Ne perdez pas le fil. Cet automne, la Maison de l’Amérique latine réunit dix-sept artistes latino-américains reconnus dans un parcours célébrant cette scène contemporaine prolifique, avec pour fil rouge… De1960 à nos jours. Du 10 octobre 2024 au 16 janvier 2025.
La Maison de l’Amérique latine a le plaisir de présenter l’exposition Une brève histoire de fils qui se tiendra à Paris, du 10 octobre 2024 au 16 janvier 2025. Proposée par la commissaire d’exposition Domitille d’Orgeval, elle réunit 17 artistes originaires d’Amérique latine, aujourd’hui reconnus sur la scène internationale, dont les œuvres, réalisées entre les années 1960 jusqu’à nos jours, privilégient le fil, le tissage, le tressage et le nouage.
Tissage, tressage, nouage, l’exposition décline sous toutes ses coutures ce motif profondément ancré dans la culture des peuples indigènes. Avec une inventivité débordante, les artistes déroulent le fil de ces influences centenaires pour les faire dialoguer avec le monde moderne, à l’image de la jeune Kenia Almaraz Murillo. Dans ses créations hybrides, l’artiste bolivienne organise un mariage inattendu entre les matières textiles, les fibres animales et les objets manufacturés : ne soyez pas surpris de trouver des phares de scooter au milieu d’un tissage en laine d’alpaga. Vous l’aurez compris, nous sommes ici en présence d’un véritable laboratoire esthétique, dans lequel des plasticiens surdoués rivalisent de créativité pour explorer les potentialités de leur matériau. Qu’il s’agisse des broderies en cheveux naturels de Laura Sánchez Filomenoou bien de l’imposante installation Colorial, constituée de quelque trois cents bobines de fils, vous êtes ici plongés dans un authentique festival de la matière, où l’art s’autorise à être ludique. Car entre jeu et création artistique, la différence ne tient parfois qu’à un fil.
Ces pratiques, ancrées dans des traditions vernaculaires de l’Amérique latine, renvoient à des mémoires lointaines, à des archétypes qui ont façonné l’expérience humaine à travers les cultures et les générations. Prenons l’exemple des indiens Kogi en Colombie pour lesquels le fil, véritablement sanctifié, « représente l’union magique entre le temporel et le spirituel, l’instant et l’éternité, l’humain et le divin » (Manuel Hormaza). Citons aussi dans la culture inca les quipus ou dispositifs constitués de cordelettes formant des nœuds utilisés pour encoder une multitude d’informations, allant des statistiques agricoles aux récits historiques. Enfin, dans l’imaginaire occidental, le fil est au cœur de grands récits mythologiques comme celui des Parques, d’Ariane ou de Pénélope, où il symbolise la destinée humaine, le chemin salvateur et l’amour indéfectible.
Artistes : Kenia Almaraz Murillo, Olga de Amaral, Milton Becerra, Inés Blumencweig, Iván Contreras Brunet, Elias Crespin, Jorge Eielson, Vanessa Enríquez, Sidival Fila, Gego, Martha Le Parc, Anna Maria Maiolino, Sandra Monterroso, Laura Sánchez Filomeno, Jesús Rafael Soto, Cecilia Vicuña, Natalia Villanueva Linares.
Maison de l’Amérique latine
217 bd. Saint-Germain – Paris