29 novembre – MEXIQUE – Un juge fédéral a libéré les onze personnes arrêtées lors des troubles du Zócalo après la marche du 20 novembre en mémoire des étudiants d’Ayotzinapa. Le magistrat a estimé que le Procureur général (PGR) n’a pas fourni de preuves suffisantes pour étayer les allégations de complot, d’émeute et de tentative d’assassinat portées contre les huit hommes et les trois femmes arrêtés. Le tribunal a également notifié sa décision au consul du Chili, qui avait été proche de l’affaire après l’arrestation de Laurence Maxwell, un citoyen chilien qui vit au Mexique pour un doctorat en littérature à l’Université nationale.
30 novembre – COLOMBIE – Deux semaines après sa capture, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) ont relâché le général Rubén Alzate. Une mission humanitaire a récupéré l’officier supérieur, ainsi qu’un caporal et une conseillère de l’armée, enlevés dans la province du Chocó, sur la côte Pacifique. Ce dénouement » contribue à retrouver le climat propice pour continuer les négociations » de paix, s’est félicité le président colombien, Juan Manuel Santos, qui exigeait ces libérations pour renouer les pourparlers avec la guérilla, à Cuba.
30 novembre – BRÉSIL – Un nouveau scandale concerne le financement des formations politiques du pays : la corruption. Le parquet général de la République vient d’inculper et de faire incarcérer une quinzaine de patrons et hauts cadres appartenant au secteur des BTP et, pour deux d’entre eux, de la compagnie pétrolière nationale, Petrobras, une entreprise contrôlée par l’État fédéral. On les accuse d’avoir formé un cartel destiné à se partager les marchés publics, à surfacturer Petrobras, l’une des premières sociétés mondiales dans les hydrocarbures, et à reverser des commissions aux principaux partis, dont le PT, afin de financer les campagnes électorales La justice soupçonne des entreprises d’avoir détourné 3 milliards d’euros en dix ans. Une centaine de députés, sénateurs et gouverneurs pourraient être compromis par le scandale Petrobras-BTP, qui tétanise la majorité présidentielle et complique singulièrement les débuts du second mandat de Dilma Rousseff.
1 décembre – COLOMBIE – Le général libéré Rubén Darío Alzate par les FARC a annoncé sa retraite de l’armée. Il reconnaît qu’aucun des protocoles de sécurité n’avaient été appliqués dans une zone de conflit, ce qui a incité à son enlèvement. Il dit s’être rendu dans le département du Chocó, l’un des plus pauvres du pays, pour visiter le village de Las Mercedes, où il a été enlevé par les FARC. Il faisait avancer un projet pilote visant à apporter l’électricité à plus de 230 communautés. L’officier a reconnu qu’il a décidé d’y aller en civil et sans armes pour « construire la confiance » avec la communauté. « Je dois admettre que mon empressement à servir et aimer ce village du Chocó, m’a poussé à ne pas appliquer les procédures de sécurité recommandées« , a-t-il déclaré visiblement ébranlé.
2 décembre – PÉROU – La ville de Lima a déjà commencé à être le cœur de l’environnement du monde. Des milliers de personnes se réuniront au cours des 12 prochains jours dans la capitale péruvienne avec l’idée que le temps de parvenir à un accord mondial pour lutter contre le changement climatique est épuisé. Mariana Panuncio, directrice de changement climatique WWF en Amérique latine, explique l’importance de l’appel COP20, vingtième Conférence des Parties organisée par l’ONU, en prévision de l’accord final qui doit être conclu à Paris l’année prochaine.
2 décembre – ONU – Depuis janvier 2011 l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’homme a documenté 106 cas de harcèlement contre 282 personnes du droit à la terre et 19 ONG à travers le monde. Seulement au Mexique, entre 2009 et 2012, le Centre mexicain du droit de l’environnement (CEMDA) rassemble plus de 50 attaques, y compris des meurtres, dans 17 États. La plupart ont été liées à des projets miniers (15) et forestiers (15), mais aussi des projets de tourisme (3) immobilier (2), hydraulique (7) et de l’infrastructure pour le trafic (5). 95% des attaques contre les défenseurs du droit à la terre restent impunies.
2 décembre – COSTA RICA – Les zones les plus peuplées du centre du Costa Rica sont devenus au cours des trois derniers mois un champ de bataille où les bandes de narcotrafiquants se battent pour le pouvoir. La violence a suscité toutes les craintes de la population dans un pays sans armée. Les autorités policières admettent l’augmentation des meurtres, saupoudrés de quelques hauts degrés de cruauté : vers le milieu de novembre étaient enregistrés officiellement 375 homicides, un chiffre qui menace de dépasser celui de 2013, macabre, avec 411. Le Costa Rica avait réussi à stabiliser ces deux dernières années le taux d’homicides de moins de neuf pour 100.000 habitants, mais la spirale actuelle tend à dépasser ces chiffres toutefois inférieurs à ceux dont souffrent des pays comme le Guatemala, le Salvador et le Honduras.
