La semaine du 15 au 21 juillet 2013

15 – MEXIQUE – FIN DE PARTIE

Sa tête était mise à prix 5 millions de dollars par le gouvernement américain et 2,3 millions par les autorités mexicaines. Miguel Angel Treviño, alias Z-40, chef du cartel des Zetas, a été arrêté près de Nuevo Laredo, au nord-est du Mexique. Cette opération spectaculaire constitue un coup sévère porté contre l’organisation criminelle la plus violente du pays. Treviño était le successeur de Heriberto Lazcano, El Lazca, tué par la marine le 7 octobre 2012. Le même jour, il avait volé le cadavre à la barbe des autorités. Sa camionnette a été interceptée par un hélicoptère de la marine, qui a trouvé à bord deux millions de dollars en liquide, huit armes lourdes et 500 cartouches.  » Il est sous le coup de 12 chefs d’accusation, dont crime organisé, homicides, blanchiment d’argent, port d’arme prohibé et torture « , a énuméré lors d’une conférence de presse, Eduardo Sanchez, porte-parole du cabinet de sécurité du gouvernement.

15 – CHILI – RÉFORME ÉLECTORALE

La crise de légitimité dont souffrent les institutions démocratiques du Chili a fini par faire réagir la classe politique. Pour la première fois depuis la fin de la dictature en 1990, les dirigeants de la plupart des partis sont d’accord pour réformer le mode de scrutin binominal des élections législatives- élection de deux candidats par circonscription -, dernier grand héritage de la dictature militaire d’Augusto Pinochet. Le président conservateur Sebastián Piñera a déclaré à la télévision nationale que le système électoral actuel  » a terminé son cycle » et a annoncé le dépôt du projet de loi au Parlement. La formule proposée par l’exécutif cherche à maintenir une logique de système de  majorité, mais avec plus de proportionnalité que le système binominal. « L’objectif est de faciliter la formation de grandes coalitions politiques stables », a expliqué le chef de l’Etat. Le système  actuel, fixé par la Constitution de 1980 de Pinochet, a tendance à favoriser les deux principales coalitions qui ont gouverné le Chili depuis 33 ans, l’Alliance de droite et la coalition de centre-gauche, en amoindrissant la concurrence et la représentativité des forces minoritaires. Entre autres, le projet propose de maintenir le nombre actuel de députés et de réduire le nombre de districts de 60 à 30. Bien que son approbation fasse peu de doutes, le nouveau système d’élection du Parlement ne s’appliquera pas pour les élections législatives et présidentielles du 17 novembre prochain.

16 –  CUBA   CARGAISON POLÉMIQUE

Les autorités cubaines ont confirmé que des armes retrouvées à bord du navire nord-coréen Chong-Chon-Gang arraisonné au Panama lui appartenaient, précisant qu’il s’agissait de  » 240 tonnes d’armes défensives obsolètes « . Opération légale, comme l’affirment La Havane et Pyongyang, ou  » cargaison de contrebande  » susceptible de violer l’embargo imposé par l’ONU à la Corée du Nord, comme le soutiennent les autorités panaméennes ? Dernier à réagir, le gouvernement nord-coréen a exigé la libération  » sans délai «  du navire et des membres d’équipage par les autorités panaméennes. Dans un communiqué publié mercredi, le ministère nord-coréen des Affaires Étrangères a repris la version cubaine selon laquelle  » la cargaison ne contient que des armes obsolètes qui doivent être renvoyées à Cuba après avoir été modernisées conformément à un contrat légal « . Cuba est l’un des rares pays qui maintient des relations de coopération avec Pyongyang. Fin juin, le chef d’état-major de l’armée nord-coréenne, le général Kim Kyok-sik, a effectué une visite officielle dans l’île communiste.

16 –  COLOMBIE – ENFIN LA PAIX ?

