Semaine de l’Amérique latine en France… et un jour de la France en Amérique latine ?

Du 26 mai au 7 juin dernier s’est tenue pour la deuxième fois la semaine de l’Amérique latine en France lancée d’abord, en 2012, par le Sénat mais réactivée depuis l’an dernier par le gouvernement français. Lors de son discours, le président François Hollande a salué l’idée d‘“une semaine que nous aurions envie de prolonger pendant les 51 autres. Mais nous voulons aussi – et nous y sommes prêts – que chacun de vos pays puisse consacrer une semaine à la France et, pour commencer, un jour, un jour et une nuit. Nous en serions très heureux”  Voici l’intégralité du discours de François Hollande.

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Monsieur le président du Costa Rica, vous nous faites grand honneur de participer aujourd’hui à cette cérémonie à l’occasion de la Semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes. Je salue aussi les ministres qui sont présents, ministres français et ministres du continent latino-américain et des Caraïbes. Je salue les parlementaires, les ambassadeurs et les nombreuses personnalités qui aiment l’Amérique latine lorsqu’elles sont françaises et aiment la France quand elles sont latino-américaines…

Je me réjouis qu’il y ait cette année, pour cette Semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes, davantage de représentants des pays latino-américains et caribéens mais aussi de responsables d’organisations internationales et d’instances multilatérales. Je mets cela sur le compte de la qualité de notre relation mais aussi de votre mobilisation pour la Conférence sur le climat que nous allons accueillir à la fin de l’année. Laurent Fabius en a la charge et cela doit être une mobilisation de chaque jour. Je sais aussi qu’il y a de nombreux dirigeants d’entreprises, des scientifiques, des universitaires, des artistes, des écrivains, des personnalités qui ont de multiples talents et qui veulent les mettre en partage entre la France et le continent latino-américain.

Cette Semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes est particulièrement impressionnante quand je regarde l’ensemble des activités programmées. Du 26 mai au 7 juin, pas moins de 150 manifestations sont prévues. Des initiatives culturelles de toutes sortes. Je ne peux pas participer à toutes. Je tiens ici à vous en présenter mes excuses. Je n’étais pas au concert de tambours des Caraïbes, pas non plus au Festival du Cinéma colombien et je le regrette. J’aurais voulu être au déjeuner gastronomique péruvien, je n’ai pas pu m’y rendre. J’aurais voulu aussi être dans les rues de Paris pour la balade latino-américaine. Il y a également un colloque sur le Mexique et le Brésil à Marseille, une résidence artistique chilienne à Rennes, des rencontres littéraires autour de l’Argentine à Lyon, de la poésie des Amériques à Toulouse. Outre les arts, la philosophie, la justice, l’histoire, les sciences exactes, la recherche, l’économie ont été parmi les disciplines qui ont marqué cette semaine.

Notre pays porte un fort intérêt à l’Amérique latine et aux Caraïbes. Un intérêt qui puise loin dans l’histoire entre la France et votre région et qui est renforcé par des échanges nombreux sur les plan économique, universitaire et scientifique – nous y travaillons – mais aussi sur le plan politique – nous le voulons –. La France veut en effet être un partenaire privilégié de l’Amérique latine et des Caraïbes. Nous nous y sommes pleinement investis.

Pour ma part, je me suis rendu déjà au Brésil et au Mexique. Je rentre d’un voyage dans la Caraïbe à la fois dans les collectivités françaises des Antilles mais aussi à Cuba et en Haïti. J’ai pu organiser avec les dirigeants caribéens un Sommet sur le climat en Martinique, qui a été particulièrement intense, grave. Nous avons lancé un appel, l’appel de Fort-de-France, parce que beaucoup des îles des Caraïbes sont directement menacées par le réchauffement climatique. J’ai également participé à l’inauguration du Mémorial ACTe à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, et je sais que les discours qui y ont été prononcés ont eu une grande portée, au-delà même de la zone Caraïbe.

Je recevrai demain le Président du Costa Rica et, dans quelques jours, la Présidente Bachelet du Chili. Je serai présent le 10 juin à Bruxelles pour un Sommet très important entre l’Union européenne et la CELAC, la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes. Nous y aborderons les dossiers d’intérêt commun. Dossiers commerciaux, dossiers culturels, dossiers énergétiques. La question du climat sera forcément présente. J’accueillerai le Président mexicain en visite d’Etat le 14 juillet. Nous l’avons voulu parce que c’est un symbole. Je recevrai les Présidents bolivien et uruguayen à la fin de l’année. J’effectuerai un nouveau déplacement en Amérique latine début 2016.

Pendant ce temps, le Premier ministre, Manuel Valls, se rendra fin juin en Colombie et en Équateur dont j’ai reçu les Présidents à Paris récemment. Le Ministre des Affaires étrangères, lui, va partout et est donc toujours en Amérique latine. Quand il ne peut pas se déplacer, ce sont la Ministre de l’Education nationale ou le Secrétaire d’Etat en charge du Commerce extérieur et du Tourisme qui le font.

Je sais aussi que Jean-Pierre Bel – que vous connaissez tous –, qui a été Président du Sénat et qui est aujourd’hui auprès de moi comme Envoyé personnel, est votre Ambassadeur en France, en plus – je ne veux faire de tort à personne – de tous les autres ambassadeurs qui ont été nommés par vos gouvernements.

Notre proximité est due à l’histoire mais également à la géographie. C’est peu connu, y compris de mes compatriotes, la France, à travers ses collectivités des Antilles mais aussi la Guyane, fait partie de l’Amérique. Nous avons une longue frontière. La plus longue frontière de la France est en effet avec le Brésil et le Suriname. Je ne dis pas cela pour minimiser la relation forte que nous avons avec nos amis allemands ou espagnols mais c’est ainsi.