2 décembre – MEXIQUE – Le cancer est maintenant la troisième cause de décès au Mexique et selon le Ministère de la Santé du pays, chaque année 128 000 nouveaux cas sont détectés. Les statistiques nationales montrent que chez les hommes adultes le cancer le plus récurrent est celui qui affecte les organes digestifs (23,9%), suivis par les tumeurs des organes génitaux, essentiellement de la prostate (12,2%) et des organes hématopoïétiques (moelle osseuse, la rate et le thymus, 9,8%); chez les femmes le plus commun est le cancer du sein (29,6%), suivi par le col et de l’utérus (16,7%) et des organes digestifs (14,3%). Les chiffres de létalité, cependant, ne sont pas corrélés à l’incident.
3 décembre – COLOMBIE – Le gouvernement colombien et les FARC ont décidé de reprendre les pourparlers de paix à Cuba, suspendus 17 jours après la crise déclenchée par l’enlèvement du général Rubén Darío Alzate et deux accompagnateurs par un groupe armé des FARC. Dans une déclaration conjointe, les parties ont convenu que la prochaine phase de négociations aura lieu entre les 10 et 17 décembre, où la priorité sera d’avancer sur la façon de réduire l’intensité du conflit armé. Bien qu’une des règles de ce processus de paix soit qu’elle est négociée au milieu du conflit, les deux parties ont convenu qu’il est temps de passer à la désescalade des actions offensives comme un geste de paix. « Le but est de faire avancer la question de la désescalade du conflit afin de parvenir à un accord dès que possible sur cette affaire« , a indiqué le communiqué.
3 décembre – URUGUAY – De nombreux Uruguayens ont ces jours-ci le sentiment étrange d’être de retour en 2005. Le président élu, Tabaré Vázquez, a annoncé un nouveau cabinet dans lequel 9 sur 13 ministres l’ont accompagné dans son premier mandat, lorsque le Frente Ámplio est devenu la première formation de gauche à accéder au pouvoir en Uruguay. Ils ont un âge moyen de plus de 60 ans. Ils avaient entrepris à l’époque d’importantes réformes structurelles et sociales. Ainsi, la priorité sera la modernisation des infrastructures, la réforme de l’éducation et de la mise en œuvre d’un réseau de politiques de soutien à l’incorporation du travail des femmes, des handicapés et des personnes âgées.
3 décembre – AMÉRIQUE LATINE – Transparency International a publié la liste des pays qui sont perçus comme les plus corrompus des 175 pays analysés. Les notes attribuées vont de 0 (très corrompu) à 100 (très clair). Les 20 pays d’Amérique latine se classent entre la 21e position et la 161e. Voici ce classement : Chili [ 21e, 73 points], Uruguay [ 21e, 73 points], Porto Rico [ 31e, 63 points], Costa Rica [ 47e, 54 points], Cuba [ 63e, 46 points], AL [ moyenne, 45 points], Brésil [ 69e, 43 points], Salvador [ 80e, 39 points], Pérou [ 85e, 38 points], Colombie [ 94e, 37 points], Panama [ 94e, 37 points], Bolivie [ 103e, 35 points], Mexique [ 103e, 35 points], Argentine [ 104e, 34 points], Equateur [ 110e, 33 points], Guatemala [ 115e, 32 points], République dominicaine [ 115e, 32 points], Honduras [ 126e, 29 points], Nicaragua [ 133e, 28 points], Paraguay [ 150e, 24 points], Venezuela [ 161e, 19 points].
3 décembre – AMAZONIE – L’Amazonie est l’un des facteurs clés qui régissent le climat de la région et est gravement menacée par les activités humaines. Sans la forêt amazonienne, la pluie ne tomberait plus à Buenos Aires. En effet, vous pourriez être surpris d’apprendre que les 19% de la pluie qui tombe chaque année dans le bassin de La Plata ont leur origine dans l’humidité générée par la forêt amazonienne et éjectée vers le sud. En un demi-siècle elle a été déboisée de près de 20% (probablement plus d’un million de kilomètres carrés de forêt, affectant aussi des rivières et d’autres écosystèmes) : seulement au Brésil on a coupé 2 000 arbres par minute pendant 40 ans. Aujourd’hui, des milliers de fonctionnaires de près de 200 pays négocient un nouvel accord pour mettre les freins sur le changement climatique et d’obtenir la volonté politique nécessaire.
