Le dimanche 16 novembre dernier, à la surprise générale, les FARC (Forces armées révolutionnaires colombiennes) enlèvent le général Rubén Dario Alzate, l’avocate Gloria Urrego et le caporal Jorge Rodríguez dans le village de Las Mercedes, dans une région boisée du département du Chocó.
Cette action a lieu alors que Farc et gouvernement sont en pleine négociation pour mettre fin à 50 ans de guerre civile. Ces pourparlers sont, selon les deux Parties, bien avancés et plusieurs accords auraient déjà été conclus, en particulier sur la question de la propriété de la terre, la participation des membres des FARC dans des partis politiques et la lutte contre le narcotrafic. Cependant, malgré des appels à la trêve bilatérale demandée par les FARC, le gouvernement du président Juan Manuel Santos, poussé par sa droite, avait décrété que la guerre continuait. Les deux Parties avaient convenu que, quelle que soit la situation de guerre sur le terrain, les négociations continueraient. De fait, pendant la phase secrète pré-négociations, 16 chefs de colonnes des Farc et plusieurs de leurs membres ont d’ailleurs été tués mais les Farc ont continué à négocier. Pour les Farc, l’enlèvement du général n’est qu’une action de guerre de plus. Ils ne comprennent donc pas pourquoi le président Santos conditionne la libération du militaire à la continuation des pourparlers.
D’autant plus qu’il y a plusieurs mystères à éclaircir. Par exemple, pourquoi le général n’a-t-il pas suivi les protocoles de sécurité relatifs à un déplacement d’un haut gradé dans une zone reculée d’une région où existent des colonnes Farc ? Pourquoi y est-il allé sans escorte et habillé de civil ? Pourquoi a-t-il utilisé un bateau civil, lui qui ne se déplace normalement qu’en véhicules blindés ? Suite à l’intervention des pays garants, Cuba et la Norvège, les Farc ont accepté de libérer leurs trois prisonniers « très prochainement ». Le président Santos vient d’annoncer que le gouvernement et la Croix Rouge internationale ont déjà reçu les coordonnées de l’endroit où ils seront libérés. Mais les Farc « regrettent qu’il y a beaucoup d’activités militaires dans la zone, ce qui pourrait retarder la libération… »
Jac FORTON