Quelle est la vision des auteurs aux questions qu’ils (se) posent dans leurs propres romans ? Dans quelle mesure le moi est en jeu dans la fiction ? Voici quelques questions à partir desquelles des écrivains latino-américains et français dialogueront à la Maison de l’Amérique latine lors de ces prochains mois. Mercredi prochain, le 29 avril, à 17h, ce sera l’écrivain argentin Rodrigo Fresán qui se prêtera à l’exercice de ces « conversations fictives », accompagné de Martin Page.
Dans l’exercice de création, il n’est pas toujours évident d’établir une claire distinction entre fiction et réalité, le vécu de l’imaginaire. De Guy de Maupassant qui prônait l’exagération de la vraisemblance, à Julio Cortázar pour qui jouer avec l’imaginaire le rendait réel, les écrivains se questionnent et jouent avec les possibilités de cet entrelacement constant entre le vécu et l’imaginaire. Le festival des « conversations fictives », qui propose des rencontres sur la littérature ibéro-américaine, se tiendra à Paris du 24 mars au 2 juillet. Il a entre autres comme but de confronter les points de vue d’écrivains latino-américains et français sur la narration contemporaine actuelle, au travers de dialogues intitulés « le moi en Jeu ».
Rodrigo Fresán et Martin Page aborderont ces questions, autour du thème de la « présence et absence de l’auteur dans sa propre fiction ». Martin Page, né en 1975, est l’auteur, entre autres, de Peut-être une histoire d’amour et, dernièrement, de L’Apiculture selon Samuel Beckett. Il écrit également pour la jeunesse. Rodrigo Fresán est né en 1963 à Buenos Aires, et vit à présent à Barcelone, où il dirige une collection de romans noirs. Il a connu la notoriété grâce à son premier roman, L’homme au bord extérieur (Historia argentina), publié en 1991 (republié en France en 2011 sous le titre de Histoire argentine). Les Jardins de Kensington (2003) et Mantra (2001) contribueront à le faire reconnaître comme un auteur talentueux, transgressif et joueur, n’hésitant pas à perdre le lecteur dans les époques et les espaces. Nourri de littérature anglo-saxonne, il s’est consacré à la traduction d’œuvres, notamment celles de la romancière étasunienne Carson Mc Cullers. Fresán s’inspire autant de la culture pop (dans Jardins de Kensington, les Kinks côtoient J.M. Barrie, l’auteur de Peter Pan) que de la science-fiction (sous l’influence des œuvres de Philippe K. Dick et de Stanley Kubrick).
Laurène LE GALL