Sur le site de France Culture*, Yves Saint-Geours, ancien ambassadeur en Bulgarie, Brésil et en Espagne revient sur l’histoire de l’Équateur et les raisons d’un mal-être qui s’est exprimé sur le long terme et qui se montre encore dans l’actualité.
Au milieu du XIXe siècle, en 1859, le président de l’Équateur, Gabriel Garcia Moreno, supplia Napoléon III de faire de son pays, à plus de 9 000 kilomètres de distance, un protectorat français. Il expliqua qu’il était « fatigué par la frénésie de la soldatesque et par l’agitation des démagogues » et qu’il souhaitait trouver, sous les auspices de la France, « la civilisation dans la paix et la liberté dans l’ordre ». L’Empereur, qui nourrissait alors d’autres desseins à plus proche distance, rejeta cette proposition surprenante. Elle n’en donne pas moins aujourd’hui l’envie d’y aller voir de plus près pour en discerner le ressort.
Nous allons parler de l’Équateur, afin de tâcher de comprendre cette nation méconnue. Et d’abord pour éclairer les raisons d’un mal-être qui s’est exprimé sur le long terme et qui se montre encore dans l’actualité. Les composantes en sont tout à la fois politiques, écologiques, ethniques, économiques, culturelles et religieuses, selon un déséquilibre qui favorise l’insécurité et le commerce des narco-trafiquants : les richesses naturelles du pays échappent ainsi largement à la majorité de la population, non sans risque d’explosions diverses. Mais d’autre part l’Équateur, dont la création fut improbable, a su affronter, non sans mérite, non sans inventivité, des défis d’apparence insurmontable, et finalement survivre.
Yves Saint-Geours est l’un de nos meilleurs connaisseurs de l’Amérique latine tout entière et en particulier de l’Équateur où il a séjourné jadis durant plusieurs années. Agrégé d’histoire, il a dirigé naguère l’Institut français d’études andines avant de rejoindre la diplomatie pour être notamment notre ambassadeur au Brésil.