Aux Éditions du Sous-Sol vient de paraître « L’Absence est une femme aux cheveux noirs » par la journaliste Émilienne Malfatto et le photographe colombien Rafael Roa… Alors que l’Argentine connaît un nouveau basculement avec l’arrivée de Javier Milei, les auteurs nous livrent un pays qui, quarante ans après les faits « ne veut pas se souvenir ».
photo : Ed. Sous-sol
C’est un pays qui veut et qui ne veut pas se souvenir. Ce sont les fantômes de la dictature et les noyés d’un fleuve mensonger. C’est la recherche d’une forme de vérité et d’une mémoire fuyante dans les rues de Buenos Aires et dans les villes argentines où trente mille personnes ont disparu lors de la dernière dictature (1976-1983), et où des centaines d’enfants furent volés par les militaires pour éradiquer le “gène rouge”. Quarante ans après le retour de la démocratie, dans un pays qui vient de voter contre lui-même, il manque encore des gens en Argentine. Les disparus le sont toujours. Les familles attendent. Certaines personnes ignorent qui elles sont réellement. Dans ce flou permanent, une femme, la narratrice, cherche à percevoir des fragments de cette mémoire voilée et volée sur une terre où, peut‑être, s’est jouée une partie de sa propre histoire familiale.
L’absence est une femme aux cheveux noirs est fait d’images de flou et d’ombres, des photographies comme des éclairs de songes, et un texte fragmenté, comme des trous de mémoire, comme un monologue qui parfois s’emballe et devient fou. Et où, pourtant, tout est vrai. Une déambulation littéraire et visuelle puissante, où les stigmates du passé se réveillent au contact d’un présent terrible.
Émilienne Malfatto est une auteure, photojournaliste et photographe documentaire indépendante française née en 1989. Elle est lauréate du prix Goncourt du premier roman 2021 pour son livre Que sur toi se lamente le Tigre et du prix Albert-Londres pour Les serpents viendront pour toi : une histoire colombienne.
Rafael Roa est né en Colombie, il est photographe et réalisateur. Il a travaillé sur le conflit armé colombien et la question de la mémoire familiale. Son travail en Argentine s’inscrit dans la continuité de cette trajectoire, avec une photographie sensible et évocatrice, un regard résolument singulier.
D’après agences
L’Absence est une femme aux cheveux noirs par Emilienne Malfatto et Rafael Roa aux Éditions du Sous-Sol, 192 p., 22 euros