Le sénat argentin vote la reforme étatique austère de Javier Mileï

Six mois après son investiture, le Nouveau président argentin qui se définit lui-même comme “anarcho-capitaliste libertaire” ne cesse de prendre des mesures austères qui plongent les argentins dans la misère sociale. Dans la nuit du mercredi 14 juin, le sénat a adopté partiellement la loi « Bases et points de départ pour la liberté des Argentins », dans un contexte de manifestations géantes fortement réprimées par les forces de l’ordre.

Six mois après son investiture, Milei est sur le point de concrétiser sa première victoire législative avec l’adoption de la Ley bases. Cet ensemble de lois représente le ciment de la réforme libéral portée par le nouveau gouvernement.  La présidente du Sénat, proche politiquement du président a départagé le vote au Sénat qui approuvait le texte modifié à 36 voix face à 36 voix contre l’adoption. Alors que les sénateurs votaient le projet dans l’enceinte du Palacio del Congreso de la Nación Argentina, à l’extérieur avaient lieu de nombreuses protestations contre cette loi. Les affrontements musclés avec les forces de l’ordre ont fait des dizaines de blessés du côté des civils à coup de gaz lacrymogènes et de matraques. 

La Ley bases y puntos de Partida para la libertad de los argentinos est le fruit d’une navette parlementaire qui a modifié et réduit conséquemment le projet initial de Javier Milei initialement nommé « Ley omnibus ». Ce dernier comptait plus de 600 articles, il n’en reste plus que 238.  Quatre grands axes se dégagent des changements principaux que la version adoptée par le Sénat va apporter. 

Premièrement, elle va donner plus de pouvoirs à Milei si ce n’est tous les pouvoirs. Il s’agit là d’un des points les plus controversés de la reforme de l’état. Il accorde au président des compétences très élargies et ce pour un an, en déclarant : « L’urgence publique en matière administrative, économique, financière et énergétique ». Similaire à l’article 16 de la constitution française, cette mesure lui permettrait de disposer de la compétence législative sans consultation du congrès. Les députés ont donc posé quelques limites à cet article aux allures autoritaires. Le gouvernement ne pourra par exemple pas intervenir dans une quinzaine d’organismes publics. 

Au niveau économique, la réforme se caractérise par des politiques ultra-libérales visant à attirer les investissements étrangers. Pour ce faire la loi prévoit des avantages fiscaux et douaniers. Ses contestataires regrettent que les grandes compagnies soient avantagées et tout particulièrement les multinationales. À l’inverse les PME seraient lésées alors même qu’elles représentent 70% des emplois actuellement. De plus les matières premières seraient exportées par des entreprises étrangères qui en feraient bénéficier leur pays d’origine à défaut de fomenter l’économie nationale lors de leur transformation. 

Un autre changement dû à la Ley Bases, est lié aux privatisations massives d’entreprises jusqu’ici publiques. La loi qui va semblerait-t-il être adoptée est cependant plus modérée que le projet initial de Milei. Il projetait d’en privatiser une quarantaine, dans les faits seulement deux le seront dans un premier temps : Intercargo et Energia Argentina.  Si ces premières mesures ont révolté bonne partie de la population, c’est la réforme du travail qui a le plus mobilisé les citoyens dans des manifestations comptant plus d’un million de personnes. Elle se traduit par une flexibilisation majeure du marché du travail : entre autre extension de la période d’essai, baisse des indemnisations en cas de licenciement ou encore limite au droit de grève. Malgré les manifestations massives et le travail de l’opposition, ce qui reste du projet initial de Milei est sur le point d’entrer en vigueur. La dernière étape est un ultime passage à la chambre des députés qui a le dernier mot sur le contenu de la loi. 

Rosalie POMI