« Dissidente », film québécois de Pier-Philippe Chevigny

Dans la vallée du Richelieu, région agricole et industrielle du Québec, Ariane est embauchée dans une usine en tant que traductrice. Elle se rend rapidement compte des conditions de travail déplorables imposées aux ouvriers guatémaltèques. Tiraillée, elle entreprend à ses risques et périls une résistance quotidienne pour lutter contre l’exploitation dont ils sont victimes.

Dans cette région, il existe un programme concernant les travailleurs étrangers temporaires, une entente officielle qui permet d’importer en toute légalité de la main d’oeuvre au moindre coût. Les Philippines fournissent ainsi des femmes de ménage, alors que le Mexique et le Guatemala envoient des travailleurs dans les champs ou les usines.

Dans le film, les ouvriers travaillent dans une usine de traitement du mais. Il vivent dans une maison proche de l’usine, sont salariés et ont des papiers. On leur demande de ne pas faire de vagues, être corvéable, travailler même la nuit ou le dimanche. Autrement dit de faire le job, parce qu’alors il est possible de revenir travailler l’année suivante.

Ariane fait le job aussi, elle traduit en choisissant ses mots. Mais les cadences deviennent folles et elle se met à soutenir un ouvrier blessé. Son père est guatémaltèque et elle découvre cette culture, sachant que sa citoyenneté canadienne la protège un peu.

On a demandé au réalisateur pourquoi il n’avait pas plutôt fait un documentaire. Il explique que s’il avait pendant plusieurs années recueilli de nombreux témoignages, personne ne voulait être filmé et que la fiction pouvait mieux expliquer les événements. Certains critiques ont comparé ce film à l’oeuvre de Ken Loach. C’est vrai qu’ici aussi l’humanité l’emporte.

Sur les écrans depuis le 5 juin.