La socialiste Michelle Bachelet, 62 ans, médecin de formation et première femme élue à la tête d’un pays sud-américain en 2006, est élue pour la deuxième fois président du Chili.
Michelle Bachelet a baigné dans un climat de ferveur, particulièrement palpable lors de son dernier meeting de par une foule d’inconditionnels de tous horizons, en particulier venant des secteurs les plus défavorisés de la population.
Appuyée par une large coalition, la « Nouvelle majorité », regroupant communistes, démocrates-chrétiens et divers courants socialistes, Michelle Bachelet est consciente des expectatives d’un pays, différent de celui qu’elle a quitté à la fin de son premier mandat en 2010 pour exercer les fonctions de directrice exécutive de l’ONU Femmes.
Mme Bachelet, a promis de mettre en marche dans les 100 jours après son élection les réformes qu’elle n’avait pas lancées lors de son premier mandat. Ce programme ambitieux est basé notamment sur une révision de la Constitution héritée de la dictature, une réforme fiscale envisageant une augmentation de l’impôt des sociétés de l’ordre de quelque 8 milliards de dollars (3 % du PIB) destinés entre autres à une refondation du système éducatif pour instaurer une éducation publique de qualité, l’amélioration du réseau de la santé et des services publics.
Mais la capacité de manoeuvre du nouveau gouvernement et l’ampleur des réformes promises, dont une réforme de la loi sur l’avortement, interdit sous toutes ses formes dans ce pays aux moeurs très conservateurs, dépendront du vote du Congrès où il faudra négocier même si la coallition que la soutienne a obtenu una majorité relative lors du premier tour de novembre dernier. Cependant, la candidate socialiste a oeuvré ces dernières semaines à réduire les attentes, reitérant dans son discours de clôture que « la tâche ne sera pas facile ».
« Quatre ans, c’est peu de temps », a-t-elle dit. « Nous pourrons mener à bien certains changements, pour d’autres, nous arriverons à les mettre en marche, pour entrer une fois pour toutes dans ce nouveau chemin, qui sans aucun doute excédera un mandat présidentiel ».
Cette retenue pourtant pourrait lui coûter cher au sein d’une partie de sa base électorale, particulièrement chez les protestataires qui ont appuyé sa candidature. D’ores et déja les nouveaux leaders du mouvement étudiant, qui a mobilisé depuis 2011 plus de 40 manifestations parmi les plus massives depuis le retour de la démocratie en 1990, ont évoqué une « relation avec Bachelet essentiellement basée sur la méfiance ».
Sa biographie
Michelle Bachelet est née le 29 septembre 1951 à Santiago, Chili. Son baccalauréat en poche en 1969, elle débute ses études de médecine à l’Université du Chili. Son père, le général Alberto Bachelet, fut jeté en prison par la dictature de Pinochet et y a laissé sa vie en 1974. Michelle Bachelet et sa mère Angela Jeria, furent aussi victimes d’emprisonnement et libérées en 1975, elles ont dû se réfugier en Australie. Michelle Bachelet continuera ses études de médecine en Allemagne. Elle retournera au Chili en 1979 et finira de se spécialiser en pédiatrie et en santé publique en 1986. Elle s’oriente vers des études stratégiques militaires au Chili, puis aux États-Unis en 1997 et obtient dans son pays natal un diplôme de l’Académie de Guerre de l’Armée chilienne en 1998. Michelle Bachelet est divorcée et mère de trois enfants.
Vers les années 1970, Michelle Bachelet entre au parti socialiste et devient membre du bureau vers la fin des années 1990. Fervente militante pour la restauration de la démocratie au Chili au milieu des années 1980, elle s’engage également pour la protection et l’aide aux gens victimes de la période dictatoriale du Général Pinochet.
Poussée par son cursus, Michelle Bachelet entame sa carrière au début des années 1990 d’une part dans le secteur public, au sein du Ministère de la Santé et d’autre part dans des organisations d’actions humanitaires comme l’OMS, la GTZ, l’OPS (Organisation Panaméricaine de la Santé). Après son poste de conseillère au sein du Cabinet du secrétaire d’État à la Santé en 1997, elle obtient le poste de conseillère au sein du ministère de la Défense en 1998. Ministre de la Santé en 2000, elle devient ministre de la Défense en 2002, un portefeuille ministériel jamais tenu par une femme au Chili et en Amérique latine.
Appuyée par le président Ricardo Lagos encore en exercice en 2004 et forte de sa notoriété politique, Michelle Bachelet vise et brigue le poste de président du Chili le 11 mars 2006, et ce, jusqu’en 2010. Pendant son mandat présidentiel, elle a formé un gouvernement de tendance gauche tout en étant consciente de son appartenance à la Concertation pour la Démocratie. Elle a fait une grande réforme des retraites. Sur le plan économique, Michelle Bachelet a misé sur la croissance. Dès son entrée, elle nomme dix femmes ministres dans son gouvernement.
En septembre 2010, Michelle Bachelet est nommée à la tête de l’ONU Femmes parmi les 26 candidates en lice. Cette branche de l’ONU sera axée sur les droits et l’autonomisation des femmes. Depuis son apparition sur le devant de la scène politique, Michelle Bachelet fait la rencontre de femmes puissantes et célèbres surtout sur le plan politique comme Angela Merkel, Hillary Clinton, Ségolène Royal.
Olga BARRY
D’après l’AFP et Au féminin.com