23 novembre – MEXIQUE – La crise déclenchée par l’affaire Iguala a dépassé les frontières du Mexique. Jour après jour, de l’intérieur et de l’extérieur du pays de vives critiques sont exprimées sur la mort tragique des 43 étudiants contre l’État mexicain et son président. Dans ce contexte, le président de l’Uruguay, José Mujica, connu pour son franc-parler, a dû retirer ses accusations de « État défaillant » pour le cas Iguala après que le gouvernement mexicain a convoqué l’ambassadeur de l’Uruguay. Une autre source de friction extérieure à propos d’Iguala vient du Chili, où est ouvert le débat en raison de l’arrestation au Mexique d’un citoyen chilien après les émeutes à la fin de la manifestation du 20 novembre. Quoi qu’il en soit : « Le Mexique est écœuré et indigné par les atrocités et barbaries que montrent Iguala » comme le déclare Luis Raúl González Pérez, le nouveau président de la Comisión Nacional de Derechos Humanos.
24 novembre – AMÉRIQUE LATINE – La violence et la criminalité constituent les principaux facteurs de déstabilisation des démocraties en Amérique latine du fait de la méfiance envers les institutions parmi les citoyens. C’est l’une des principales conclusions du Baromètre des Amériques de 2014, élaboré dans 28 pays par le Projet de l’Opinion Publique latino-américaine de l’Université Vanderbilt. Ce rapport dont les premières données ont été présentées à New York, considère que la persistance du crime et de la violence en Amérique latine et les Caraïbes conduisent à des « démocraties en risque » dans lesquelles gagnent du terrain la centralisation du pouvoir et, dans les cas les plus extrêmes, les solutions populistes, illégales ou violentes, comme les groupes paramilitaires, les patrouilles de citoyens ou la complaisance avec les lynchages publics. L’Amérique latine et les Caraïbes ont le taux d’assassinat le plus élevé du monde : 23 meurtres par 100 000 habitants en 2012, selon les données des Nations Unies.
25 novembre – COLOMBIE – Deux des cinq Colombiens enlevés ont été libérés comme promis par les FARC pour reprendre les pourparlers de paix suspendus. Le communiqué de presse fait partie de l’accord conclu entre le gouvernement et les FARC pour surmonter la crise, mais le retour à la liberté du général Rubén Darío Alzate et ses deux compagnons de captivité est en cours et sa rétention est entourée de toutes sortes de questions : habillés en civil et sans armes dans une zone de la jungle où la guérilla est présence. Le plus haut dirigeant des FARC, Timoleón Jiménez, alias Timochenko, a également intensifié ses critiques à Santos pour avoir suspendu les négociations, une décision prise par le président après une réunion avec les dirigeants militaires par une lettre publiée la veille. Pour l’instant, Santos n’a pas répondu à Timochenko, les familles des soldats libérés fêtent leur retour, le pays attend toujours que les FARC libèrent le général Rubén Darío Alzate et le processus de paix reste suspendu.
25 novembre – VENEZUELA – Un groupe du Club de Madrid, une organisation de 92 anciens dirigeants latino-américains et européens a déposé une plainte contre le gouvernement vénézuélien dans lequel l’opposition exige la liberation de Leopoldo López, emprisonné au Venezuela depuis février. Le texte, signé par trente anciens chefs d’États et de gouvernement, a déclaré que l’arrestation de Leopoldo López est « arbitraire » et vise à « limiter ses droits politiques comme la liberté d’expression. » Il ajoute également que l’exécutif de Nicolás Maduro a refusé à Leopoldo López, représentant la volonté populaire et membre éminent de l’opposition Table de l’unité (MUD), le droit à un «procès équitable» et conclut que le processus a violé la Déclaration universelle des droits de l’homme et le Pacte des droits civils et international. La déclaration est signée par, entre autres, les anciens présidents Oscar Arias Sánchez (Costa Rica), Fernando Henrique Cardoso (Brésil), Ricardo Lagos (Chili), Alejandro Toledo (Pérou), Luis Alberto Lacalle (Uruguay), Jorge Quiroga (Bolivie) Andrés Pastrana (Colombie) et Osvaldo Hurtado (Équateur) et datée de Florence (Italie).
