Continuité des programmes sociaux ou retour du néolibéralisme, voilà l’enjeu de ce second tour. Le Brésil est déchiré en deux camps. D’un côté, le candidat Aécio Neves, chantre du retour au néolibéralisme, qui a le soutien des États riches du sud Brésil, des secteurs « blancs », des conservateurs, de la classe moyenne haute et des entreprises, sans oublier les quotidiens de la grande presse, tous aux mains de la droite ; de l’autre côté, Dilma Rousseff, qui œuvre pour la continuité du développement des programmes sociaux commencés par Lula en 2003, soutenue par les États pauvres du Nordeste, les classes défavorisées, les artisans, la classe moyenne nouvelle récemment sortie de la pauvreté et quelques secteurs de l’économie.
Les attaques de Neves contre le gouvernement visent une croissance molle (1 %), trop de dépenses publiques, trop d’État, une corruption galopante, une inflation incontrôlée. Rousseff rappelle que les programmes sociaux ont sorti plus de 30 millions de Brésiliens de la misère et permis une augmentation de la consommation interne, le maintien de l’emploi en période de crise, une politique internationale souveraine, les efforts faits sur l’éducation. Sa principale critique envers Neves est qu’il s’agit d’un retour au passé néolibéral. La meilleure preuve est qu’il a choisi pour ministre de l’Économie Arminio Fraga, lié à la banque JP Morgan et président de la Banque centrale durant le mandat de Fernando Cardoso qui soutient bien sûr sa candidature. En ce qui concerne l’inflation, l’analyste politique Emir Sader rappelle que « elle est de 6 %, la moitié de ce que Cardoso avait légué à Lula en 2003 ! »
Pour augmenter ses chances, Neves a courtisé Marina Silva, du parti socialiste, arrivée troisième au premier tour avec 20 millions de voix (21,5 %). Après de fébriles négociations et tel que nous le suggérions dans notre précédente chronique, Silva finit par soutenir Neves qui s’extasie : « Ceci est un moment historique… Nous construisons une alliance pour le pays, pour une politique d’efficacité dans la gestion publique, de la transformation réelle de la vie de ceux qui possèdent le moins… »
Les deux candidats s’affrontent en débats publics et télévisés. Rousseff : « Les seules propositions sociales que vous présentez sont la continuité de mes programmes« . Neves : « Votre gouvernement est celui de la corruption », oubliant peut-être un peu vite que la corruption est rampante au Brésil depuis des dizaines d’années ! Aécio Neves est nettement meilleur orateur que Dilma Rousseff mais frôle l’arrogance ce qui ravit ses partisans mais hérisse ceux de Rousseff. Le deuxième tour de ce 26 octobre sera vital pour le futur du Brésil : plans sociaux ou néolibéralisme. La parole est aux électeurs…
Jac FORTON