Le vent chaud du Brésil souffle sur les salles de cinéma en cette fin d’été avec la sortie de Ventos de Agosto, une histoire d’influence de la nature sur ses habitants, une opposition entre monde urbain et monde rural. Retour sur ce premier film de Gabriel Mascaro.
Shirley a quitté la ville pour s’occuper de sa grand-mère dans un petit village calme du littoral dans la région du Nordeste au Brésil. Le mois d’août marque l’arrivée d’une découverte surprenante qui entraîne Shirley et son petit copain Jeison dans un questionnement sur la vie, la mort, la mémoire du vent et de la mer. Si vous voulez utiliser le coca-cola comme crème solaire, Ventos de Agosto vous en donne la recette. Comme il s’agit d’un premier film interprété par les gens du village (sauf le personnage de Shirley), le rythme du film est un peu lent et il faut se laisser bercer par la beauté des lieux.
“Il y a quelques années, raconte le réalisateur dans le dossier de presse, lors d’un voyage sur les côtes de Pernambuco, au Nordeste du Brésil, j’ai découvert de nombreuses maisons détruites par la montée des eaux. On a commencé à faire des recherches sur ces événements et comment en trente ans ces plages paradisiaques ont été partiellement détruites. On a découvert un cimetière englouti par la mer, ce qui m’a laissé une image très forte. Ce fut le départ de mon écriture du film. J’ai commencé à écrire à propos de l’abandon, la mémoire, la perte, les vagues, le soleil, le sel, et les ruines. Je sentais quand même que mon défi était de créer des images de quelque chose d’invisible : la force du vent. Cette apparente impossibilité a décuplé mon envie. J’ai découvert le documentaire du réalisateur Joris Ivens qui a fait son premier film sur le vent en 1965 “Le Mistral”. Dans son dernier film “Une histoire du vent”, Ivens avec ses cheveux gris y déclare que filmer l’impossible est la meilleure chose qui soit. Cela m’influença grandement et dans Ventos de Agosto j’ai incorporé un personnage qui joue un chercheur enregistrant méticuleusement les sons et réverbérations des vents de la zone intertropicale. (…) Je cumule plusieurs fonctions : réalisateur, scénariste, directeur photo, acteur. C’est une dynamique et un investissement personnel dans le film. On était une petite équipe, on doit savoir faire un peu de tout. On logeait à côté du tournage, on montait tous les jours après le tournage, pendant trois semaines sans s’arrêter, c’était un vrai défi de trouver l’équilibre entre la narration et les nouvelles possibilités de chaque journée. ” Les images sont très belles, en particulier celles où la mer envahie le petit cimetière. On sent que c’est un monde qui meurt, non pas envahi par la civilisation, mais par les éléments.
Alain LIATARD
À noter également, la sortie ce mercredi 26 du film Les Dollars des sables des réalisateurs Israel Cardenas et Laura Amelia Guzmán. Noeli, jeune dominicaine, se rend tous les après-midi sur les plages de Las Terrenas pour se prostituer. Parmi ses clients, Anne, une française d’âge mûr qui a trouvé dans l’île un refuge pour la fin de sa vie. Noeli se voit bien rentrer à Paris avec Anne. Pour Noeli, la relation, avec Anne est d’abord basée sur l’intérêt. Pour Anne, le commerce laisse vite la place aux sentiments qui deviennent de plus en plus ambigus au fur et à mesure qu’approche le moment du départ. Les Dollars des sables est une adaptation du roman du même nom écrit par le romancier français Jean-Noël Pancrazi, sorti en 2006 aux éditions Gallimard.