Le pape François a entamé un voyage à travers le Mexique le vendredi 12 février pour cinq jours. Bilan de ce voyage, centré sur la pauvreté et la violence, dans un pays en proie à la drogue et à l’immigration.
Son périple a commencé dans la joie et la bonne humeur, lors de son arrivée à Mexico, où les Mexicains se sont rassemblés par milliers pour lui offrir un accueil triomphal. Il a ensuite rencontré le président Enrique Peña Nieto au Palais National. Devant le reste de la classe politique, il a alors entamé un discours dans la cour présidentielle sur la justice et la sécurité du pays : il l’a appelée à rendre une justice réelle et à apporter une sécurité effective dans un pays qui vient tout juste d’essuyer un règlement de comptes entre clans rivaux dans la prison de Monterrey, faisant 49 morts.
Les évêques ne sont pas en reste, puisqu’ils se sont vus demander de lutter aux côtés des dirigeants politiques contre la drogue et la violence. Il les a également enjoints à abandonner leurs privilèges car “chaque fois que nous cherchons la voie des privilèges et des bénéfices pour quelques-uns, tôt ou tard, la vie de la société devient un terrain fertile pour la corruption, le trafic de drogue, l’exclusion des différentes cultures, la violence, le trafic d’êtres humains, les enlèvements et la mort.”
En fin d’après-midi, le pape s’est ensuite rendu au sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe, second lieu de pèlerinage le plus visité au monde après le Vatican. Il s’y est recueilli seul, devant l’icône de la vierge Marie. Ce moment lui tenait particulièrement à cœur et il avait déjà annoncé cette visite, en précisant que sa prière lui servirait à demander que l’Année sainte extraordinaire du Jubilé de la Miséricorde soit “une semence d’amour miséricordieux dans le cœur des personnes, des familles et des nations ». (2)
Le dimanche 14 était consacré à la visite d’Ecatepec, une ville surpeuplée à la périphérie de la capitale, une banlieue déshéritée où la violence faite aux femmes ne cesse d’augmenter. À l’issue de la messe, le pape François a exhorté les Mexicains à prendre part eux-mêmes au changement de leur pays. Un changement doit s’opérer pour un meilleur futur : “Nous voulons regarder nos enfants, en sachant qu’ils hériteront non seulement d’une terre, d’une langue, d’une culture et d’une tradition, mais aussi du fruit vivant de la foi qui rappelle le passage assuré de Dieu en ce pays. La certitude de sa proximité et de sa solidarité. Une certitude qui nous aide à lever la tête et à espérer avec enthousiasme l’aurore ».
Le pape a poursuivi son périple dans l’état du Chiapas, une des régions les moins catholiques du pays. La journée a donc été très chargée : il a d’abord célébré une messe avec les communautés indigènes de San Cristobal de las Casas avant de présider une rencontre avec des familles dans le stade de Tuxtla Gutierrez. Toujours dans une optique de marquer l’histoire lors de ce passage au Mexique, cette messe a été prononcée dans les principales langues indigènes, parlées par environ 36% de la population mexicaine, ce qui n’avait jamais eu lieu auparavant.
Les derniers moments de cette semaine sont d’ores et déjà consacrés à Ciudad Juarez. Le pape visitera la prison de la ville, l’une des plus violentes d’Amérique latine. Il rencontrera également les employés de l’entreprise américaine Lexmark implantée dans la ville, qui revendiquent une hausse de leurs salaires hebdomadaires qui n’est actuellement que de 38 dollars. Enfin, son voyage se terminera par une prière face au grillage de la ville d’El Paso, une ville aux portes de la frontière entre le Mexique et les États-Unis, afin de souligner sa préoccupation par rapport à l’immigration et à ses origines contre lesquelles il entend bien lutter avec l’aide du peuple mexicain.
Victoria PASCUAL