« Reminiscencia » du Chilien Malicho Vaca Valenzuela au Festival d’Avignon

À Avignon, du 19 au 21 juillet est présentée la pièce du dramaturge chilien Malicho Vaca Valenzuela. Il a profité du confinement pour se mettre à collecter les souvenirs des habitants de Santiago. Reminiscencia est un voyage immobile. Le metteur en scène creuse la terre : d’un simple clic sur une carte numérique il fait surgir les amours mystérieuses et les révolutions réprimées, autant de fragments d’une mémoire intime et collective.

Photo : Presse Avignon

Au Chili, tous les jeunes de ma génération se posent des questions » nous signale à Avignon, Malicho Vaca Velenzuela qui propose son spectacle Reminiscencia« Les mises en scène en Amérique latine peuvent être très masculines. Je me suis rendu compte que je ne pouvais pas être acteur sans prendre une voix grave. J’ai décidé de retrouver ma voix. » « C’était au départ une expérience presque sociologique, que je menais sans imaginer de la porter à la scène. Je voulais explorer des questions qui me traversaient depuis longtemps. J’ai récolté des images, que j’ai assemblées. J’ai reçu beaucoup de messages personnels via Instagram ou Gmail de la part d’internautes qui, comme moi, étaient cloîtrés chez eux. Cette œuvre est construite à partir de collage de mémoires, pas seulement celle de ma famille, mais aussi d’ailleurs. La pièce a subi des ajustements successifs à partir du partage des autres. »

C’est un théâtre au Chili qui ramènera à la scène Reminiscencia« Au départ, en plein confinement, il s’agissait de partager mon écran avec le public en ligne. Mon idée était de se retrouver à travers la narration orale, propre aux peuples d’Amérique latine qui ont été colonisés, et où la transmission de la mémoire historique s’est faite à l’oral. » Sur scène, désormais, Malicho assume le narratif face au public. Dix ans après la programmation au festival de La Revolución del futuro de Marco Layera, qui riait avec cynisme du coup d’État au Chili, Malicho Vaca Valenzuela dit représenter une génération hantée par les questions du passé : « Tous les jeunes de ma génération se posent des questions. Où sont-ils ? Avec Google, aujourd’hui, on trouve tout en ligne. Sauf les disparus de la dictature. À 50 ans du coup d’État, le négationnisme total d’une partie de la population est une pure folie. Je fais partie de la génération qui a vécu au lycée la Révolution Pingouin, qui a brisé en 2006 le tabou et le silence d’une fausse démocratie, qui est sorti dans les rues en 2011 pendant les années d’études, et qui maintenant, jeune adulte dans la société moderne mène cette révolte. »

Celui qui est allé à l’Université avec Gabriel Boric, actuel président du Chili et qui avoue avoir été « prêt à tirer dans les rues » pendant les protestations sociales de 2019, veut mener avec Reminiscencia une « révolution de la tendresse »« Le monde de mes grands-parents, qui témoignent dans Reminiscencia, est un monde de tendresse où personne n’est dans le viseur. Les révolutions violentes au Chili ont été des échecs. »