Cette année le festival Filmar en América Latina de Genève fête ses quinze ans ! Du 15 novembre au 1er décembre, environ 130 films de fiction, documentaires, films d’animation ou encore courts métrages, classiques, récents, primés dans d’autres festivals de cinéma ou inédits, représentant 15 pays d’Amérique latine sont projetés au cours de plus de 400 séances de cinéma, donnant ainsi une vision des multiples réalités culturelles et sociales du continent latino-américain. Pour cette quinzième édition, l’équipe du festival s’est lancé comme défi de nous faire découvrir le cinéma des pays andins : la Bolivie, l’Équateur et le Pérou.
Cette année, comme chaque mois de novembre depuis quinze ans, se déroule à Genève le Festival Filmar en América Latina, le festival de cinéma latino le plus important de Suisse. L’édition Filmar 2013 nous propose de découvrir pendant deux semaines une programmation riche et variée de 127 films latino-américains ou traitant de l’Amérique latine diffusés en grande partie aux cinémas du Grütli, la maison des arts du cinéma de Genève, mais aussi dans d’autres lieux de Genève, dans certaines villes frontalières françaises et en Suisse romande.
Grâce à cette diversité d’œuvres, le festival Filmar, qui en quinze ans d’existence n’a cessé de gagner en importance, attirant un public toujours plus nombreux d’amoureux de l’Amérique latine, de latinos, ou de cinéphiles en tout genre tend à dresser un panorama du cinéma latino actuel, mais aussi à donner un aperçu des multiples réalités artistiques, culturelles et sociales de l’Amérique latine.
Selon Sara Cereghetti, directrice du festival « Le Festival Filmar en América Latina se pense et se construit comme un miroir, un miroir aux reflets multiples qui déclame et témoigne à la fois d’une diversité cinématographique, à la fois d’une diversité culturelle ». La présence de nombreux réalisateurs venus présenter leurs œuvres, et notamment leur intervention lors de certaines séances permet de comprendre plus en profondeur la cinématographie latino-américaine actuelle et de générer, avec un public souvent composé en grande partie par des initiés, un dialogue et des réflexions.
Au cinéma du Grütli a été installée pour l’occasion une buvette, créant ainsi un espace de rencontre dans lequel se retrouvent les invités et les membres de l’équipe du festival et permettant aux spectateurs intéressés d’entrer en contact de manière moins formelle avec des réalisateurs ou de poursuivre la discussion lancée à la fin de la projection, tout en découvrant toute une gamme de plats ou de boissons d’Amérique latine.
La programmation de Filmar s’organise selon plusieurs axes thématiques, et cette année succédant aux cinémas mexicain, brésilien et colombien, c’est le cinéma de trois pays andins – la Bolivie, l’Équateur et le Pérou – qui est mis à l’honneur. Filmar nous fait découvrir cette cinématographie en plein essor, jusqu’alors peu connue des publics européens, à travers la diffusion de 35 œuvres en provenance de Bolivie, d’Équateur et du Pérou, et notamment une rétrospective de Jorge Sanjinés, un des réalisateurs boliviens les plus importants. Une programmation variée de fictions ou de documentaires souvent présentés en présence de leur réalisateur.
En plus d’une section documentaire autour des thèmes de l’environnement et des droits de l’homme, le festival réserve une place particulière aux femmes dans le monde du cinéma, mais aussi à leurs luttes dans le contexte latino-américain. Avec la section « Sur les notes du cinéma », la quinzième édition du festival Filmar met en avant la musique latino-américaine avec la diffusion de plusieurs documentaires (notamment No habrá revolución sin canción, de Mélanie Brun, présenté cette semaine lors du festival Documental d’Espaces Latinos). La chanteuse-compositrice afro-péruvienne Susana Baca a honoré le festival de sa présence à l’occasion de la projection du film Susana Baca : Memoria viva.
Une nouvelle génération
Alors que le cinéma latino est de plus en plus présent sur les festivals thématiques comme lors des rencontres de cinéma mondiales, le festival Filmar nous donne à connaître de jeunes réalisateurs, porteurs d’une nouvelle vision du monde et de leur région proposent un nouveau cinéma latino-américain. Très productifs, avec une grande attention portée à l’esthétique et à la démarche artistique, ces cinéastes, à travers les exemples de micro-réalités, ou des thèmes plus sociétaux expriment leur attachement à leur pays d’origine. C’est par exemple le cas de Iván Mora Manzano (Sin Otoño, sin primavera), qui explique vouloir tourner ses films dans sa ville natale, Guayaquil en Équateur parce qu’il n’y a aucune production cinématographique, ou de Adrián Saba qui, dans son très remarqué film El limpiador, donne à Lima un rôle central.
D’autres réalisateurs, tels que Diego Mondaca de Bolivie (Ciudadela) qui tient à « raconter une histoire qui n’est pas l’histoire officielle, qui n’est pas celle de ceux qui ont gagné mais celle du peuple, celle qu’on ne vous a jamais enseigné. Et que nous même ne connaissons pas » revendique de manière plus forte l’importance de leur pays dans leur création cinématographique, elle-même fortement enracinée dans des réalités sociales. Le festival se poursuit jusqu’à dimanche prochain. Lors de la séance de clôture seront dévoilés les gagnants des différents prix décernés par les jurys.
Chloé GIMENEZ COURT
Voir site de Filmar
Photo de la une : © Sigfredo Haro Photography / Festival Filmar en América Latina