l’invention du cinématographe et son épopée tout autant que les autres créations d’Antoine et de ses fils Auguste et Louis, de l’autochrome (la photographie en couleurs) au tulle gras qui sauva de nombreux soldats gravement brulés durant la Grande Guerre, en passant par les toiles d’Antoine. Ce sont les trésors du musée abrités par la villa Lumière et des archives privées que l’Institut Lumière propose au public de découvrir pour raconter la riche histoire de cette famille lyonnaise, qui marqua l’histoire du cinéma. D’autres grandes institutions du cinéma, telles que la Cinémathèque Française, enrichissent l’exposition de leurs propres archives.
Les deux commissaires de l’exposition, Thierry Frémaux et Jacques Gerber, ont imaginé une exposition esthétique, qui n’oublie pas d’être didactique, pour mettre en valeur les œuvres exposées. Le parcours et la scénographie, qui ont été confiés à Nathalie Crinière, souligne cette volonté et fait la part belle au numérique, redonnant vie aux photographies et aux premiers films tournés par les frères Lumière.
L’exposition parisienne avait pris place dans le lieu mythique du Grand Palais, qui avait déjà accueilli la première présentation du cinématographe et ses projections publiques au début du 20e siècle. Le lieu de l’exposition à Buenos Aires n’est, à ce jour, pas encore connu mais promet d’être à la hauteur de ce lieu parisien exceptionnel.
Un nouveau festival pour Buenos Aires ?
Thierry Frémaux connait bien l’Argentine, puisqu’il s’y rend régulièrement à l’occasion de la Semaine du cinéma du Festival de Cannes à Buenos Aires. En plus de diriger la programmation du festival de Cannes en France, il dirige également la programmation de celui de Buenos Aires depuis sept ans.
En parallèle de cette semaine se déroule habituellement le grand marché du film latino-américain, Ventana Sur, avec l’aide de la Commission européenne. Un événement qui œuvre à la promotion du cinéma européen et français au sein du marché argentin. Il permet aussi de promouvoir une coopération audiovisuelle entre les deux pays. En plus de nombreux autres festivals déjà présents à Buenos Aires, tels que le BAFICI, Thierry Frémaux vient ainsi discuter de la possibilité de créer en Argentine un festival à l’image du festival Lumière que les lyonnais connaissent bien.
Existant depuis 2009, ce festival de cinéma occupe une place majeure dans le paysage cinématographique, avec des invités de renoms (Clint Eastwood, Pedro Almodóvar, Martin Scorsese) et un public de plus en plus nombreux. Le festival s’ouvre par une soirée à la Halle Tony Garnier et se poursuit dans les salles du Pathé Bellecour, du Comoedia ou encore du CNP.Le cinéma classique y est célébré, à travers des rétrospectives de films anciens de toutes les nationalités. Le récipiendaire du Prix Lumière anime toute la semaine du festival par des séances de ses films, des masterclass et autres événements, qui se clôture par la remise du prix.
Attirant près de 100 000 spectateurs chaque année, l’Argentine ne pouvait qu’être séduite par un tel événement. Les discussions sont donc engagées pour que l’Institut Lumière puisse mettre en œuvre un festival similaire à l’étranger.
Ce voyage diplomatique, entre accords scientifiques et économiques, est donc aussi un voyage qui met en lumière la richesse culturelle des deux pays et qui affirme la place forte de la capitale des Gaules dans le paysage cinématographique mondial.
Victoria PASCUAL