25 novembre – BOLIVIE – La Bolivie a déposé une plainte contre le Chili à la Cour internationale de Justice à La Haye, demandant au tribunal de contraindre le Chili à négocier et finalement d’accorder un débouché sur la mer. La sortie souveraine à travers le territoire chilien demandée par la Bolivie implique nécessairement de renoncer au traité de paix et d’amitié de 1904, qui a établi la frontière entre le Chili et la Bolivie.
25 novembre – SALVADOR – Massacre de huit membres d’une famille lors d’une fête. Selon la police c’est le pire assassinat de masse enregistré en 2014. Un groupe de gangsters a fait irruption dans une fête de famille de huit participants et les ont assassinés. Parmi les tués, une femme, la maîtresse de maison, habitait dans une petite communauté rurale dans le département de l’ouest de Sonsonate. L’attaque s’est produite alors que les huit participants célébraient le diplôme d’études secondaires d’une jeune fille de quinze ans, a indiqué la police.
25 novembre – MEXIQUE – Deux fois candidat malheureux à la présidence du Mexique, Cuauhtémoc Cárdenas a démissionné du Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche), qu’il avait fondé il y a vingt-cinq ans. Il a invoqué son désaccord sur les mesures à prendre pour « récupérer la crédibilité du parti « . Le maire d’Iguala, inculpé dans l’affaire des 43 étudiants disparus, ainsi que le gouverneur de l’État du Guerrero, infiltré par le crime organisé, étaient des élus PRD.
26 novembre – AMÉRIQUE LATINE – La région n’est pas celle qui produit le plus de gaz à effet de serre, mais elle est celle qui court le plus de risques climatiques. Ce n’est pas le fruit de producteurs d’Hollywood mais les projections scientifiques, qui parlent d’une Amérique latine beaucoup plus chaude si les émissions de gaz toxiques persistent. Les impacts sont sévères, selon le rapport Baissons la chaleur de la Banque mondiale.
26 novembre – VENEZUELA – Le Ministère des Services Pénitentiaires du Venezuela a confirmé ce qui s’ébruitait sur les réseaux sociaux depuis la nuit de lundi: l’intoxication de 145 prisonniers de la prison nationale d’Uribana en Barquisimeto, dans le centre ouest du Venezuela, et du décès de 13 d’entre eux en raison d’un cocktail nocif ingéré, composé d’un mélange de drogues et d’alcool. Il n’y a eu aucune explication officielle des motifs qui ont conduit au décès des détenus en état d’ébriété. Des versions non officielles évoquent que plusieurs d’entre eux voulaient attirer ainsi l’attention sur leurs souffrances en prison, dont la réouverture date de trois mois.
26 novembre – GUATEMALA – Condamné à 80 ans de prison en 2013, l’ancien dictateur du Guatemala le général Efraín Ríos Montt pour génocide et crimes contre l’humanité, la Cour constitutionnelle a annulé le verdict et ordonné un nouveau procès dont le début de la nouvelle procédure est prévu pour le 5 janvier 2015…. Si cette Cour ne change pas encore de position après ce nouveau procès d’un homme de 88 ans.
26 novembre – MEXIQUE – Le président Enrique Peña Nieto envisage de créer une commission spéciale et de nommer un procureur spécial, selon des sources du Congrès, pour tenter de clarifier la disparition de 43 élèves du Guerrero. Les autorités ont envoyé au Guerrero un contingent de 10 000 policiers pour interroger tous les maires de la région.
