Une vie pleine de sens est son quatrième roman aux éditions Métailié. Son éditeur français le présente comme « l’une des dernières incarnations de l’esprit de la Renaissance ». La raison ? La multiplicité de de ses expressions artistiques : en peinture, en photographie, mais aussi par l’entremise du cinéma et la vidéo, de la musique, et donc de la littérature.
Photo : Éd. Métailié
Le natif de Montevideo a publié sept fictions, et s’est vu décerner à trois reprises le Prix National de Littérature uruguayen, en 1996, 2019 et en 2022 pour le roman qui vient de paraître. On y suit David Badenbauer, neurophysiologiste sceptique, qui voit sa vie s’effondrer lorsqu’il choisit Berlin et son éditeur plutôt que l’inauguration de l’exposition scolaire de son fils. À son retour, sa famille l’a abandonné, son compte en banque est vidé, et il se retrouve à survivre dans un local de stockage, soutenu par un rabbin qui l’aide à se réinventer…
Pablo Casacuberta est l’une des dernières incarnations de l’esprit de la Renaissance qui se lance à l’abordage de l’art en pratiquant le plus grand nombre de ses expressions, dans son cas la littérature, la peinture, la photographie, le cinéma et la vidéo. Il a été sélectionné en 2007 par le Hay Festival pour le groupe Bogotá 39, réunissant les écrivains latino-américains de moins de quarante ans les plus prometteurs. Il est l’auteur de cinq romans devenus cultes dans toute l’Amérique latine.
David Badenbauer étudie la façon dont la communication se fait entre les synapses, et comment les cellules doivent pouvoir s’ouvrir un peu pour accueillir les informations et rester en vie. Incurable sceptique, David parcourt un chemin accidenté de gaffes et de maladresses. Cet homme frustré se voit privé de tout, par une hostilité qu’il attribue toujours aux autres, et pratique une fuite en avant désespérée. Pour s’échapper, il a recours à une auto-ironie cruelle.
David, l’orphelin, va être expulsé de la vie qu’il s’est construite le jour où il préfère partir à Berlin pour voir son éditeur que d’assister à l’inauguration d’une exposition d’aquarelles de l’école de son fils. À son retour il retrouve la maison fermée, son compte en banque vidé, sa femme et son fils installés chez le père de cette dernière, un psychanalyste pompeux qui le déteste, et il va subir un grand divorce à l’ancienne. Mis sur la paille, il survit dans un local de stockage grâce à la bonté du propriétaire des lieux et à la bienveillance d’un rabbin qui lui apprend à perdre.
Il devra beaucoup changer pour pouvoir sortir de l’ornière économique et faire taire tous ses préjugés pour écrire un livre de commande de développement personnel très particulier. Mais tous les livres sont des livres de développement personnel, dit l’un des personnages de ce roman délirant. Un miracle d’humour et de dérision ! Un auteur dont les livres ne vous quittent plus.
D’après les Éditions Métailié
Une vie pleine de sens de Pablo Casacuberta, traduit de l’espagnol (Uruguay) par François Gaudry, 336 p. 22 euros.
PS : Coup du hasard, au moment de la sortie de ce roman en Amérique latine, le Nobel de médecine a été décerné à une équipe qui travaillait sur ce même thème de l’ouverture des cellules dans la synapse.