L’ancien vice-président de la Bolivie, de 2006 à 2019, Álvaro García Lineras, a critiqué la tentative de coup et écarté qu’il se soit agi d’un « auto-coup d’État », planifié par le président Luis Arce lui-même. Il a demandé que soient recueillies les déclarations du général accusé du soulèvement, Juan José Zúñiga, « à titre d’inventaire ».
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Il a déclaré que les « pouvoirs de fait » ont toujours une présence latente et « relèvent la tête » quand les projets progressistes passent par un moment de faiblesse. Il a appelé à réfléchir sur le rôle des « pouvoirs de fait » qui menacent les gouvernements de la région : « Dans le monde entier, dans toutes les démocraties, il y a des pouvoirs de fait qui ne dépendent pas du vote. Ce sont ceux des oligarchies entrepreneuriales, des forces armées et, dans le cas de l’Amérique, de l’ambassade états-unienne. »
Tandis que le politologue et ex-ministre Hugo Moldiz a affirmé que « le coup d’État en Bolivie continue », après la détention de l’ex-chef de l’armée, le général Juan José Zúñiga et d’autres impliqués dans cette opération avortée. Moldiz considère que l’investigation doit se faire en profondeur ainsi que la recherche des liens avec des acteurs politiques internes et également à l’étranger. « Sans accuser personne, l’histoire nous montre qu’en Amérique latine et dans la Caraïbe, là où il y a des coups d’État, les États-Unis sont derrière, le danger n’a pas disparu », a-t-il déclaré.
Moldiz a affirmé que ceux qui ont intérêt à interrompre le mandat du président constitutionnel, Luis Arce Catacora, prétendent maintenant imposer l’idée d’un auto-coup d’État, sur la base des premiers messages publiés sur les réseaux sociaux. Il a insisté sur la nécessité d’enquêter sur les ramifications qui existent autour du militaire appréhendé. Il a déclaré qu’il était significatif que, au milieu de l’action putschiste, Zúñiga ait évoqué la décision de libérer les exécuteurs du coup d’État de novembre 2019, tels que Luis Fernando Camacho et Jeanine Áñez, qu’il a qualifiés de « prisonniers politiques ». Dans ce contexte le Procureur général a intenté des actions légales pour la poursuite pénale de Zúñiga et de ses complices.
Le président Arce Catacora a confirmé, dans la soirée du jeudi, que les trois corps des forces armées – armée de terre, marine et aviation – ont été impliqués et ont participé à la tentative de coup d’État qui a fait au moins quatorze blessés, certains par balle. « Non seulement les militaires étaient impliqués, mais il y avait aussi des retraités des forces armées et également du personnel civil », a-t-il ajouté. Le commandant de la police a fait exception : il a informé Arce de ce qu’il avait été convoqué par les commandants de l’armée pour qu’il se joigne à la tentative putschiste et que sa décision avait été de ne pas participer à cette action.
Le président a révélé qu’il a conversé avec Evo Morales pour le prévenir de ce qui se passait et lui a fait un récit détaillé des évènements, en précisant comment et depuis quand le complot était en marche et que, aussi bien lui que le ministre de la Défense, Edmundo Novillo, essayaient de communiquer avec les commandements militaires mais que ces derniers refusaient de répondre à ses appels.
« Nous pouvons avoir des différends, le principal d’entre eux est que nous nous croyons que l’instrument politique appartient aux organisations sociales et non à une personne en particulier, c’est la grande divergence que nous avons avec le camarade Evo. Dans un moment comme celui-là, quand nous avons vu que se préparait le coup d’État, j’ai demandé à être mis en relation avec le camarade Evo et je l’ai prévenu pour qu’il reste prudent car il était clair qu’on allait s’en prendre à moi et ensuite à Evo Morales », a-t-il déclaré.
Boris ACOSTA (DIAL)
Traduit par Françoise Couëdel