Témoin supplémentaire de la fructueuse connivence entre les arts et les sciences sociales, le photojournaliste argentin Renzo Gostoli expose actuellement ses œuvres à l’Institut Cervantes de Rio de Janeiro, dans une exposition intitulée “Amérique latine si violemment douce”.
Le photographe argentin Renzo Gostoli a travaillé pendant 30 ans, d’abord au Mexique puis au Brésil depuis 1988, pour le compte des agences de presse AFP et Associated Press, au sein du service international. De 1978 à 1986, il a également été photographe officiel du Ballet National de Mexico. Entre 1984 et 1986, il a collaboré à la revue Educación du Ministère de l’éducation mexicain ainsi qu’à la revue Voices du Ministère des affaires étrangère, mexicain également. Il a également publié dans de nombreux livres et journaux tels que Clarín (Argentine), Toronto star (Canada), USAToday (États-Unis), El País (Espagne), Dagens Industri (Suède), Vanity Fair (États-Unis), Nippon Television Network (Japon), Schweizeir Familie (Suisse), Time (États-Unis)… Il a déjà présenté ses œuvres auparavant, notamment à Mexico, Buenos Aires, ou Rio de Janeiro. Depuis 2007, il fait partie de l’agence Austral Photo, qui publie dans de nombreux médias internationaux.
[image align= »center » img= »http://www.espaces-latinos.org/wp-content/uploads/Semi-estatua-libertad450x250.png » /] Une enfant passant à côté d’une réplique de la Statue de la Liberté de New-York, Iztpalapa, Mexico DF, Mexico, 1985. © Renzo Gostoli
Dans cette nouvelle exposition, au titre surprenant mais éloquent, “Amérique latine si violemment douce” [América latina tan violamente dulce], il met en lumière les contrastes et les particularités de la région latino-américaine à travers vingt photographies. Son intention est en effet de révéler la variété des situations qu’il a pu rencontrer au gré de ses voyages au Mexique, au Honduras, au Salvador, en Argentine, au Brésil et au Guatemala depuis 1979 jusqu’à aujourd’hui. L’oxymore présente dans le titre de l’exposition, puise ses racines dans la littérature. Renzo Gostoli s’est librement inspiré de l’esprit de l’œuvre de l’écrivain argentin Julio Cortázar, qui a réuni dans son livre Nicaragua tan violamente dulce une série de textes rassemblant chroniques, notes de voyage, articles journalistiques écrits à partir de voyages successifs au Nicaragua. Cortázar y décrit et commente non seulement les misères, mais aussi la douceur de vivre dans ce pays qui prétendait se libérer d’une dictature féroce et qui préparait un futur plus juste au travers de la révolution populaire.
[image align= »center » img= »http://www.espaces-latinos.org/wp-content/uploads/Surfers-de-trenes300x450.png » /] Des passagers voyageant illégalement sur un train de Rio de Janeiro, pratiquant le “surf de train”, Brésil, décembre 1988. © Renzo Gostoli
Parmi les œuvres composant l’exposition, on peut y retrouver une statue de la liberté surréaliste au Mexique, de jeunes hommes pratiquant le “surf de train” au Brésil, des proches de disparus en Argentine, ou encore un enfant masqué jouant dans les décombres d’un tremblement de terre au Mexique. Dans ses photographies, il réussit à conjuguer remarquablement la tendresse avec la violence, l’humour et le surréalisme, tous présents en Amérique latine.
[image align= »center » img= »http://www.espaces-latinos.org/wp-content/uploads/Presos-politicos-argentinos450x250.png » /] Des prisonniers politiques, libérés de la prison de Rawson dans les derniers jours de la dictature militaire, arrivent à Buenos Aires, décembre 1983. © Renzo Gostoli
Bien que le métier de photojournaliste soit amplement remis en question de nos jours avec l’apparition de nouvelles technologies facilitant la prise de vue, Renzo Gostoli saisi l’opportunité de contourner avec virtuosité, malice et intelligence les difficultés de son métier, afin d’en tirer un réel plaisir, et surtout de tisser un parallèle avec les sciences sociales. En effet, il est là pour nous rappeler que le photojournalisme est l’une des rares disciplines montrant l’inébranlable connexion, tantôt palpable, tantôt souterraine entre les sphères artistique et sociale.
[image align= »center » img= »http://www.espaces-latinos.org/wp-content/uploads/nino-jugando-en-ruinas450x250.png » /] Le jour suivant le tremblement de terre qui a dévasté México, entre les décombres et l’odeur de la mort, des secouristes essaient de sauver les victimes ; tout à coup apparaît un enfant masqué, il s’arrête un instant, fait un geste et reprend sa course, étranger à la tragédie, Mexico, septembre 1985. © Renzo Gostoli
Vaiana GOIN