 « Nous avons la certitude que la Colombie est  proche de la fin du conflit », a affirmé  Ivan Marquez, délégué des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC)  aux pourparlers avec le président de centre-droit Juan Manuel Santos, engagés l’an dernier à Cuba, dans un entretien à la radio colombienne RCN. La guérilla, qui, il y a sept mois, s’était montrée dure avec ce qu’elle appelait une « paix express« , admet désormais la possibilité de parvenir à un accord en novembre de cette année. Malgré cela, il a appelé à un processus progressif : « Une paix à la course, une paix mal faite, serait pire qu’une guerre », a-t-il déclaré dans une interview à la radio. Si un accord final est signé à La Havane, il  devra être approuvé par le peuple colombien, ce qui semble là-aussi bien engagé, puisque 70% des Colombiens soutiennent les pourparlers selon une récente enquête d’opinion.

16 –  ARGENTINE –  MAPUCHES CONTRE CHEVRON

Dans la foulée de la majorité des pays européens, c’est au tour des Indiens Mapuche, en Patagonie argentine, de partir en guerre contre l’exploitation du gaz et du pétrole de schiste, accusée de provoquer d’irréparables dommages écologiques. À Buenos Aires, la compagnie pétrolière argentine YPF a signé un accord avec le géant américain de l’énergie Chevron pour l’exploitation et la production d’hydrocarbures non conventionnels sur le gisement de Vaca Muerta (province de Neuquén, sud-ouest). C’est l’une des plus vastes réserves mondiales de gaz et de pétrole de schiste, selon l’US Geological Survey (USGS). Le même jour, des dizaines de membres de l’ethnie Mapuche ont occupé deux puits de pétrole sur ce même gisement, obligeant à suspendre la production pendant vingt-quatre heures.  » YPF est en train d’amener la pire entreprise du monde, qui est Chevron « , a dénoncé Lefxaru Nahuel, dirigeant de la Confédération mapuche de Neuquén, qui regroupe une soixantaine de communautés indiennes. La lutte, a-t-il ajouté,  » est surtout dirigée contre la technique de la fracturation hydraulique qui est polluante «  en précisant que  » Cela ne doit pas être seulement la lutte des Mapuche, mais celle de tout le peuple argentin « . Les manifestants mapuche ont reçu le soutien de plusieurs partis politiques d’opposition, d’intellectuels, d’organisations de défense de l’environnement et des droits de l’homme.

17 –  MEXIQUE – JOURNALISTE ASSASSSINÉ

Le journaliste mexicain Alberto Lopez Bello, 28 ans, a été tué par balle à Oaxaca, au sud du Mexique. Il avait été arrêté par la police fédérale alors qu’il avait publié dans son journal El Imparcial des articles sur le trafic de drogues à Oaxaca. Les policiers ont  accusé les journalistes d’être arrivés trop vite sur les lieux, mais un juge a considéré que leur arrestation était illégale et les a libérés. « Cette semaine, il devait retourner témoigner devant le  procureur pour cette affaire d’arrestation abusive« , a déclaré l’un des dernières personnes à l’avoir vu vivant, Sofia Valdivia, sa collègue de travail  à Radiorama’Oaxac. Le journal El Imparcial a publié une note dans laquelle il dénonce un décès directement lié à sa pratique professionnelle : « Cela montre la vulnérabilité à laquelle sont exposés les journalistes dans leur travail quotidien pour des informations véridiques et livrées en temps opportun à l’ensemble des citoyens« . Le gouverneur de la région, Gabino Cué, a demandé à ce que cette affaire soit classée prioritaire pour que l’enquête se poursuive au niveau national. En juin 2012, une loi pour la protection des journalistes et des défenseurs des droits de l’Homme a été votée mais depuis quatre journalistes ont été tués et trois sont portés disparus.