27 novembre – VENEZUELA – Le procureur vénézuélien a rappelé qu’il avait encore une affaire à résoudre. Il s’agit d’une conspiration présumée découverte en mai par de hauts responsables du gouvernement vénézuélien à partir d’une série de supposés courriers électroniques interceptés d’adversaires reconnus du gouvernement. La personne visée est la députée de l’opposition destituée María Corina Machado dont l’objectif supposé était d’assassiner le président Nicolás Maduro.
27 novembre – BRÉSIL – Edson Arantes do Nascimento, Pelé, le meilleur joueur brésilien de tous les temps et l’un des meilleurs au monde, a été admis à l’unité de soins intensifs de l’hôpital Albert Einstein à Sao Paulo. Le footballeur, âgé de74 ans, est entré à l’hôpital pour un contrôle de routine après la chirurgie du rein le 12 Novembre. Les médecins ont découvert une infection des voies urinaires. « Il a été transféré pour être contrôlé dans une unité de soins intensifs, où il pourra recevoir de meilleurs soins », a indiqué le communiqué du centre de santé sans donner plus de détails.
27 novembre – MEXIQUE – Le président Enrique Peña Nieto a fixé la lutte contre l’impunité son prochain grand objectif de mandat. Face à une nation indignée par la disparition des 43 professeurs stagiaires, avec des niveaux d’érosion politique inimaginables en à peine un an, le président a tenté de reprendre de l’élan avec un ensemble complet de réformes, y compris des changements constitutionnels profonds, destinés à mettre fin à l’inefficacité policière et judiciaire derrière laquelle on dissimule une grande partie de la violence qui déchire au pays. Il a admis que l’État a cédé la place au crime organisé et, comme 90% des Mexicains considèrent que la police est l’institution la plus corrompue, il a annoncé la prochaine dissolution des polices locales, accusées de collusion avec les cartels de la drogue.
27 novembre – BRÉSIL – En dévoilant l’équipe chargée de piloter l’économie brésilienne, en récession depuis deux trimestres et en nommant l’économiste Joaquim Levy, 53 ans, directeur à la banque Bradesco, ministre des finances, la présidente Dilma Rousseff donne des gages aux milieux d’affaires et prend le virage de l’austérité. Le quotidien Folha de Sao Paulo, qui salue son choix, décrit Joaquim Levy comme « accro au travail et sincère à la limite de la grossièreté » et « aussi buté que Dilma » Rousseff. Le caractère des deux n’est pas très différent. La question que se posent les observateurs est de savoir si leur collaboration sera marquée par l’entente ou par la confrontation. Sa nomination suscite néanmoins un tollé dans les rangs de la gauche de la coalition, y compris au sein du Parti des travailleurs de Lula et Dilma Rousseff.
27 novembre – SALVADOR – La Cour interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) a condamné le Salvador pour les disparitions forcées de cinq enfants, une femme et quatre hommes – entre 1980 et 1982 et avertit que de tels cas contre des mineurs n’étaient jamais des événements isolés mais, en toute impunité, ils ont répondu à un « modèle systématique étatique » exécuté lors les opérations de contre-insurrection. Le verdict montre les conséquences de la guerre au Salvador de 1980 à 1992, qui a causé plus de 80 000 morts et disparus, dans un des conflits de guerre les plus sanglants d’Amérique centrale.
30 novembre – URUGUAY – Le candidat de gauche du Frente Ámplio, Tabaré Vázquez, [photo] 74 ans, a remporté le second tour de l’élection présidentielle avec un score de 53,6% des voix contre 41,1% à son rival Luis Lacalle Pou, 41 ans, du Parti national, de centre-droit. Le candidat battu, une heure après la clôture du scrutin a félicité Tabaré Vázquez, le nouvel élu et a déclaré aux médias: « Les résultats sont observés, ils sont respectés et défendus. Nous ne sommes pas des partisans qui pensons que les majorités se trompent, les majorités dirigent ». Grand favori dès le début, Tabaré Vázquez n’a pas daigné débattre avec ses rivaux.
Guy MANSUY