Le 38e Festival international du film d’animation d’Annecy (9-14 juin) a connu cette année encore une fréquentation en hausse. Passionnés, néophytes et professionnels du monde entier se sont réunis à Annecy pour célébrer l’animation, dans des réunions, conférences et projections devant des salles pleines. Au sein d’une programmation très riche, les jurys ont couronné des programmes éclectiques mêlant humour noir, émotion et sujets de sociétés.
L’animation brésilienne est à nouveau à l’honneur : après Rio 2096 : Uma história de amor e fúria, cristal du long métrage en 2013 (et présenté en clôture des Reflets de Villeurbanne en mars dernier), c’est Le Garçon et le Monde de Alê Abreuqui remporte l’adhésion non seulement du jury mais également du public. Souffrant de l’absence de son père, un petit garçon quitte son village et découvre un monde fantastique dominé par des animaux-machines et des êtres étranges. C’est l’illustration des problèmes du monde moderne vus par les yeux d’un enfant. La sortie en France est prévue pour octobre. “Dès l’étape de la sélection, la montée en puissance de l’animation brésilienne s’est confirmée. Le double sacre de O menino e o mundo / Le Garçon et le Monde (Cristal du long métrage et prix du public) envoie encore un signal fort de la vitalité de cette cinématographie”a déclaré Marcel Jean délégué artistique du Festival. Hors compétition on a pu voir aussi deux long métrages brésiliens, l’un Até que a Sbórnia nos separe de Otto Guerra et Ennio Torresan Jr montre que lorsque le mur qui séparait Sbórnia, un petit pays, du reste du monde, s’écroule accidentellement, un vent de modernité venu de la ville se met alors à souffler, et l’autre, Luz, anima, ação de Eduardo Calvetraconte l’histoire du cinéma d’animation au Brésil.
Le Cristal du court métrage est allé au film franco-coréen Man on the Chair de Dahee Jeong. Le film s’interroge sérieusement sur son existence alors que ce ne sont que des images dessinées par les mains de l’auteur. N’est-il pas une image dessinée par quelqu’un d’autre ? Un film mexicain était en compétition officielle : Pickman’s model de Pablo Ángeles connu aussi sous le nom de Hombre Zoo : un collectionneur cherche un dessin de son artiste favori.
C’est le grand cinéaste japonais Isao Takahata qui avait ouvert le festival avec la projection de son nouveau film Le Conte de la princesse Kaguya (sortie le 25 juin). À cette occasion, il a été récompensé par un Cristal d’honneur pour sa contribution au cinéma d’animation avec des films de référence comme Le Tombeau des lucioles (1988), Pompoko (1994) – prix du long métrage à Annecy 1995 ou Mes voisins les Yamada (1999).
Le Marché international du film d’animation (Mifa), qui s’est déroulé du 11 au 13 juin, confirme son statut de leader mondial et son rôle de plateforme d’échanges de référence de l’industrie de l’animation. Il a su séduire de nouveaux exposants, comme ceux venus de Malaisie, ou conforter la participation de pays tels que l’Argentine, le Brésil, le Chili, la Colombie, la République tchèque ou encore l’Afrique du Sud.
Il enregistre une fréquentation en hausse et un record s’agissant du nombre d’exposants (plus de 500 pour 60 pays).
Alain LIATARD