Après la période de troubles provoquée par les élections de dimanche dernier, le Tribunal suprême électoral a confirmé la victoire de Juan Hernández malgré les accusations de fraude de la candidate de l’opposition Xiomara Castro.
Le dimanche 24 novembre, les 5 millions d’électeurs honduriens devaient élire le Président de la République, trois vice-présidents, 128 députés et 298 maires. Pour la première fois depuis 100 ans, il y a eu huit candidats à la présidence. En général, le Parti libéral et le Parti national alternaient au pouvoir… Les candidats les plus prometteurs étaient Orlando Hernández du Parti national, Mauricio Villeda du Parti libéral, Xiomara Castro du Parti Liberté et Refondation (LIBRE). Les principaux défis : la violence, l’insécurité et la pauvreté. Le Honduras est un des pays les plus violents au monde (20 assassinats par jour !), et le taux de pauvreté approche les 72 % de la population !
Le gouvernement a mobilisé 25.000 soldats et policiers pour empêcher tout acte de violence dans les bureaux de vote. D’autre part, près de 800 observateurs internationaux sont présents pour évaluer la transparence du scrutin, dont une délégation du Parlement européen… Le tribunal électoral a dévoilé les résultats partiels lundi soir : Juan Orlando Hernández (Parti national) 34,19 % / Xiomara Castro (Parti Libre) 28,83 % / Mauricio Villeda (Parti libéral) 20,76 % / Salvador Nasralla (Parti anticorruption) 15,59 % / Romeo Vasquez (Alliance patriotique) 0,21 % / Orle Solis (Démochrétien) 0,18 % / Jorge Aguilar (PINU) 0,16 % / Andrés Pavon (UD) 0,11 %
Xiomara Castro : la montée du Parti Liberté et Refondation (Libre)
C’est la grande surprise. Ce parti mené par Xiomara Castro est rapidement devenu un danger très clair pour les partis traditionnels car il tendait à rompre la routine bipartiste. Son slogan : « pour un socialisme démocratique ». Castro est l’épouse de l’ancien président Manuel Zelaya, victime d’un coup d’Etat en juin 2009. En 2006, Zelaya du Parti Libéral avait gagné les élections présidentielles. Á quelques mois de la fin de son mandat, une alliance Congrès – Cour suprême – armée le renverse : au petit matin et en pyjama, il est transporté de force au Costa Rica. Ses crimes ? Avoir tenté de se rapprocher de l’ALBA (1) et proposer un referendum en vue d’organiser une Assemblée constituante visant à modifier la Constitution.
Des élections frauduleuses installent Porfirio Lobo à la présidence. Zelaya revient par surprise en Honduras et se réfugie à l’ambassade du Brésil où il reste plusieurs mois. Il n’a été autorisé que récemment à rentrer dans son pays. À la suite du coup d’Etat, les partisans de Zelaya se rassemblent dans le Front national de Résistance populaire (FNRP) au sein duquel Xiomara Castro joue un rôle prépondérant qui l’a naturellement amenée à présenter sa candidature pour le Parti Libre issu du FNRP. Dès la parution des résultats, Xiomara Castro et le Parti Libre dénoncent la fraude aux élections car « les résultats annoncés par le Tribunal électoral pour de nombreuses tables de vote ne correspondent pas aux informations que nous avons reçues », et se déclarent gagnants des élections !
Juan Orlando Hernández, le dauphin du putschiste
Le gouvernement Lobo a répondu par la violence institutionnalisée à la violence des maras (2), du crime organisé, des paramilitaires et des narcotrafiquants. Hernández, président du Congrès, considéré comme autoritaire, a promis « mano dura » contre les délinquants : « Je ferai ce qu’il faut faire… Les Honduriens savent ce que je veux dire… » Ce qui inquiète fortement Victor Meza, membre de la Commission de réforme de la sécurité publique du Congrès qui propose un nouveau modèle de police, celle-ci étant pour le moment corrompue jusqu’aux os ! La Commission a proposé aux huit candidats de s’engager à créer une nouvelle police, transparente, proche de la population et respectueuse des droits de l’homme. Hernández est le seul des huit candidats à ne pas avoir signé cette proposition… Le thème de la police va certainement être un facteur décisif dans le choix des électeurs.
À peine les résultats partiels le plaçant en tête, publiés Hernández s’était déclaré gagnant, à l’instar de son adversaire politique.
Quelques surprises
C’est d’abord la troisième place de l’avocat conservateur Mauricio Villeda du Parti Libéral, ce qui marque la fin du bipartisme historique et le transforme en parti d’opposition de droite. C’est ensuite le bon résultat de Salvador Nasralla, un présentateur de télévision candidat du Parti Anticorruption et tout novice en politique. N’atteignant pas les 2% des voix, les autres partis en course perdront le droit de continuer d’exister.
Bien que vainqueur des élections, Hernández, n’ayant pas obtenu la majorité absolue, devra s’allier à d’autres formations pour pouvoir fonctionner.
Jac Forton