Fils d’illustrateur, Lucas Nine a toujours eu un lien proche avec l’image. Grand auteur de romans graphiques, BD et réalisateur de court-métrages après Delicatessen et Le rêve émeraude il revient avec une toute nouvelle BD Les Cahiers du Corbeau.
Photo : éditeur
Lucas Nine et l’amour de la culture française
Véritable connaisseur de la culture française de ces deux derniers siècles, sa BD est truffée de références littéraires et cinématographiques (Joris-Karl Ruyhsman, Gérard de Nerval…). Vouant une passion pour la ville de Paris, c’est en plein coeur de la capitale française qu’il situe sa nouvelle BD. Loin des beaux quartiers de Montmartre, c’est plutôt rue des Solitaires qu’il a choisi de placer son personnage principal. Cette rue doit son nom aux quelques habitants qui y habitèrent seuls à ses débuts.
Paris, ville démystifiée
Loin d’hurler les louanges de Paris, Lucas Nine en dépeint ici la tristesse et la laideur. Le corbeau étant une métaphore de l’Homme menant une vie d’oisiveté et de larcin. Ce personnage vit dans une mansarde et se complait dans une vie de larcin. Personnage solitaire appréhendant la vie avec faste et aventures, cet énigmatique corbeau représente le Paris des bas-fonds, le Paris laid comme un hommage à la laideur. On peut voir des scènes de la vie quotidienne dans un Paris jugé en décadence. Entre objets étonnants (pots de chambres, masques funéraires….) et déambulations dans les jardins du Luxembourg avec une scolopendre morte, les amateurs de BD relatant la vie de personnes pauvres y trouveront leur compte.
Quel regard porté sur notre époque ?
Personne profondément tombé dans l’oubli, le Corbeau symbolise la littérature du moi. Personnage énigmatique au sein d’une société post-industrialisée, que le monde a épuisé de ses richesses. Entre fiction et réalité, la BD illustre un personnage imparfait dans un monde imparfait au travers du regard de son auteur.
Nino AGOUNI
Les cahiers du Corbeau de Lucas Nine, aux éditions Les rêveurs, 48 p.