17 –  BRÉSIL – « DEHORS CABRAL »

Leblon, quartier chic de Rio par excellence, n’a jamais connu de jours plus agités. C’est le quartier où réside le gouverneur de Rio, Sérgio Cabral, dont la maison est assiégée depuis plus d’une semaine par un groupe d’un millier de manifestants appelant à sa destitution. Tout était pourtant plutôt paisible jusqu’à ce que la police arrive et que de violents affrontements éclatent. Des groupes de manifestants dispersés au gaz lacrymogène ont jeté des pierres sur des bureaux des banques et des magasins de luxe, et contre l’un des bâtiments de TV Globo. Ils ont érigé des barricades et des feux de joie au milieu de la nuit. Des automobilistes qui circulaient dans le quartier ont soutenu les manifestants au cri de « Dehors Cabral« . Ils ont également mis le feu à l’une des affiches géantes annonçant les Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ), qui se tiennent cette semaine, en présence du Pape Francisco, et brandi des pancartes : « Nous pouvons nous passer du pape, mais pas des hôpitaux« . Aux revendications sociales et politiques pourraient s’ajouter d’autres contre certaines doctrines de l’Église, comme sa position sur le mariage des couples de même sexe, l’avortement ou l’interdiction du sacerdoce des femmes. Les émeutes de Leblon sont un symptôme de ce qui pourra arriver avec la présence du Pape Francisco.

19 –  CHILI – LA DROITE SANS CANDIDAT

À quatre mois de l’élection présidentielle, le candidat à l’élection présidentielle élu en primaires par la droite chilienne, Pablo Longueira, de l’Union démocrate indépendante (UDI),  a renoncé à sa candidature à cause d’un diagnostic médical de dépression, ce qui a provoqué un séisme politique. La droite a seulement jusqu’au 19 août pour inscrire une nouvelle candidature à la présidence. La conclusion d’une nouvelle primaire ne paraît pas possible dans ces délais. Rénovation Nationale (RN) et l’UDI  paraissent comprendre que leur seule chance de faire face à l’ex-présidente Michelle Bachelet est d’obtenir un candidat d’unité. Toutefois, les relations entre les deux partis passent par un moment complexe. D’où cette déclaration de Carlos Larraín, chef de RN : « Présenter deux candidats n’est pas la meilleure idée, mais ce n’est pas non plus une chose complètement impossible”. Une alternative serait de présenter l’ex-ministre de la Défense, Andres Allamand (RN), qui a perdu face à Pablo Longueira lors de la primaire du 30 juin. Sa conduite après sa défaite, toutefois, paraît éliminer cette possibilité. Avec les heures qui passent, la candidature du ministre du Travail, Evelyn Matthei (UDI), acquiert donc force. Femme et fille d’un général de la FACh, comme Michelle Bachelet, elle paraît une carte puissante pour faire face à la socialiste. Le président Piñera lui a donné une accolade remarquée et a dit qu’ « elle serait une grande candidate « . Du côté de RN, toutefois, Carlos Larraín a indiqué que la présidentielle n’est pas de la compétence du Gouvernement. Devant ce panorama, l’Alliance pourrait arriver à se diviser face Bachelet, favorite pour gagner les élections de novembre.

20 –  COLOMBIE – COMBATS

Au moins 17 soldats colombiens ont été tués dans une embuscade, qui a également fait cinq blessés et 14 disparus dans une zone rurale appelée El Mordisco, en Arauca, à la frontière du Venezuela, rapportent les médias locaux. Le peloton de militaires qui veillait sur l’oléoduc du Bicentenaire en Arauca a été attaqué en représailles par environ 70 guérilleros, comme a expliqué dimanche le président Juan Manuel Santos. Quelques heures plus tôt, l’armée avait fait état d’une opération dans la municipalité d’El Doncello, dans le département du Caquetá, où quatre soldats et six guérilleros ont trouvé la mort. Le communiqué de l’armée justifie cette intervention en disant que le renseignement militaire avait appris l’intention de « plusieurs colonnes du Bloc Sud (FARC) » d’attaquer la municipalité d’El Doncello. Ces événements se sont produis le jour où la Colombie a célébré le 203 e anniversaire de son indépendance. Les cérémonies étaient dirigées par le président Juan Manuel Santos, qui a appelé les citoyens et les partis à soutenir le processus de paix engagé à Cuba.

Guy MANSUY