Le deuxième sommet Union Européenne-Communauté des États latino-américains et des Caraïbes (UE-CELAC) s’est tenu à Bruxelles, les 10 et 11 juin 2015, et a réuni les 28 États de l’Union européenne, et 33 États d’Amérique latine. L’enlisement économique européen contraste avec une situation économique bien meilleure, non seulement du Mexique et du Brésil, mais également de pays dits “intermédiaires”, comme le Pérou ou la Colombie.
Pour preuve, le mouvement migratoire entre les deux continents s’est progressivement inversé depuis 2008. L’Organisation Internationale des Migrations (OIM) estime qu’en 2012 181 166 européens ont émigré en Amérique Latine et dans les Caraïbes, contre 119 000 latino-américains qui ont migré vers l’Europe, soit environ 35% de moins. Les émigrants européens viennent, pour 85% d’entre eux, d’Espagne (22 fois plus qu’en 2008, début de la crise économique), mais aussi du Portugal, d’Italie, de France et d’Allemagne. Parmi eux il y a des latino- américains qui avaient migré en Europe, obtenu une double nationalité, et rentrent chez eux, mais ils sont loin d’être majoritaires. Les destinations principales sont le Brésil, l’Équateur, l’Argentine, la Bolivie et la Colombie.
Ce thème des migrations a été largement évoqué au cours du sommet, et l’UE et la CELAC se sont engagés à promouvoir et à renforcer la coopération technique et l’échange d’informations sur les flux et les politiques migratoires, à coopérer dans les domaines de la santé et de l’éducation, à lutter contre le trafic et la traite des personnes, et de façon globale à respecter les droits de tous les migrants.
L’Europe et l’Amérique Latine ont toujours eu une relation étroite, entre autres grâce à de nombreux échanges commerciaux : exportation de produits agricoles et de ressources naturelles vers l’Europe, importation de produits industriels de l’Europe et des États-Unis. Sans oublier les aides financières régulières (48 millions d’euros en 2014), et ponctuelles (Haïti).
La situation socioéconomique de l’Amérique latine a bien changé depuis 20 ans : la période “bénie” de forte croissance internationale, et l’arrivée de la consommation chinoise, ont permis à nombre de pays du continent sud-américain de réduire leur endettement et de gagner en indépendance économique. Leur croissance économique est stable et les positionne parmi les puissances commerciales internationales les plus influentes. Bien que l’Amérique Latine reste fortement inégalitaire au plan socio-économique, l’émergence de gouvernements de gauche (Venezuela, Bolivie, Brésil, Équateur, Argentine, Uruguay et Chili, par exemple) permet de réduire notablement les indices de pauvreté et d’exclusion sociale.
Actuellement l’Union Européenne n’est plus que le troisième partenaire commercial, après les États-Unis et la Chine. Mais L’UE a bien l’intention de maintenir sa présence et son “soft power”, au travers de la mise à jour, ou de la création, d’accords politiques, commerciaux, environnementaux et éthiques (respect des droits de l’Homme) avec les pays de CELAC et les pays fondateurs de Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay).
Une coopération multilatérale transatlantique est en effet nécessaire. Par exemple sous la forme d’une entente stratégique entre Brésil, Mexique, Allemagne, France et Italie, et des dialogues et des groupes de travail avec les pays “intermédiaires”, tout en maintenant l’aide au développement des pays les plus nécessiteux, comme la Bolivie et les États d’Amérique Centrale.
Ce sommet UE-CELAC, où sont représentés près d’un tiers des pays de l’ONU, et la moitié des participants au G20 peut être un lieu de débats sur les défis internationaux actuels, comme la crise financière, le changement climatique, ou le trafic de drogue, afin d’adopter des solutions de lutte communes. À noter, dans la déclaration de Bruxelles qui clôture le Sommet, que, sans être nommés, les États-Unis sont accusés de violation du droit international au Venezuela, pour les sanctions qu’ils appliquent, et que la fin effective de l’embargo contre Cuba est attendue au plus vite. Enfin, en marge du Sommet UE-CELAC, l’UE a signé un accord supprimant l’obligation de visa pour les courts séjours des ressortissants péruviens et colombiens dans l’espace Schengen.
Catherine TRAULLÉ