La Bolivie traverse une période d’instabilité sans précédent, marquée par une crise politique profonde, une économie vacillante et une société de plus en plus divisée. À l’approche des élections présidentielles d’août 2025, le pays semble plus polarisé que jamais, notamment en raison du rôle controversé d’Evo Morales, dont l’ombre continue de planer sur la scène politique nationale.
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Depuis plusieurs mois, Evo Morales, ancien président de la Bolivie, est au centre de nombreuses affaires judiciaires, accusé de traite d’êtres humains et soupçonné d’entretenir des liens avec des réseaux de trafic de coca. Il demeure une figure incontournable pour une partie de la population, notamment dans la région du Chapare, où il conserve une base de soutien solide. Malgré ces accusations, il mobilise activement ses partisans à travers des manifestations et blocages de routes, exacerbant ainsi les tensions et paralysant certaines régions du pays. En parallèle, les tensions entre Morales et le président actuel Luis Arce se sont transformées en une véritable guerre de pouvoir au sein du Mouvement vers le Socialisme (MAS), qui dominait jusqu’ici la vie politique bolivienne. Loin d’être une simple querelle interne, ce conflit a déjà entraîné des épisodes de violence, comme la prise en otage de plus de deux cents soldats après l’attaque de casernes militaires par des partisans de Morales.
Dans ce contexte explosif, l’économie du pays continue de se détériorer. La chute des échanges commerciaux de 12,3 % en 2023 et le passage d’un excédent commercial à un déficit de 0,6 milliard USD ont creusé l’incertitude économique. L’inflation galopante et la pénurie de dollars américains fragilisent encore davantage une population déjà éprouvée par la hausse du coût de la vie. Pendant ce temps, les blocages organisés par les partisans de Morales entravent les échanges commerciaux et aggravent la crise. Face à cette situation, Luis Arce peine à proposer des solutions convaincantes et voit son autorité de plus en plus contestée, aussi bien au sein de son propre parti que dans l’opinion publique.
Les Boliviens, pris en étau entre un gouvernement affaibli et une opposition divisée, voient leurs conditions de vie se détériorer de jour en jour. La montée des grèves et protestations témoigne d’un ras-le-bol général, notamment dans les communautés indigènes qui se sentent doublement impactées par la crise économique et l’exploitation croissante des ressources naturelles. Tandis que certains continuent de soutenir Morales par fidélité ou espoir d’un retour à une prospérité passée, d’autres dénoncent un cycle sans fin de corruption et d’instabilité politique.
Alors que le pays s’apprête à vivre une élection décisive ce 17 août , l’incertitude demeure. Evo Morales cherche par tous les moyens à valider sa candidature, pour un quatrième mandat, malgré les nombreux obstacles juridiques et scandales qui l’entourent. De son côté, Luis Arce tente tant bien que mal de maintenir son pouvoir malgré une légitimité de plus en plus contestée. Dans ce climat tendu, une seule chose est sûre : le peuple bolivien aura un rôle clé à jouer dans l’avenir du pays, et son choix pourrait bien redéfinir la trajectoire de la Bolivie pour les années à venir.
Ornella FELICE