Le premier tour des élections présidentielles du 2 février dernier avaient apporté une surprise de taille. Alors que tout le monde donnait Johnny Araya du Parti de libération nationale (PLN, droite) gagnant, c’est Luis Solís du Parti action citoyenne (PAC, centre gauche) qui l’emportait d’une courte tête (30,64 % contre 29,71 %). José Villalta du Front Ample (FA, gauche), considéré comme le rival le plus sérieux d’Araya était relégué à la troisième place (17,25 %) (lire notre article paru le 5 février 2014).
Luis Solís, historien et politologue de 56 ans, se dit « progressiste mais pas de gauche », prend ses distances avec le néolibéralisme sauvage et donne comme modèle « le président Lula du Brésil ». Son objectif : « arrêter l’augmentation des inégalités sociales tout en restant dans le centre ». Johnny Araya et le PLN n’avaient pas compris que les Costaricains étaient très mécontents de la présidente sortante, Laura Chinchilla, du même parti « qui a été incapable de réduire la pauvreté ». Il semblait alors que les jeux étaient faits car une bonne partie des 17 % de Villalta allait voter pour Solis.
Inquiets, Araya et le PLN ont alors commandité des sondages. Et ce fut la catastrophe ! Quatre sondages montrent une victoire écrasante du PAC de Solís sur le PLN d’Araya : plus de 50 points de différence ! Johnny Araya annonce alors que « le bon sens indique qu’il faut peser la réalité et, avec fermeté d’esprit, je déclare conclure aujourd’hui ma campagne pour la présidence… » Autrement dit, il se désiste et retire sa candidature ! Stupeur et colère dans son parti, mais Araya explique sa décision : il veut éviter une défaite humiliante pour le parti lors du second tour le 6 avril et, surtout, il craint qu’une campagne onéreuse pour rien, ne mette son parti en faillite financière… Ceci pose un problème constitutionnel : la loi interdit aux candidats présidentiels de se désister. La solution : les Costaricains devront quand même aller voter même si Araya ne fait plus campagne.
De son côté, Luis Solís encourage vivement les citoyens à voter le 6 avril car il « ne prend pas cette élection comme une simple formalité. Pour qu’il n’y ait aucun doute sur la légitimité de mon mandat et un engagement pour la démocratie, il faut que les Costaricains aillent voter » car son accession à la présidence « ne peut se faire qu’à travers une élection ».
Jac FORTON