Claudia Sheinbaum : l’aube d’une nouvelle ère pour le Mexique!

Claudia Sheinbaum a été élue présidente du Mexique, marquant ainsi un tournant politique majeur dans le pays. Elle est la première femme à occuper ce poste. Son élection suscite beaucoup d’enthousiasme et d’espoir pour l’avenir du Mexique…mais aussi quelques critiques !

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L’événement historique marquant la présidence d’une femme au Mexique est l’élection de Claudia Sheinbaum en tant que première femme présidente du pays en 2024. Cet événement représente une avancée symbolique et significative pour la représentation des femmes dans la politique mexicaine, un domaine historiquement dominé par les hommes. Devenant la première femme à diriger le pays. Sa prise de fonction a suscité de nombreuses attentes, en particulier sur le plan des réformes sociales et des droits des femmes. Elle a promis de poursuivre plusieurs politiques sociales de son prédécesseur, Andrés Manuel López Obrador (AMLO), tout en introduisant des réformes significatives. Un défi de taille pour la nouvelle présidente. L’une des priorités de Sheinbaum est de renforcer les droits des femmes en annonçant un ensemble de réformes constitutionnelles visant à améliorer les droits des femmes et à combattre la violence de genre, un problème grave au Mexique avec plus de 3 000 féminicides chaque année. Ces réformes visent une augmentation des aides pour les femmes et les enfants, ainsi qu’une révision des mécanismes de justice pour mieux protéger les victimes de violence.

Claudia Sheinbaum a été élue maire de la capitale mexicaine en 2018, où elle a mis en œuvre des politiques progressistes axées sur la durabilité, l’égalité sociale et la sécurité. Aujourd’hui, en tant que présidente, elle a promis de continuer sur cette lancée, en mettant l’accent sur des réformes qui favorisent l’inclusion et la justice sociale, tout en s’attaquant aux problèmes économiques et de sécurité qui touchent le pays. En tant qu’ancienne scientifique du GIEC, Sheinbaum a toujours mis l’accent sur les questions de durabilité. À Mexico, elle a promu le développement des transports publics électriques et la construction de pistes cyclables. En tant que présidente, elle compte renforcer ces initiatives à l’échelle nationale, en favorisant les énergies renouvelables annonçant des investissements de plus de 13 milliards de dollars et en réduisant les émissions de carbone. Le Mexique étant soumis a une importante sécheresse depuis plusieurs années maintenant, la présidente pourrait se retrouver face a un problème majeur : une pénurie d’eau. Faisant ainsi de la gestion de l’eau une priorité, elle propose un plan national visant à moderniser les infrastructures de gestion de l’eau du pays et à réaliser des économies.

Mme Sheinbaum s’est également engagée à réduire les inégalités sociales en mettant en place des programmes visant à améliorer l’accès à l’éducation et à augmenter le salaire minimum avec des hausses pouvant aller jusqu’à 11 %. En tant que présidente, elle entend poursuivre ces initiatives en offrant des bourses aux étudiants issus de milieux défavorisés et en augmentant significativement les salaires. La sécurité est un autre pilier de son programme. Elle a promis de renforcer les mesures contre les violences sexistes et de lutter contre les féminicides en augmentant les budgets alloués à ces causes. De plus, elle prévoit de prendre des mesures strictes pour assurer la sécurité des citoyens, des candidats politiques et tout particulièrement les journalistes. Elle reconnaît les défis auxquels la presse mexicaine est confrontée, notamment les menaces et la violence contre les journalistes. En tant que présidente, elle a promis de mettre en œuvre plusieurs réformes pour améliorer la situation de la presse et garantir la liberté d’expression. La présidente prévoit d’augmenter les mécanismes de protection et les ressources pour assurer la sécurité des journalistes, renforcer les enquêtes et les poursuites judiciaires pour les crimes commis a leur encontre, aider les médias indépendants à prospérer en offrant des subventions et des incitations fiscales et améliorer l’accès des journalistes aux informations gouvernementales et promouvoir la transparence dans les affaires publiques.

Claudia Sheinbaum a confirmé sa fermeté sur les questions de sécurité et a démontré son engagement à maintenir l’ordre et à protéger les droits des migrants. Ce jeudi 3 octobre 2024, lors d’un meeting matinal, elle a exprimé son indignation après que six migrants ont été tués par des soldats dans l’État du Chiapas, près de la frontière avec le Guatemala. Les victimes étaient originaires d’Égypte, du Salvador et du Pérou. Sheinbaum a qualifié cet incident de “lamentable” et a promis une enquête approfondie ainsi que des sanctions contre les responsables. Les soldats impliqués ont déjà été mis à disposition du parquet général.

La nouvelle présidente a même exprimé son intention de renforcer les relations avec les pays d’Amérique latine (Amlat). Elle souhaite promouvoir une coopération plus étroite dans divers domaines tels que l’économie, la sécurité, et les questions sociales. Cette approche vise à créer une alliance régionale plus solide pour faire face aux défis communs et promouvoir le développement mutuel. En approfondissant ces relations, elle espère également renforcer la position du Mexique sur la scène internationale et encourager des politiques de développement durable et de justice sociale à travers la région. Néanmoins, comme tout leader, la présidente se retrouve fasse a des critiques. Malgré toutes ses réformes prometteuses, certains restent sceptiques quant à sa capacité à apporter des changements majeurs, estimant que ses réformes judiciaires visant à élire les magistrats et juges fédéraux au suffrage universel à partir de 2025 sont trop radicales et craignent qu’elles n’affectent l’indépendance du système judiciaire. Elle a également été critiquée pour sa gestion lors de l’effondrement de l’école Rebsamen pendant le séisme de 2017 à Mexico, où dix-neuf enfants et sept adultes ont perdu la vie. Cet incident s’est produit dans un secteur qu’elle dirigeait à l’époque. Les critiques ont pointé du doigt des manquements dans les inspections de sécurité et la gestion des infrastructures scolaires.

Concernant les programmes sociaux et les réformes constitutionnelles lancées sous AMLO, certains craignent qu’elle ne marche sur les pas de son prédécesseur, principalement en ce qui concerne la question des violences liées aux cartels, un problème persistant et complexe au Mexique. Les stratégies de sécurité de son prédécesseur ont été critiquées pour leur inefficacité, et certains pensent qu’elle pourrait suivre une approche similaire. Bien que Sheinbaum ait promis de lutter contre la corruption, certains restent sceptiques quant à sa capacité à apporter des changements significatifs. Elle a mis en avant des mesures telles que la numérisation des procédures et la simplification des processus bureaucratiques pour réduire la corruption. Cependant, la mise en œuvre de ces réformes est souvent complexe et peut rencontrer une forte résistance étant donné que la corruption est profondément enracinée dans de nombreuses institutions mexicaines. Son mandat s’annonce donc complexe, entre continuité avec les politiques sociales populaires d’AMLO et la nécessité de répondre aux attentes d’une population confrontée à de nombreux défis socio-économiques et environnementaux. La nouvelle présidente devra continuer à prouver son efficacité pour maintenir le soutien de la population.

D’après la presse
Naila IGHIL LARBA
Baya SLAOUTI