Après l’assassinat d’un sicario dans une petite ville mexicaine, Sujo, son fils de quatre ans, se retrouve orphelin et en danger. Sa tante est obligée de l’élever isolé à la campagne, mais l’ombre de la violence va poursuivre Sujo à chaque étape de sa vie. Comme si le destin de son père devait se confondre avec le sien…
Photo : Allociné
Les deux réalisatrices mexicaines expliquent
Astrid Rondero et Fernanda Valadez sont deux artistes mexicaines qui travaillent ensemble depuis plus de quinze ans, en tant que réalisatrices, scénaristes et productrices. Hijo de sicario a obtenu le grand prix de Sundance et primé à Toulouse. Formellement, Hijo de sicario est un film de passage à l’âge adulte raconté par différents personnages qui ont compté dans la vie de Sujo : les gens qui l’ont aimé, qui lui ont appris et qui l’ont laissé continuer sa route. Le film est construit en épisodes, et c’est l’un des aspects qui nous enthousiasmaient le plus, que l’on puisse se permettre une exploration narrative, formelle et visuelle de l’histoire. Le récit visuel change à chaque épisode car les personnages secondaires sont comme des nouvelles saisons de la vie de Sujo. Nous voulions que chaque partie ait sa propre atmosphère. Chaque épisode a été tourné avec des objectifs de prise de vue différents explorant ainsi de nouvelles textures, lumières et atmosphères.
Chaque épisode se centre sur des personnages. Puis on passe à l’âge adolescent où Sujo, qui est le nom d’un cheval, va vouloir faire des études à Mexico, lui qui n’est jamais allé à l’école. Il sera rattrapé par son demi-frère qui a besoin d’argent. Le rythme du film est assez lent et marqué par des symboles comme la lune et le feu. Le fait que chaque partie utilise un style différent renforce notre attention. Il ne s’agit pas encore une fois d’un film sur les tueurs à gages, mais d’un récit d’apprentissage, l’’histoire d’un orphelin qui grandit dans un Mexique violent et lutte contre la fatalité en cherchant son vrai moi.
Naissance du projet
À l’époque où ils travaillaient sur le film Sans signe particulier, les réalisatrices sont tombées sur Levantones, chroniques écrites par Javier Valdez, un grand journaliste mexicain qui a été lui-même plus tard victime de violences. Les réalisateurs confient : « Ce ne sont pas tant les histoires qui ont retenu notre attention mais davantage l’atmosphère qu’il a su partager avec humanité et respect : des récits réels à la fois de victimes et d’auteurs, de femmes, d’hommes et d’enfants, tous pris pour une raison ou une autre dans la violence des cartels de la drogue qui sévit au Mexique. »
Alain LIATARD
Sortie le 21 août 2024.
Hijo de sicario (Sujo), drame mexicain (2024), 2h06′, écrit et réalisé par Astrid Rondero et Fernanda Valadez.