Une date pour mémoire

 Le 11 septembre 1973 est une date qui a marqué à jamais la vie de milliers de Chiliens. Elle évoque l’écrasement brutal d’une tentative de révolution par la voie pacifique, pour une société plus juste où la démocratie prend tout son sens. L’engagement de cette jeunesse des années soixante-dix, après des années d’amnésie, d’apathie et d’indifférence a été relayé par les nouvelles générations, les petits-enfants. Aujourd’hui, quarante ans après, ils s’engagent sous d’autres formes, souvent moins idéologiques, pour exiger toujours une société plus égalitaire. L’exemple de la mobilisation étudiante des dernières années en est la preuve. Une partie de cette jeunesse revient sur le passé et cherche à savoir la vérité, à comprendre et à garder la mémoire collective de la tragédie chilienne.

Ce mois de septembre 2013 nous constatons que l’amnésie chilienne reste derrière. De nombreuses manifestations de commémoration sur la chute du gouvernement socialiste de Salvador Allende s’organisent partout au Chili. Nous nous en réjouissons. En France aussi, dans différentes villes, nous observons une riche programmation pour commémorer cette date. Rappelons-nous qu’à l’époque, le coup d’État militaire avait connu dans l’ensemble de l’hexagone un fort retentissement. Nous qui avons connu Salvador Allende et qui avons participé très tôt pour qu’il arrive au pouvoir en 1970, comme de nombreux Chiliens, nous pensons qu’en dépit du changement de contexte politique, l’utopie chilienne, sous certains aspects, reste toujours d’actualité, du moins dans son rêve d’une société plus équitable et juste.

En ce temps de mémoire, permettez-nous d’évoquer cette publication appelée jadis Chili Flash, publiée en France pour la première fois en septembre 1984. Avec des moyens dérisoires, elle avait comme objectif de participer, avec d’autres militants, à la sensibilisation de l’opinion sur la réalité chilienne, à dénoncer les crimes de la dictature et aider la restauration de la démocratie. Il s’agissait d’un bulletin édité tous les quinze jours et distribué avec effort et persévérance par un réseau de sympathisants afin que l’opinion française sache que Pinochet était encore au pouvoir. Nous réclamions alors un élan de solidarité et de soutien pour que les démocrates chiliens s’en débarrassent.

Des années plus tard, à la fin de la dictature chilienne, la publication Chili Flash est devenue Espaces Latinos. Depuis et de manière permanente, – l’année prochaine nous fêterons trente ans de parutions ininterrompues – celle-ci essaie, avec une équipe de passionnés, tous bénévoles, d’embrasser et d’informer sur les réalités et cultures de l’ensemble de l’Amérique latine. Quarante ans après, notre désir d’utopie reste intact.

Januario ESPINOSA

[image align= »center » img= »http://www.espaces-latinos.org/wp-content/uploads/11SEP-JOAN.jpg » /] [image align= »center » img= »http://www.espaces-latinos.org/wp-content/uploads/CHILI-BIS.jpg » /] [image align= »center » img= »http://www.espaces-latinos.org/wp-content/uploads/CHRD-LYON.jpg » /]