La France a restitué cent trente-trois pièces archéologiques d’époque précolombienne au Honduras

C’est lors d’une cérémonie à Tegucigalpa en compagnie de l’ambassadeur français au Honduras Cédric Prieto et du ministre hondurien des Affaires étrangères Enrique Reina qu’a eu lieu le fameux échange. « Nous voulons remercier le peuple français pour cette démarche vitale afin d’améliorer et d’approfondir des relations qui ne sont pas seulement commerciales, politiques, mais aussi culturelles », a déclaré M. Reina.

Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères a précisé que cet échange part de l’initiative d’une chercheuse de l’Institut Hondurien d’Anthropologie et d’Histoire qui avait signalé l’existence de cette collection dans le musée du Quai Branly. L’Institut a ensuite pris contact avec le musée français, qui en septembre 2024 a approuvé cette restitution. L’IHAH poursuit toujours ses discussions avec d’autres pays pour pouvoir rapatrier davantage de patrimoine sorti du Honduras il y a de nombreuses années.

La restitution des objets volés par des musées occidentaux fait l’objet de nombreuses tensions internationales. Que l’on pense au British Museum et les fameuses frises du Panthéon. En effet, cette position gênante rappelle l’histoire tumultueuse qui existait entre les pays colonisés et colonisateurs. Ces objets déracinés sont ainsi comme une marque de l’histoire coloniale pour les deux pays. De même, l’identité nationale du pays dérobé se retrouve mise à mal. En tant que témoin du déracinement de son histoire, le pays concerné se retrouve ainsi privé d’ancrages archéologiques. Le retour de ces objets aux pays anciennement colonisés leur permet ainsi de consolider leur histoire et identité nationale. 

Cependant, le transfert des pièces hors du Honduras s’est produit « à une époque où l’État hondurien ne disposait pas de cadre réglementaire » concernant l’exportation d’objets archéologiques, a indiqué le ministère. La restitution des objets volés afin d’être exposés dans un autre musée soulève ainsi un débat d’importance : la conservation et la visibilité des œuvres. En effet, si l’on considère de tels objets comme biens de l’humanité et non comme des biens nationaux, les déplacer devient problématique. S’ils sont invisibilisés et qu’ils n’ont pas accès aux moyens de conservation nécessaire dans leur nouveau musée, les enjeux nationaux entrent en conflits avec les enjeux humanistes.