En mai dernier nous avons consacré la une de notre newsletter à plaider, encore et encore, la libération de Julien Assange, le cyber activiste de 52 ans, fondateur du site Wikileaks dont les révélations lui valent d’être poursuivi aux États-Unis pour espionnage. Il a été définitivement libéré après avoir conclu un accord avec les États-Unis. Reporters sans frontières (RSF) est extrêmement soulagée par cette libération, qui représente une victoire pour la liberté de la presse et l’aboutissement d’une campagne de plusieurs années en faveur de la justice.
Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks qui a injustement passé des années en prison pour avoir publié des informations dénonçant des crimes de guerre et des violations des droits de l’homme, devrait être définitivement libéré après avoir conclu un accord avec les États-Unis. Reporters sans frontières (RSF) est extrêmement soulagée par cette libération, qui représente une victoire pour la liberté de la presse et l’aboutissement d’une campagne de plusieurs années en faveur de la justice. D’après WikiLeaks, le journaliste a quitté la prison de haute sécurité de Belmarsh, à Londres, le 24 juin au matin, après y avoir passé 1 901 jours dans l’attente de l’issue d’une procédure d’extradition engagée par les États-Unis. Il a obtenu une mise en liberté provisoire de la Haute Cour de Londres, puis il a été conduit à l’aéroport de Stansted où il a pris un avion pour quitter le Royaume-Uni. En Australie, il devrait retrouver sa femme, Stella Assange, et leurs enfants, qui ne l’ont jamais rencontré en dehors de la prison. Les détails de l’accord n’ont pas encore été divulgués, mais Julian Assange devrait plaider coupable d’un seul chef d’accusation – au lieu des 18 auxquels il aurait dû faire face s’il avait été extradé pour être jugé aux États-Unis – et les cinq années qu’il a déjà passées à la prison de Belmarsh devraient être prises en compte.
« Nous sommes extrêmement soulagés que Julian Assange soit enfin libre. C’est une victoire pour le journalisme et la liberté de la presse attendue de longue date. Il n’aurait jamais dû passer un seul jour privé de liberté pour avoir publié des informations d’intérêt public. Rien ne peut effacer les 13 dernières années, mais il n’est jamais trop tard pour faire ce qui est juste, et nous nous félicitons que le gouvernement américain ait pris cette décision. Nous continuerons à faire campagne pour soutenir les journalistes du monde entier qui sont pris pour cible en raison de leur travail sur des sujets relatifs à la sécurité nationale, ainsi que pour réformer la loi américaine sur l’espionnage, afin qu’elle ne puisse plus jamais être utilisée pour cibler l’activité journalistique.
Rebecca Vincent
Directrice des campagnes de RSF
Julian Assange, citoyen australien, risquait jusqu’à 175 ans de prison pour 18 chefs d’accusation liés à la publication par WikiLeaks, en 2010, de plus de 250 000 documents militaires et diplomatiques classifiés ayant fait l’objet d’une fuite. Il aurait été jugé en vertu de la loi américaine sur l’espionnage (Espionage Act), ce qui aurait créé un précédent très inquiétant menaçant tout journaliste ou média travaillant avec des informations classifiées ayant fait l’objet d’une fuite. Sa libération intervient après une vaste campagne mondiale de plusieurs années soulignant le grave danger pour le journalisme et la liberté de la presse que représenteraient de telles poursuites. RSF a joué un rôle central dans cette campagne et est la seule ONG à avoir suivi plus de quatre ans de procédure d’extradition contre Julian Assange devant les tribunaux britanniques. Les représentants de RSF ont également pu lui rendre visite à la prison de Belmarsh, ce qui est rare, et ont plaidé directement auprès des gouvernements américain, britannique et australien pour qu’ils trouvent une solution politique à l’affaire.
Si le succès de la campagne apporte un énorme soulagement à sa famille, à ses sympathisants et aux journalistes du monde entier, il est profondément alarmant que Julian Assange ait été privé de sa liberté pendant plus de 13 ans – dont plus de cinq ans à la prison de Belmarsh et près de sept ans à l’ambassade d’Équateur à Londres où il s’était réfugié – pour avoir publié des documents qui étaient à la fois véridiques et d’un intérêt public considérable. Julian Assange devrait plaider coupable d’un seul chef d’accusation, celui de conspiration en vue d’obtenir et de divulguer des documents classifiés relatifs à la défense nationale des États-Unis, un chef d’accusation relevant de la loi sur l’espionnage qui pourrait encore avoir un effet délétère sur le journalisme d’intérêt public et sur le droit du public à savoir. En outre, aucun compte n’a encore été rendu en ce qui concerne les crimes exposés dans les documents divulgués.
Sur le plan personnel, l’incarcération de Julian Assange a eu un impact considérable sur sa santé mentale et physique. La procédure d’extradition au Royaume-Uni devait se poursuivre devant la Haute Cour de Londres les 9 et 10 juillet. Cela à la suite d’une décision prise en mai de lui accorder le droit de faire appel de l’ordre d’extradition de 2022 pour deux raisons, toutes deux liées à la possibilité qu’en tant que citoyen australien, il soit privé des protections de la liberté d’expression accordées par le premier amendement. Les juges britanniques avaient déclaré qu’il avait de « réelles chances de succès » pour ces motifs.
Le Royaume-Uni et les États-Unis sont respectivement classés 23e et 55e sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2024 de RSF.