Ça commence (un peu) comme du David Lodge, ça finit (un petit peu) comme du Vladimir Nabokov. Entre les deux, Guillermo Martínez, l’auteur de Mathématique du crime nous conduit dans une toute petite université nord-américaine dans laquelle s’installe pour six mois un professeur et écrivain argentin.
L’accueil est professionnel et chaleureux à la fois, mais les rivalités entre les enseignants mettent le nouvel arrivant dans une situation assez inconfortable. Le cours qui lui est assigné lui permet de les mettre ente parenthèses, au moins pendant qu’il travaille. D’autant que parmi les étudiants, se trouve une certaine Jennifer avec laquelle très vite il opère un rapprochement assez peu professionnel.
Notre Argentin découvre alors toutes les incohérences de la morale qui régit la vie quotidienne aux États-Unis : passer à l’acte (même très jeune) est courant, mais officiellement il faut le cacher tant que faire se peut et, si on sait quelque chose, on n’en parle surtout pas. Quant à Jennifer, elle se révèle peu à peu, à l’image de cette morale, à la fois experte et d’une naïveté surprenante en matière de sexe.
L’histoire d’amour, assez banale, est pimentée par des moments intenses de partage sensuel et de découverte de soi et de l’autre. Le roman, léger et d’une lecture facile, est un agréable divertissement non dénué d’idées.
Christian ROINAT
Guillermo Martínez : Moi aussi j’ai eu une petite amie bisexuelle, traduit de l’espagnol (Argentine) par Eduardo Jiménez, NiL, 220 p., 18,50 €
Guillermo Martínez en espagnol : Los crímenes de Oxford / La muerte lenta de Luciana B. / Acerca de Roderer, Destino.
Gustavo Martínez en français : Mathématique du crime, / La mort lente de Luciana B. / La vérité sur Gustavo Roderer, NiL.