Nous voulons aussi que la France fasse pleinement partie du continent latino-américain parce que nous portons des valeurs communes : valeurs d’indépendance, d’émancipation, de culture, de diversité, d’exception également pour nos langues que nous voulons offrir au monde. Nous voulons également que les défis de la planète, en particulier celui du réchauffement climatique, soient abordés ensemble.

Je reviens à la conférence internationale de Paris fin décembre, si importante pour nous tous. Je veux d’abord remercier les autorités du Pérou parce que des avancées significatives ont été réalisées à la conférence de Lima. C’est ce qui nous permet aujourd’hui d’avancer pour obtenir à Paris un accord général, contraignant et différencié. Nous aurons à vérifier que les financements nécessaires sont bien réunis pour assurer des transitions sans heurts pour les sociétés et les économies et pour permettre aux pays émergents d’être pleinement associés à la réussite de ce processus. C’est pourquoi l’Amérique latine aura à dire plus que son mot ; c’est avec elle que nous voulons conclure cet accord.

J’ai évoqué nos relations économiques. Nous sommes fiers, nous Français, d’être le premier investisseur européen en Amérique latine et nous voulons qu’il y ait aussi davantage d’investissements latino-américains en France. Notre commerce extérieur avec l’Amérique latine et les Caraïbes est significatif mais pas suffisant ; nous voulons donc travailler davantage avec vos industriels, avec vos villes, vos collectivités. Nous voulons partager nos technologies, favoriser le développement durable, permettre un meilleur accès à la santé. Nous y sommes prêts. Nos entreprises se mobilisent à cet effet pour vous accompagner.

Je veux terminer par les échanges humains car ce sont eux qui fondent une relation. Échanges intellectuels d’abord. Nous avons, en France, des lieux d’excellence que nous partageons avec vous. Je pense à l’Institut des Hautes Études d’Amérique Latine, l’IHEAL, qui a célébré son 60e anniversaire et accueille 40 % d’étudiants venant d’Amérique latine. Ses professeurs également viennent d’Amérique latine. Nous avons là un exemple de coopération de haut niveau.

Il y a aussi l’Institut des Amériques créé en 2007, qui met en réseau plus de 60 universités et établissements de recherche. Je sais aussi l’intérêt que porte la Conférence des Présidents d’Universités (CPU) pour nouer des partenariats avec les universités et les établissements d’enseignement supérieur latino-américains et caribéens. Nos centres de recherche – CNRS, IRD, CIRAD, Institut Pasteur et j’en oublie – ont développé également des liens avec les vôtres. Là encore, c’est un réseau que nous voulons constituer avec vous. Je pourrais citer aussi les centres de recherche en sciences humaines. Je ne pourrai pas être exhaustif, je préfère m’arrêter là.

La France est fière également d’accueillir 20 000 étudiants latino-américains. Ils nous ont apporté leurs savoirs, leurs connaissances, leurs talents. Il y a peu, ici, dans cette même salle, je remettais la Légion d’honneur à un grand mathématicien venu du Brésil. Il est peut-être parmi nous ce soir. Il a pris la nationalité française, tout en gardant la nationalité brésilienne, et veut se mettre au service de nos deux continents pour offrir ce que la science peut porter de mieux. Je pourrais multiplier les exemples.

Nous souhaitons qu’il y ait plus de Latino-Américains et de Caribéens qui parlent le français. Et il y aura, grâce à la réforme du collège, plus de jeunes Français qui apprendront l’espagnol et qui apprendront l’allemand et l’anglais aussi. Nous souhaitons renforcer les échanges linguistiques parce que les langues sont très importantes pour nous. Je veux souligner, à cet égard, le travail mené par l’AEFE et le réseau des Alliances françaises : 140 000 élèves, partout en Amérique latine, parlent le français. De nombreux instituts culturels et centres culturels développent aussi les arts plastiques, le cinéma. Le Festival de Cannes a accueilli une fois encore de nombreuses œuvres venus de votre région. Nous sommes toujours heureux d’accueillir les talents étrangers parce qu’il n’y a pas de frontières dès qu’il y a du talent.

Voilà, Monsieur le Président de la République, Mesdames et Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs, la signification que je voulais donner à cette Semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes. Une semaine où les relations entre la France et votre continent sont portées à leur niveau d’excellence. Une semaine où nous multiplions les initiatives. Une semaine que nous nous aurions envie de prolonger pendant les 51 autres. Mais nous voulons aussi – et nous y sommes prêts – que chacun de vos pays puisse consacrer une semaine à la France et, pour commencer, un jour, un jour et une nuit. Nous en serions très heureux. Vive l’Amérique latine et vive la France !

Primavera Latina à l’Élysée

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Notre publication est accréditée auprès du service de presse depuis longue date et chaque fois qu’un événement important a lieu, nous recevons les communiqués des services de presse de la Présidence de la République et parfois nous accréditons nos collaborateurs pour un suivi particulier. Mais cette fois-ci, au lendemain de la fin de Primavera Latina au musée des Confluences de Lyon, nous avons été contactés, d’abord par le service du protocole du quai d’Orsay et puis par le service du protocole de la présidence. Ils nous demandaient les contacts des invités de la première édition de Primavera Latina, qui s’est tenue avec succès le 26 et 27 mai dernier dans le cadre de la semaine de l’Amérique latine en France. Nous avons ainsi contribué à élargir la présence d’acteurs culturels dans le dialogue entre la France et les pays d’Amérique latine, ce qui constitue l’objectif principal de toutes nos activités. Bravo pour nous. J. E.