Deux femmes leaders autochtones dont la ministre des Peuples Indigènes du Brésil distinguées par les Nations-Unies

Les Nations-Unies et son programme pour l’environnement a indiqué que le prix Champions de la Terre, la plus haute distinction environnementale des Nations-Unies qui récompense les pionniers des secteurs public et privé, de la société civile et du monde universitaire qui se trouvent à l’avant-garde des efforts visant à protéger les populations et la planète, a distingué Sonia Guajajara et Ana Bowers Cordalis. Les autres gagnants sont l’écologiste roumain Gabriel Paun, le scientifique chinois Lu Qi, l’écologiste indien Madhav Gadgil et l’initiative d’agriculture biologique Sekem, en Égypte.

Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE, a déclaré en annonçant la remise des prix que « les efforts des Champions de la Terre 2024 rappellent que la lutte pour la protection de nos terres, nos rivières et nos océans est un combat que nous pouvons gagner. » De plus, il ajouta : « Avec les bonnes politiques, les progrès scientifiques, les réformes du système, l’activisme, ainsi que le leadership vital et la sagesse des peuples autochtones, nous pouvons restaurer nos écosystèmes. » Le prix est décerné depuis 2005 et a été attribué à ce jour à 122 lauréats. Cette année, les nominations se sont concentrées sur la recherche de champions qui restaurent les terres dégradées, augmentent la résilience à la sécheresse et en préviennent la désertification.

Sonia Guajajara, appartenant au peuple Tenetehara, qui vit dans l’état amazonien du Maranhão dans le nord-est du Brésil, est devenue la première ministre des Peuples Indigènes du Brésil en 2023 et la première femme autochtone à être ministre dans son pays. Elle a été récompensée dans la catégorie Gouvernance politique, car elle défend les droits des peuples autochtones depuis plus de 20 ans. Le PNUE a souligné que sous sa direction, treize territoires ont été reconnus comme appartenant aux peuples autochtones dans le but d’éviter leur déforestation, l’exploitation forestière illégale et le trafic de drogue.

Ana Bowers Cordalis, avocate et militante du peuple indigène Yurok de l’État de Californie, à l’ouest des États-Unis, a reçu le prix dans la catégorie Inspiration et Action. Le PNUE a souligné que la militante « utilise son expérience juridique et sa passion pour la restauration forestière afin d’assurer un avenir meilleur à la tribu Yurok et à la rivière Klamath aux États-Unis. » Cordalis fut une figure clé dans la lutte des Yurok pour la démolition des barrages de la rivière Klamath et le rétablissement des populations de saumons et du lit de la rivière qui constituent la base traditionnelle des moyens de subsistance de ce peuple autochtone.

Gabriel Paun est le fondateur d’Agent Green, une organisation non gouvernementale qui contribue à sauver des milliers d’hectares de biodiversité dans les Carpates depuis 2009, en dénonçant la destruction et l’exploitation illégale de la forêt la plus ancienne d’Europe. Il a reçu des menaces de mort et a été agressé physiquement pour son travail de recherche sur la déforestation dans une zone vitale pour l’écosystème, qui abrite une biodiversité unique, comme les lynx et les loups, des espèces en voie de disparition.

Lu Qi, quant à lui, a été récompensé dans la catégorie Science et Innovation. Depuis trois décennies, il travaille dans les domaines scientifique et politique, en aidant la Chine à inverser la dégradation et à réduire ses déserts. En tant que scientifique en chef de l’Académie chinoise des forêts et président fondateur de l’Institut de la Grande Muraille Verte, M. Lu Qi a joué un rôle prépondérant dans la mise en œuvre du plus grand projet de reboisement au monde, visant à ralentir l’avancée du désert de Gobi en Asie.

Par ailleurs, Madhav Gadgil a été récompensé dans la catégorie « Œuvre d’une vie », après avoir passé des décennies à protéger les populations, grâce à la recherche et l’engagement communautaire. « Le travail de Gadgil a grandement influencé l’opinion publique et la politique officielle en matière de protection des ressources naturelles », a noté le PNUE, ainsi que « son travail fondamental dans la région écologiquement fragile des Ghâts occidentaux (montagnes du sud de l’Inde), un domaine unique » de la biodiversité mondiale.

Enfin, l’initiative Sekem en Égypte a été récompensée dans la catégorie Business Vision pour avoir aidé les agriculteurs à faire la transition vers une agriculture plus durable. Selon le PNUE, sa promotion de l’agriculture biodynamique, ainsi que ses travaux de boisement et de reboisement, ont transformé de vastes étendues de désert en entreprises agricoles florissantes, favorisant le développement durable à travers le pays.