Le film « Saint-Ex » par le franco-argentin Pablo Agüero, un film sur Antoine de Saint-Exupéry – Les avis sont partagés

En 1930, Antoine de Saint-Exupéry, pilote de l’Aéropostale (Louis Garrel), se lance à la recherche de son ami, le meilleur pilote de la compagnie (Vincent Cassel), suite à sa disparition mystérieuse dans la cordillère des Andes. Explorant les paysages magnifiques de l’Argentine, Saint-Ex part ainsi à sa recherche, animé par ses rêves et la force de sa volonté. 

Ce film, qui fait le lien entre l’Amérique Latine et la France, s’inspire de la figure d’Antoine de Saint Exupéry : Né en 1900 à Lyon au 8 rue du Peyrat (aujourd’hui renommée rue Saint-Exupéry), près de Bellecour, et mort en 1944 au large des côtes marseillaises. De Saint Exupéry est devenu pilote de l’Aéropostale en 1926, après son service militaire.

Au cours de ses voyages entre les deux continents, il écrit des livres en s’inspirant de ses expériences d’aviateurs. Il remporte notamment un grand succès avec Courrier Sud en 1929 et reçoit le prix FEMINA en 1931 pour Vol de Nuit. Lors de la guerre civile espagnole (1936-1939), il se fait journaliste de guerre, et y continue son œuvre d’écrivain. Finalement, il meurt tragiquement en 1944 au large des côtes de Marseille, abattu lors d’une mission militaire. Il est surtout connu aujourd’hui pour Le Petit Prince, paru en 1943. Il s’agit d’un conte philosophique qui mêle légèreté enfantine et pessimisme quant à la nature humaine.

C’est notamment dans ce livre qu’on retrouve la fameuse citation : « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. » « La fin d’une chose marque le commencement d’une nouvelle », une autre citation provenant du même livre, semble ici entrer en écho avec le film de Pablo Agüero. Ce dernier, né en 1977, est un scénariste et réalisateur franco-argentin originaire de la ville de Mendoza. Il a travaillé avec John Cale du Velvet Underground, et les acteurs Gael Garcia BernalDenis Lavant et Imanol Arias. Son film Eva no duerme fut le plus primé des Condor de 2016 (l’équivalent argentins des César). De même en 2020, son dernier film Les sorcières d’Akelarre, fut autant primé aux Goyas (César espagnols). Ainsi, le 12 décembre sort en salle Saint-Ex, un film sous l’égide d’un fameux réalisateur franco-argentineUn film qui s’inspire de la vie d’un pilote lyonnais perdu dans la cordillère des Andes. Un film que l’on a hâte de voir à l’écran !

Porter à l’écran la vie de l’auteur du Petit Prince, voilà qui tombe sous le sens. Le résultat n’a pourtant rien d’une évidence. Un ton curieusement fantaisiste ouvre ce film centré sur le séjour sud-américain d’Antoine de Saint-Exupéry, qui s’installa en Argentine en 1929, à 29 ans, comme pilote employé par l’Aéropostale. Dans un ciel de studio à l’artifice revendiqué, le héros français, qui prend le visage peu ressemblant de Louis Garrel, apparaît comme une vraie tête en l’air. Il semble ailleurs, se moque de la peur et finit par embarquer un phoque à bord de son coucou. Il s’agit de saluer l’imagination et la liberté d’un homme qui resta génialement à part (et garda un bébé phoque dans la baignoire de son appartement à Buenos Aires), mais la belle intention se traduit d’une manière trop volontariste et abrupte.

Ce Saint-Ex a bien du mal à décoller.S’il persiste à fuir le réalisme et stylise le passé d’une manière peu convaincante, le film s’ouvre aussi aux vrais paysages de la Patagonie et de la cordillère des Andes pour reconstituer la grande aventure de la disparition de l’avion d’Henri Guillaumet, coéquipier et ami que va rechercher partout Antoine de Saint-Exupéry, multipliant les vols de reconnaissance les plus déraisonnables. Une démesure géographique et humaine gagne alors cette reconstitution qui manquait d’ampleur. Même le jeu de pistes avec l’univers de l’écrivain se fait plus parlant : auprès du cabossé Guillaumet-Vincent Cassel, l’air juvénile de Louis Garrel devient bel et bien celui d’un Petit Prince. Sensible aux rêves de Saint-Exupéry, le réalisateur Pablo Agüero, né en Argentine, a lui-même voulu oser la poésie, ouvrir un horizon nouveau. Son hommage à Saint-Ex n’est pas totalement volatil, mais reste dans un entre-deux bancal, entre invention et convention.

F. S. Télérama