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Les éditions Toute Latitude, au sein de la collection « Esprit latino », mettent à l’honneur Alfonsina Storni, figure incontournable de la poésie latino-américaine et pionnière d’un féminisme audacieux, qui a marqué l’histoire en Argentine. Poétesse, journaliste, artiste pluridisciplinaire, elle a su briser les codes d’une société profondément patriarcale et machiste. Elle a consacré sa vie à la lutte pour l’émancipation des femmes, tout en explorant avec finesse les méandres de l’amour et de la douleur.
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Née en Suisse en 1892, Alfonsina Storni a passé la majeure partie de sa vie en Argentine où, dès son plus jeune âge, elle a dû affronter des drames personnels : la perte précoce de ses parents. Élevée par sa grand-mère dans un environnement strict, elle découvre très tôt le pouvoir des mots, écrivant ses premiers poèmes dès l’âge de onze ans et travaillant dès l’âge de quatorze ans pour subvenir aux besoins de sa famille. Ses débuts dans le journalisme, notamment pour La Nación, lui ouvrent les portes d’une carrière littéraire où sa plume se fait à la fois douce, incisive et subversive.
Le recueil Langueur (1920), primé tant au niveau municipal que national, témoigne d’une approche humaniste et d’une sensibilité rare, explorant l’amour sous ses aspects lumineux et sombres. Parallèlement, elle met son écriture au service du combat pour l’émancipation des femmes, alliant la rigueur de son engagement à la douceur ironique de sa plume dans un contexte marqué par une société patriarcale et machiste.
À travers ses écrits rassemblés dans La Femme ennemie de la femme—publiés dans le supplément féminin de La Nación entre 1920 et 1921—Alfonsina Storni dépeint avec acuité la condition féminine, dénonçant les préjugés et les injustices d’un système oppressif. Aux côtés de figures telles que Gabriela Mistral et Victoria Ocampo, elle s’impose comme une voix révolutionnaire, revendiquant l’indépendance et la liberté dans un univers où le machisme et la domination patriarcale prédominent..
Sa fin tragique en 1938, choisie pour échapper aux affres d’un cancer, s’est soldée par un geste symbolique lorsqu’elle s’est jetée dans l’océan de Mar del Plata. Cet ultime acte a été magnifié par la chanson Alfonsina y el Mar de Ariel Ramírez et Félix Luna, reprise par de nombreux chanteurs tels que Miguel Bosé, Nana Mouskouri ou encore Mercedes Sosa. Ce vibrant hommage témoigne de la force de son héritage et rappelle que la force d’une femme libre et indépendante peut transformer la réalité et inspirer des générations entières à lutter pour l’égalité en Amérique latine et par delà les océans.
Ornella FELICE
La femme ennemie de la femme de Alfonsina Storni aux éditions Toute latitude. Traduit de l’espagnol (Argentine) par Laurent Tranier dans le cadre du programme « Sur » de Soutien aux traductions du Ministère des Affaires étrangères de la République d’Argentine.