4 décembre – PANAMA – Le ministère des Affaires étrangères du Panama a livré un premier paquet d’invitations à Cuba, au Mexique, à l’Argentine, à l’Équateur, au Salvador, à la République dominicaine, au Honduras, au Paraguay, au Costa Rica, à la Bolivie et au Guatemala pour leurs chefs d’État et de Gouvernement pour assister au VIIe Sommet les Amériques, qui se tiendra en avril 2015. Le Ministère a indiqué que « dans les prochains jours le reste des invitations seront formalisées », par la signature du président du Panama Juan Carlos Varela qui affirme que « nous vous assurons que pour le peuple et le Gouvernement de la République du Panama, la présence de tous les dirigeants du continent américain dans cet important conclave hémisphérique serait un honneur et une garantie de succès« . Depuis la création en 1994 des Sommets des Amériques, ce forum politique de dimension continentale, c’est la première fois que Cuba sera invité après son exclusion en 1962 de l’Organisation des États américains (OEA).
4 décembre – MEXIQUE – La Ville de Pomona, une ville de l’est de Los Angeles avec 70% de Latinos a voté à l’unanimité une résolution appelant à une enquête internationale sur les disparitions des 43 élèves-maîtres d’Ayotzinapa. Des manifestants sont descendus dans les rues de 43 villes dans des petites manifestations organisées via Internet. A Los Angeles, malgré la pluie, une centaine de personnes se sont rassemblées devant les bureaux du gouvernement fédéral, dans le centre de la ville, où les cris de « Vivants ils les ont pris, vivants nous les voulons » ont été entendus ; ils ont accusé le gouvernement mexicain d’être responsable du massacre.
5 décembre – UNASUR – L’Union des nations sud-américaines (Unasur), fondée en 2008, a ouvert son siège permanent dans la capitale équatorienne, Quito. L’Unasur rassemble 12 pays – Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Équateur, Guyana, Paraguay, Pérou, Surinam, Uruguay et Venezuela – et son secrétaire général est l’ancien président colombien Ernesto Samper.
6 décembre – MEXIQUE – Les experts argentins ont identifié l’un des 43 professeurs stagiaires dans les restes trouvés dans une rivière et une décharge de Cocula (État de Guerrero), le lieu où les tueurs à gages ont déclaré avoir assassiné et incinéré les garçons. L’annonce a été faite dans des réseaux sociaux de l’école d’enseignants ruraux où étudiaient les jeunes et plus tard les faits ont été confirmés par Felipe de la Cruz, le porte-parole des parents. Les restes du corps appartenaient à Alexander Mora Venancio [photo], âgé de 19 ans. L’identification des restes, en théorie, devait durer deux mois. Les autorités mexicaines ont envoyé leurs découvertes à un laboratoire à Innsbruck, en Autriche. Ce centre est spécialisé dans les tests médico-légaux d’ADN, avec obligation de donner une réponse dans les 60 jours.
7 décembre – URUGUAY – Six détenus de la base américaine de Guantanamo, à Cuba, sont arrivés en Uruguay à bord d’un avion sanitaire. Les détenus considérés comme représentant un risque faible restent hospitalisés à Montevideo. Le plus grand transfert de prisonniers de la base cubaine depuis 2009 et la première en Amérique du Sud survient plusieurs mois de retard après que le président de l’Uruguay, José Mujica, ait annoncé qu’il attendrait l’issue des élections et l’approbation du président nouvellement élu pour effectuer l’opération. Le nouveau président Tabaré Vàsquez a donné le feu vert alors que l’opposition de centre-droit était contre. L’ancien président José Mujica a averti à la télévision publique uruguayenne que les six hommes ont le statut de réfugié.
7 décembre – CUBA – Pour la première fois Cuba a accrédité un journal indépendant dans un acte officiel. Le Festival International du Nouveau Cinéma latino-américain, à La Havane, a admis le journal numérique 14ymedio.com, fondé et dirigé par la bloggeuse Yoani Sánchez. Pour la presse indépendante cubaine naissante, c’est une victoire modeste dans sa lutte pour le droit d’exister dans l’île, où tous les média appartiennent à l’État. Depuis sa création, le 21 mai de cette année, le journal numérique 14ymedio.com, installé au 14e étage d’un bâtiment de La Havane, était officiellement illégal et plusieurs de ses collaborateurs ont été intimidés par la Sécurité de l’État.
Guy MANSUY