Comment pouvons-nous espérer changer le monde sans modifier les outils pour le penser. L’anthropologue Colombien Arturo Escobar nous invite à revoir notre manière d’être au monde : en finir avec le développent, la productivité et la dictature des besoins, ne plus occuper la Terre mais l’habiter, et reconnaître l’inter-existence fondamentale de plusieurs mondes. Son essai vient de paraître aux éditions Zulma.
Photo : éditions Zulma
Arturo Escobar est un anthropologue colombien de renom, professeur émérite à l’université de Caroline du Nord à Chapel Hill. Ses recherches, centrées sur l’environnement, la biodiversité et les droits des communautés autochtones, le positionnent comme une figure de proue dans la réflexion sur l’émergence de nouveaux rapports aux monde(s). Il a notamment publié Encountering Development en 1995 et Sentir-Penser avec la Terre en 2018 (Seuil).
La plupart des luttes actuelles considèrent comme acquise la pensée hégémonique dont l’ontologie dualiste réduit tout à un rapport humain/non humain, sujet/objet – sans lequel la plupart des combats n’existeraient pas (contre le capitalisme, le changement climatique, le racisme, le sexisme, les discriminations, pour le décolonialisme…). Il est nécessaire de changer des outils, de sortir de ce rapport dualiste et surtout de ne pas compter sur les institutions, les États, les grandes entreprises, pour agir : comment reconstruire le monde et créer des mondes véritablement nouveaux avec les catégories que poussent à la détruire… ?
Arturo Escobar s’inspire de la pensée critique latino-américaine, riche de tous ses mouvements enter zapatistes, indigènes et descendants afro-colombiens du Pacifique, à l’image des Nasa, peuple autochtone du nord-ouest de la Colombie qui lutte depuis la Conquête pour récupérer les terres, revitaliser, reconstruire, reproduire la vie : libérer la Terre pour libérer les communautés.
L’occident a imposé la notion d’un mode-fait-d ’un seul-monde et s’est arrogé le droit d’être ce monde, soumettant tous les autres à ses règles, les condamnant à la subordination ou à l’inexistence. La meilleure façon d’y résister consiste en une approche d coloniale et éthologique. Sortir de la pensée unique, affirmer le monde pluriel – les plurivers – c’est permettre aux autres mondes possibles d’être multiples. Et à des futurs radicalement différents d’émerger enfin.
D’après Zulma
Un autre possible est possible par Arturo Escobar, traduit de l’espagnol (Colombie) par Claude Rougier aux éditions Zulma, 368 p. 22 euros 50.