Du 20 septembre au 18 octobre prochain l’Espace culturel latino-américain de Lyon, reçois l’exposition des photographies de Carla Lesueur et Caroline Lestienne qui proposent leur travail avec un seul appareil, un seul trépied, et l’association de leurs deux regards le protocole le plus cohérent. Vernissage le vendredi 20 septembre dès 18 h.
Photo : Carla Lesueur – Caroline Lestienne
Depuis le début des années 1990, les populations boliviennes nagent dans un climat de fortes tensions politiques concernant la gestion de l’eau dans le pays. En 2000, un conflit appelé « guerre de l’eau » éclate dans la ville de Cochabamba. Un mouvement social dirigé par la Coordination de Défense de l’Eau et de la Vie (CDEV), s’oppose au gouvernement national sur la concession des services de l’eau à une entreprise privée transnationale, Aguas del Tunari. L’élection d’Evo Morales à la présidence du pays en 2006 constitue ainsi un véritable espoir pour la gauche latino-américaine. Défense des droits autochtones, promotion du concept du « buen vivir » (vivre bien), constitutionnalisation des droits de la Pachamama (Terre Mère), organisation d’une Conférence mondiale des peuples sur les changements climatiques : ce gouvernement issu des mouvements sociaux affiche clairement sa volonté de rupture avec le néolibéralisme.
Mais en parallèle, celui-ci ne résiste pas à la tentation d’accroître l’exploitation des ressources naturelles du pays, et notamment celles des nombreuses mines d’argent, de zinc, de plomb… comptants parmi les industries les plus polluantes. La crise de l’eau qui secoue la capitale de La Paz en novembre 2016, impliquant une coupure du service dans 94 quartiers de la zone Sud, remet en cause et illustre alors parfaitement les paradoxes de la politique hydrique gouvernementale. Additionnée au dérèglement climatique, et à d’autres facteurs anthropiques, cette politique a un impact considérable sur la possibilité pour les populations boliviennes d’avoir un accès viable et égalitaire à l’eau potable. Notre série s’envisage ainsi comme un documentaire au long cours explorant ces différentes problématiques liées à l’eau dans le pays, et plus particulièrement dans l’Altiplano (région des Andes, s’étendant principalement en Bolivie, formant une haute plaine entre les Cordillères occidentale et orientale et dans laquelle le réchauffement climatique est considéré comme étant cinq fois plus rapide et important).
Poursuivant toutes les deux un travail photographique personnel autour des thématiques de l’eau et de l’environnement, le territoire bolivien et les différents enjeux qui lui sont attachés ont ainsi raisonné comme une évidence. Nous avons souhaité étendre notre travail à un pays se trouvant tout particulièrement au cœur de ces thématiques. Ainsi, partir avec un seul appareil, un seul trépied, et l’association de nos deux regards nous a paru être le protocole le plus cohérent. C’est dans un esprit d’équipe que la confiance, la complémentarité, et l’entraide ont été les clés de notre démarche.
Un travail de recherche en amont, ainsi qu’un recueil de témoignages sur place nous ont permis d’identifier les différentes spécificités de chacun des lieux dans lesquels nous nous sommes rendues. Nous les avons arpentés avec la ferme intention non seulement de donner à voir le problème de l’eau à travers ces spécificités, (qu’elles soient liées à leur emplacement, leur culture, leurs activités économiques ou encore leur histoire) mais aussi de donner à voir les rapports qu’entretiennent les populations avec ces territoires. Dès lors, qu’elle s’affirme de manière tangible ou suggérée, la présence humaine est commune à chacune de nos images. Par ailleurs, les paysages aux lumières et aux couleurs douces qui composent notre corpus viennent nettement contraster avec la réalité de ces lieux. Enfin, l’assemblage d’images abstraites.
Carla Lesueur
Née en 1999, j’entreprends dès la fin du lycée des études de droit et sciences-politiques dans les Universités de Nice, Aix-en-Provence et Lyon. En 2020, j’obtiens un Master 1 spécialisation Droit et Administration Publique, mais véritablement animée depuis toujours par le milieu de la culture et de l’art en général, c’est à la pratique de la photographie que je me consacre à plein temps. C’est en ce sens que je décide de me ré-orienter vers une école de photographie et d’image à Lyon en 2021, l’école Bloo.
Depuis la fin de mes études, j’ai été amenée à réaliser plusieurs travaux de commande, notamment dans le milieu de l’évènementiel culturel et en parallèle, j’ai également mené plusieurs travaux personnels au long cours. Lors de mon apprentissage à Bloo, je n’ai eu de cesse d’être influencée par mes précédentes études. L’organisation de la société en général et le rapport qu’entretiennent les populations à leur territoire que j’avais étudié théoriquement pendant quatre ans de cursus universitaire, ont continué d’être au cœur de mon travail photographique. C’est donc tout naturellement que je me suis spécialisée dans la photographie de paysage qui me permet de mettre en lumière ces rapports et d’interroger notre monde contemporain. Au moyen du médium photographique, je tente de donner à voir l’évolution des territoires et les enjeux qui leur sont attachés, sous un angle documentaire.
Mon approche de la photographie est aussi plus plastique, notamment grâce à l’appareil argentique et aux pellicules que je développe et tire moi-même. Ce procédé, mêlé à un important travail de post-production, me permet de questionner le rapport de l’anthropocène au paysage dans ce qu’il a de contemplatif. Mes séries en noir et blanc constituent un corpus d’images à la frontière entre rêve et réalité, venant brouiller et remettre en question notre perception du paysage moderne.
Caroline Lestienne
Née à Six-Fours-les-Plages en 2001, je suis spécialisée dans la photographie documentaire. Bercée par la passion de ma mère, je n’ai eu de cesse d’apprendre la photographie à ses côtés dans notre maison familiale à la Ciotat. Mon attrait pour la mer va être un élément déclencheur dans mes multiples travaux. Très vite mon rapport à la nature et à l’écologie prend une grande place dans ma vie. Partie à Lyon afin d’entamer un BTS de gestion et protection de la nature, je me rends compte au cours de mon cursus scolaire que je suis animée depuis toujours par la photographie. L’école de photographie Bloo, à Lyon, sera un déclic dans ma quête photographie. Les multiples ateliers auxquels j’ai eu la chance de participer, et notamment celui sur le paysage, vont être une révélation et m’amener sur le chemin de la photographie contemporaine documentaire. Mes travaux s’articulent principalement autour de la question de l’eau et des enjeux environnementaux qui lui sont attachés.
D’après le dossier de presse