Patricia Melo fait la peau au féminicide avec « Celles qu’on tue » qui vient de paraître aux éditions Buchet Chastel

Brésilienne, l’autrice signe un roman policier brutal sur le fléau des crimes sexistes dans son pays. On ne ressort pas indemne de Celles qu’on tue. Dans le supplément d’été du journal Libération « Le tour du monde en 80 polars » elle répond dans un entretien que depuis ses premiers romans, elle s’est centrée sur une cartographie de la violence, mixant polar, colère et fait divers.

Photo : Buchet Chastel

Patricia Melo a d’abord travaillé comme scénariste pour la télévision. À partir de 1993, elle signe des épisodes du feuilleton A Banquira do povo et quelques adaptations pour des téléfilms, notamment  d’Élémentaire, ma chère Sarah (O Xango de Baker Street) de Jô Soares. En 1994, elle se lance dans le roman policier avec Acqua Toffana. Depuis, elle explore l’univers violent des quartiers pauvres dans O Matador : le tueur (Ô Matador), puis dans Enfer, qui raconte, de façon très réaliste, l’ascension et la chute d’un caïd de la drogue dans une favela de Rio de Janeiro. Le roman est récompensé par le prix Jabuti 2021, l’un des prix littéraires brésiliens les plus prestigieux. 

En 2010, elle signe Le voleur de cadavres, roman noir qui se déroule dans la chaleur torride du Brésil. Un livre fort qui interroge la mince frontière qui sépare le bien et le mal. Son roman, Celles qu’on tue (Mulheres empilhadas, 2019) nous embarque entre réalité et cauchemar, dans une enquête où la violence prime sur la loi.  Patricia Melo a quitté São Paulo pour la Suisse, où elle vit avec son mari, le chef d’orchestre John Neschling (1947), qu’elle a épousé en 2012.

Brésil, État de l’Acre. Une jeune avocate originaire de São Paulo se rend dans cette région partiellement couverte par la forêt amazonienne pour suivre le procès des assassins d’une jeune indigène. Sur place, elle découvre la beauté hypnotique et mystérieuse de la jungle, mais aussi sa part sombre, les injustices et les tragédies vécues au quotidien par les populations locales. S’initiant aux rituels ancestraux des peuples indigènes d’Amazonie et notamment à la prise de l’ayahuasca, un puissant hallucinogène, la jeune femme s’engage dans une quête de justice, pour les femmes qui l’entourent et pour elle-même. Le roman de Patricia Melo nous embarque entre réalité et cauchemar, dans une enquête où la violence prime sur la loi. En choisissant de tenir son intrigue dans l’État de l’Acre, dans le ventre de la jungle, l’autrice brésilienne montre la violence infligée aux femmes, mais aussi à la nature : celles qu’on tue dans l’indifférence.