Le cinéma Jean-Eustache à Pessac accueille la 42e édition des Rencontres du cinéma latino-américain. Cette année, le festival met à l’honneur le « buen vivir », une vision autochtone du rapport à la nature et à la société, à travers une programmation engagée et il contribue à la réflexion et aux actions autour des manifestations culturelles éco-responsables.
Photo : DR
En 1983, France-Amérique latine Comité Bordeaux Gironde a créé les Rencontres du Cinéma Latino-Américain, l’une des premières manifestations culturelles consacrées à ces cinémas en France. L’association, créée en 1981, a comme objectif « le renforcement des liens d’amitié et de coopération entre le peuple français et ceux de tous les pays d’Amérique latine ». Le cinéma est le moyen choisi pour faire connaître le continent latino-américain au public. Il est donc conçu comme une expression « représentative de l’imaginaire et de la réalité des peuples d’Amérique latine ». La diffusion de films de qualité devient un moyen d’approcher un continent et sa culture, de les connaître et les faire connaître. L’objet même de la solidarité devient donc le cinéma.
À l’égard du continent latino-américain, pour la solidarité, il s’agit aussi bien de soutien aux victimes des dictatures que d’une solidarité matérielle par le biais de projets dans divers domaines sociaux. Lors des premières Rencontres, le contact avec l’Amérique latine se fait d’emblée à travers le réseau militant (Nicaragua sandiniste, Guatemala, Chili, Salvador, Colombie). La prise de conscience du danger que courent les cinémas latino-américains, née de contacts directs, a désormais détourné la question de la solidarité en termes généraux vers une « solidarité cinématographique ».
Une mutation
Depuis de nombreuses années, chercheurs, scientifiques, associations, groupes humains de la planète alertent sur la dérive de notre civilisation qui détruit l’écosystème de la vie sur terre. Les termes d’écocide, d’extinction des espèces, de réchauffement climatique ou de guerre de l’eau à venir sont chaque jour plus présents : ils questionnent notre manière d’habiter la planète et notre mode de vie moderne, basés sur l’accumulation. Avec une approche binaire – l’Homme d’un côté et la nature de l’autre -, notre modernité occidentale a projeté un développement durable infini sur une planète aux ressources finies.
Nous avons voulu, avec la thématique du Buen Vivir, donner à voir une autre conception de la vie sur la planète et faire un lien avec les problématiques qui ne se posent pas seulement à l’Amérique latine mais à l’ensemble des pays de la planète. Le Bien Vivre nous vient des peuples autochtones d’Amérique latine : c’était la cosmovision et le mode de vie des Aymaras et Guaranis de Bolivie, des Shuars d’Équateur, des Mapuches du Chili, des Shipibos Konibos du Pérou ou encore des Nasas de la région du Cauca en Colombie. Le Bien Vivre est fondé sur le concept selon lequel êtres humains et tous les êtres vivants appartiennent à un système, la Pacha Mama avec trois principes essentiels : prendre soin des êtres humains, prendre soin de la terre, de l’univers et vivre en communauté et solidarité. Dès lors, il est clair que la relation des populations autochtones était une relation de respect avec un principe d’harmonie entre ces trois principes, une vie en plénitude. Ces communautés ont continué à pratiquer à leur manière ces concepts du Buen Vivir.
Les films de cette édition (pas tous) présenteront des luttes de populations, communautés indigènes, associations civiles qui se battent pour avoir le droit de définir et mettre en œuvre un autre projet politique qui permette à tous les êtres vivants simplement de Vivre Bien ! Enfin les organisateur soulignent dans sa présentation les remerciements partenaires : l’Université Bordeaux Montaigne, tous les établissements scolaires qui nous accompagnent, l’équipe éducative et pédagogique, ainsi que les jeunes incarcérés au Quartier des Mineurs du Centre Pénitencier Bordeaux-Gradignan, l’Association des Cinémas de Proximité de Gironde, l’association Ciné réseaux et La Maison de Simone, le CCFD-Terre Solidaire, les médiatrices et médiateurs de la Région, tous nos partenaires médias et presse.
Depuis Cinéma Eustache
Rencontres du cinéma latino-américain, https://www.lesrencontreslatino.org