Dimanche dernier, le Costa Rica a pris un nouveau tournant politique en élisant Luis Guillermo Solis, le premier président du Costa Rica n’étant pas issu du PLN (Parti de libération nationale) et du PUSC (Parti de l’unité sociale chrétienne), les partis de droite au pouvoir depuis les années soixante.
C’est avec 77,87 % des voix que le peuple costaricien a choisi Luis Guillermo Solis, candidat centriste du PAC – Parti d’action citoyenne – dimanche 6 avril dernier. L’universitaire de 55 ans a donc dépassé le million de voix. Il a reçu le nombre de 1 029 000 voix sur les 3,1 millions d’électeurs. Un nombre historique : “Nous avons le million et plus ! Merci beaucoup Costa Rica pour la tendresse et le soutien ! Merci beaucoup !”, s’est-il empressé de publier sur Twitter.
Le vainqueur de ces élections est, pour les Costariciens, un espoir de changement face aux deux derniers mandats consécutifs du PLN qui se sont avérés plutôt négatifs, marqués par la corruption, une dette publique de 70 % du PIB et un déficit fiscal d’environ 6 %. Pour ce petit pays, entre deux océans, soucieux de l’écologie et plutôt stable (outre la corruption), un renouveau est possible. Le futur président s’est engagé à relancer cette économie en baisse, à lutter contre la corruption et à rééquilibrer les inégalités sociales en adoptant une meilleure répartition des richesses. Ainsi, cette victoire inédite constitue le troisième coup de théâtre de cette élection.
Un premier tour surprenant
Tout d’abord, le candidat avait provoqué la surprise au premier tour en remportant 30,8 % des suffrages contre 29,6 % pour Johnny Araya, son principal adversaire membre du Parti libération Nationale (PLN), le parti de la présidente sortante Laura Chinchilla. Le candidat de gauche José Maria Villalta, a été quant à lui, éliminé avec seulement 17 % des voix. En dépit de ce premier coup de théâtre, l’élection a connu une forte abstention et n’avait pas cette allure de “fête civique” que revêtent communément les élections au Costa Rica.
Un deuxième tour insolite
Si le premier tour a prouvé que les sondages pouvaient être déjoués par Luis Guillermo Solis, son adversaire du second tour, Johnny Araya, a décidé quant à lui, de les tenir pour vrais. Compte tenu des sondages qui annonçaient une victoire fracassante de Luis Guillermo Solis avec 64,4 % des intentions de votes, Johnny Araya a préféré se retirer provoquant ainsi le deuxième coup de théâtre de cette élection. “La campagne pour le second tour se présente comme très difficile et semée d’obstacles. (…). La prudence recommande de ne pas dépenser des millions en propagande, réunions et meetings. Nous respecterons les dispositions constitutionnelles, mais je m’abstiendrai de toute activité électorale”, a-t-il expliqué lors d’une déclaration.
Luis Guillermo Solis avait regretté cet acte provoquant une situation “étrange”. Il aurait préféré une élection “solide et massive” qui aurait donné plus de crédibilité à son mandat. Le second tour s’est donc déroulé “sans adversaire” pour le membre du PAC. Toutefois, le candidat du PLN était présent sur les listes car la Constitution interdit à un candidat de se désister au second tour. Malgré tout : “L’heure du changement est venue pour le Costa Rica”, reconnait Johnny Araya, le candidat qui s’est retiré. Même si le nouveau président est membre du PAC, il devra composer avec un congrès ou 18 sièges sur 57 sont occupés par le PLN. Il prendra ses fonctions le 8 mai prochain.
Sirine SASSI