La revue annuelle « Cinémas d’Amérique latine » n° 33 de 2025 édité par Cinelatino à Toulouse est déjà en vente

Crée à l’initiative de Paulo Antonio Paranagua, historien reconnu des cinémas d’Amérique latine, cette revue, dont il a été le rédacteur en chef jusqu’en 1994, rend compte de l’actualité et de la mémoire des cinématographies latino-américaines. La Revue est éditée en version trilingue à partir de 1997, espagnol-français ou portugais-français, pour une plus large diffusion.

La ruche des Rencontres tourne à plein régime dans tous les lieux du festival. La fermeture pour travaux de ce lieu mythique et si convivial qu’est la Cinémathèque, au cœur de la vieille ville, a obligé l’équipe des organisateurs à déployer une partie des projections et des festivités à l’Ensav, école publique de cinéma de Toulouse. Les quelque 250 bénévoles s’activent et il faut donner au passage un coup de chapeau aux traducteurs, pour la plupart des étudiants, qui rendent compte au plus juste des échanges entre les artistes et le public. Le grill des questions réponses auquel le public, toujours bienveillant et affûté par un long compagnonnage avec les cinémas d’Amérique latine, se prête volontiers.

Cette année, trente-trois films ont été en compétition dans différentes sections et formats, et on retrouve comme à l’habitude les sections « découvertes », « reprises » des coups de cœur des années passées, les zooms sur les « grands » invités comme Karim Aïnouz ou l’Argentine Albertina Carri. « Soucieux de constituer un pont entre le travail de nos invités cinéastes et les fervents spectateurs qui se donnent rendez-vous tous les ans à la fin du mois de mars, les équipes de programmation ont à nouveau conçu un programme varié, où chacun trouvera de quoi s’interroger, s’émerveiller et voyager », écrit Marion Gautreau, la nouvelle présidente de l’Arcalt, association qui porte les rencontres depuis leurs origines. Elle coiffe désormais l’organisation avec Emmanuel Deniaud à la vice-présidence, un autre très complice des Rencontres.

Chaque année, l’équipe des programmateurs reçoit des centaines de films, entre fictions et documentaires, tous formats confondus. Plus de 400 cette année, nous explique Marion Gautreau qui a de longues années de pratique festivalière à Toulouse derrière elle. Elle a commencé à œuvrer en 2012 en tant que bénévole interprète pour l’association, peu après son arrivée à Toulouse en tant qu’enseignante à l’Université Jean-Jaurès, au département d’études hispaniques. « Depuis ses débuts, le festival a beaucoup grandi et s’est professionnalisé, nous explique-t-elle, surtout au niveau de sa plateforme professionnelle qui est une de ses grandes spécialités. Mais malgré cette professionnalisation, le festival a gardé cet aspect très convivial, très simple ».

Simple, un qualificatif sur lequel elle insiste : « contrairement à de nombreux festivals qui ont un aspect de représentation, d’affichage, ce n’est pas le cas ici, ce n’est pas dans notre ADN. Nous sommes pour l’horizontalité. Tout le monde est logé à la même enseigne, bénévoles, salariés du festival, invités… Le but étant d’aller à la rencontre de personnes qui ont des histoires à raconter ». Le terme de Rencontres est pour cette raison préféré à celui de festival.

« L’Amérique latine, je l’ai rencontrée en Uruguay où j’ai vécu quelques années petite », poursuit Marion Gautreau. « C’est là que j’ai appris l’espagnol et que je suis tombée amoureuse de l’Amérique latine, comme tout le monde… » À l’Uruguay sont venus s’ajouter le Mexique, l’Espagne, l’agrégation et un doctorat en études de la photographie (sur la photographie dans la révolution mexicaine). Un intérêt pour l’image qu’elle continue à creuser puisqu’elle travaille actuellement sur le photojournalisme de la fin du XXᵉ siècle au Mexique. « Le croisement des arts visuels et des événements historiques, les questions de mémoire historique sont au cœur de mon travail ».

Étant enseignante à l’université, au plus près d’un public d’étudiants intéressés par l’Amérique latine et travaillant sur l’image, son investissement croissant dans le festival était une évidence. « Emmanuel Deniaud m’a proposé d’entrer au conseil d’administration… Avec Amanda Rueda, ma collègue à l’Université et au festival, on a beaucoup développé les liens entre les deux. On a mis en place des ateliers entre étudiants et universitaires spécialistes des études cinématographiques, avec des débats, des analyses fouillées de séquences… L’université Jean-Jaurès accueille aussi des Nuits du cinéma latino avec Cinélatino… ». Elle cite également les formations en sous-titrage de l’université auquel le festival propose des films pour que les étudiants – encadrés – se fassent la main dans le cadre de stages professionnalisants. Sans oublier le comité de rédaction de la revue des Rencontres, Cinémas d’Amérique latine, une activité que – pour sa part — elle a dû interrompre, faute de temps, mais auquel participent nombre de collègues.

La revue Cinémas d’Amérique latine repère inscrit dans la durée, décrit les évolutions des paysages cinématographiques depuis trente-deux ans. Poussé par la curiosité, le numéro 33, qui vient de paraître, les voix et regards de cinéastes autochtones, le cinéaste algérien-brésilien Karim Aïnouz et la réalisatrice argentine Albertina Carri. Alors si la revue est bousculée par l’actualité, elle est surtout la ligne sinueuse qui dessine les cheminements des artistes d’Amérique latine. En développant des entretiens, en approfondissant des outils de compréhension, elle prend ses aises avec l’actualité, elle devient référence et plaisir de lecture. Fidèle aux luttes de Cinelatino Rencontres de Toulouse, elle procure des contenus solides et uniques pour défendre ces idées. La dernière édition est épaisse, passionnante et colorée…