Du 8 avril au 20 juillet 2014, une exposition temporaire nommée “Indiens des plaines” s’installe au musée du quai Branly. Réalisée par Monsieur Gaylord Torrence, conservateur en chef des arts amérindiens du Musée Nelson-Atkins de Kansas City et professeur émérite des beaux-arts de l’Université de Drake de l’Iowa, l’exposition se concentre sur les Indiens des Grandes Plaines d’Amérique du Nord ; “ce vaste territoire qui s’étend du bassin du Mississipi aux Rocheuses de l’Ouest, et du Rio Grande dans le Texas du sud à la branche supérieure de la rivière Saskatchewan, dans le centre de l’Alberta.”
Avec l’ambition de mettre en avant les arts non occidentaux, le musée du quai Branly vise la reconnaissance des fortes traditions esthétiques des premières nations de ce continent. Si autrefois les coiffes et autres objets indiens étaient considérés comme des curiosités exotiques puis comme des objets ethnologiques, il a fallu attendre les années trente pour une approche qui reconnait la beauté, la puissance et la résonance spirituelle de ces objets. Pour Gaylord Torrence, “Tout au long du siècle dernier, en Amérique du Nord et au-delà, on a compris peu à peu que ces objets qui nous frappaient par leur beauté, leur expressivité et leur résonance spirituelle étaient empreints d’une force symbolique dans les cultures amérindiennes, de leurs origines à aujourd’hui”.
L’exposition est conçue de manière chronologique. Elle souligne la permanence de l’expression artistique et la continuité du style visuel des Indiens des plaines alors même que les premiers contacts avec les Européens, puis les Américains, allaient apporter à ce vaste territoire, de véritables changements politico-culturels. C’est ce qui fait la particularité de cette exposition. Composée de 140 chefs-d’œuvre sur divers supports et moyens d’expressions artistiques, elle permet aux visiteurs de voyager à travers une scénographie sobre et minimaliste, réalisée par l’agence Wilmotte et Associés évoquant l’univers des voyages lointains et la profondeur des grandes plaines. Pour la cohérence et la qualité du projet, des conseillers indiens et des représentants officiels de tribus ont été sollicités et ce qui a permis l’obtention des autorisations pour exposer certains objets culturellement sensibles.
L’exposition est composée, entre autre, d’extraits de films sélectionnés par Michel Ciment, critique et historien du cinéma qui souhaite montrer les stéréotypes sur les indiens que le cinéma hollywoodien a véhiculé comme “chasse au bison, calumet de la paix, négociation de traités, chefs indiens…”. Les tribus se nomment Cheyenne, Sioux, Blackfoot, Comanche ou encore Apaches Lipans, ces Indiens des plaines, de langue athapascane, localisés au Texas et repoussés au Mexique vers 1850. On découvre leurs univers à travers sept sections qui composent l’exposition :
– Section 1. Le renouveau artistique dans la vie contemporaine, 1965-2013
– Section 2. Communautés et diaspora, 1910-1965
– Section 3. Peuples anciens, Pré-contact
– Section 4. La vie dans les Grandes Plaines, 1700-1820
– Section 5. L’épanouissement d’une culture, 1820-1860
– Section 6. La mort du bison, 1860-1880
– Section 7. Dans les vestiges des terres ancestrales, 1880-1910
La troisième section nous parait particulièrement intéressante. Voici ce que le Musée nous en dit : “Dès 1540, les conquistadors espagnols, menés par Francisco de Coronado, explorent les territoires situés au nord du Rio Grande et s’installent dans l’actuel Nouveau-Mexique. Ils lancent des missions de reconnaissance jusqu’aux Plaines centrales et méridionales, où ils rencontrent des tribus sédentaires installées dans les vallées fluviales et des peuples nomades qui chassent le bison à pied. L’archéologie révèle qu’à l’arrivée des Européens, les peuples des Plaines font déjà partie de vastes circuits commerciaux”.
Les “Collections Amériques” au Musée du quai Branly
Cet intérêt pour les cultures d’Amérique n’est pas nouveau pour le musée du quai Branly qui possède 100 000 objets présentés sur le Plateau des Collections au travers d’une sélection de près de 900 pièces, avec un parcours organisé en deux parties, l’Amérique récente et actuelle d’une part et l’Amérique précolombienne d’autre part. La collection fait remonter les visiteurs au temps de l’Amérique “Du détroit de Béring à la Terre de Feu” avec entre autre la culture Mapuche du Chili puis au temps de “L’Amérique avant l’arrivée des Européens” en offrant un panorama des nombreuses cultures qui se sont succédé : celle des Caraïbes, de l’Amérique centrale, de la Mésoamérique et des Andes. La présentation de cette s séquence est chronologique (du plus récent au plus anciens) et elle emmène le visiteur au temps des cultures des Tainos des Grandes Antilles, des Aztèques du Mexique et des Incas du Pérou, ces civilisations qui subirent une confrontation directe avec les européens.
Le musée du quai Branly contribue à la reconnaissance de la richesse et de la puissance de ces cultures du passé. L’exposition “Indiens des plaines” partira ensuite au Nelson-Atkins Museum avant de rejoindre New York où elle sera accueillie au Metropolitan Museum of Art en mars 2015.
Sirine SASSI