Ramón Oviedo : il aurait eu cent ans – « Découvrir, voir et revoir l’œuvre d’un maître de la peinture latino-américaine »…

Né en 1924 en République dominicaine, Ramón Oviedo aurait eu cent ans cette année. Décédé en 2015, le peintre a déployé une œuvre singulière et imposante sur 50 ans et a été consacré dans son pays comme le « Maître illustre de la peinture dominicaine ». À l’occasion de son anniversaire, il a été très présent dans plusieurs expositions nationales, mais sa pleine reconnaissance internationale est à venir. Des œuvres sont exposées de manière permanente en France, en Italie, à Washington.

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Ramón Oviedo est une figure-clé de l’art contemporain latino-américain et caraïbéen. Par son esthétique et ses thèmes, il a renouvelé la perception de ce qu’est une rencontre interculturelle qui fusionne les arts latino-américains, européens, précolombiens et africains. Cette universalité ne noie pas une forte identité comme cela se voit également chez des peintres tels que le Péruvien Fernando de Szylo et l’Équatorien Oswaldo Guayasamin qui disait de son camarade dominicain qu’il proposait une « explosion de couleurs et de formes inédites ». En 2000, il a participé à l’exposition collective « Espaces des Amériques » aux côtés de Lam, Matta, Segui, Cardenas… exposition présentée en France et dans divers pays d’Amérique latine et des Caraïbes. Cette exposition avait été conçue par Édouard Glissant comme le début de la collection d’un musée martiniquais des arts des Amériques qui n’a pas vu le jour.

Indifférent aux étiquettes académiques, Ramón Oviedo propose une fusion de l’expressionnisme, de l’abstraction et du réalisme. De ce point de vue, ses nombreux autoportraits sont édifiants, ils le montrent dans sa gravité, son non-conformisme, son auto-dérision, ses interrogations dans une représentation troublée de l’objectivité. C’est justement un autoportrait de Ramón Oviedo que La Galerie des Offices (Florence, Italie) accueille depuis 1999 dans sa collection des portraits des plus grands artistes.
L’anniversaire des 100 ans a été l’occasion de nombreuses expositions publiques et privées dans son pays. À l’étranger, on espère en 2025 une exposition rétrospective de son œuvre, en France et/ou en Espagne où il est plus connu et reconnu, ce qui lui rendrait justice en lui donnant toute sa place dans le panorama de l’art contemporain latino-américain.

Dans une exposition rétrospective organisée en 2004 par le Centre culturel espagnol en République dominicaine, consacrée à la production du peintre dans la décennie basculant dans le XXIe siècle (1994-2003), la commissaire de l’exposition Cecira Armitano mettait en garde les contemporains contre la tentation de pétrifier l’artiste dans une école et soulignait le caractère singulier de cette œuvre ouverte à des dimensions poétiques, philosophiques et musicales. « Son œuvre, imprégnée de liberté et caractérisée par une succession bouleversante d’investigations, d’explorations et de métamorphoses (…) continue d’inspirer les artistes de son pays, pour beaucoup jeunes, qui l’admirent au-delà de la qualité incontestable de sa proposition esthétique… » Homme libre, créateur indomptable, ennemi de l’immobilité, Ramón Oviedo reste à découvrir pour la singularité et la force de son œuvre dans le panorama de l’art latino-américain et européen avec lequel il n’a eu de cesse de dialoguer par le dessin, la peinture et les œuvres murales[i].