Avec plus de 34% des suffrages, José Raul Mulino, avocat de 64 ans, est le nouveau président du Panama. Grand favori des sondages, il s’impose largement dans une campagne marquée par la condamnation pour blanchiment d’argent de son leader et ex-président, Ricardo Martinelli.
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Le dimanche 5 mai, plus de trois millions de Panaméens étaient appelés aux urnes pour élire leur nouveau président ainsi que les 71 députés du parlement et les gouvernements régionaux. Sur les 77% qui ont fait le déplacement, 34% ont décidé de porter à la tête du pays José Raul Mulino, représentant du parti conservateur “Realizando Metas”. Battu avec plus de 9 points d’avance, le candidat de centre droit et ancien consul Ricardo Lombana a salué son opposant: “Je reconnais le président élu de la République du Panama, M. José Raul Mulino, et je lui souhaite le meilleur.”
A l’origine candidat à la vice-présidence du pays, l’avocat de 64 ans a été propulsé au premier plan de la course à la présidentielle après que son mentor, Ricardo Martinelli, a été condamné à 11 ans de prison pour blanchiment d’argent. En mars, celui qui avait été président de 2009 à 2014 a vu sa candidature annulée par le Tribunal électoral et a donc naturellement désigné José Raul Mulino pour être son remplaçant. Depuis l’ambassade du Nicaragua où il s’est réfugié, il a pu assister à la très large victoire de son fidèle bras droit qui a tenu à le remercier : « À Ricardo Martinelli, mon ami. Mission accomplie Ricardo ! ».
S’il ne pensait peut-être pas diriger le pays il y a plusieurs mois, José Raul Mulino n’en est pourtant pas à sa première expérience politique. Expert en droit maritime, il prend part dans les années 80 à un mouvement d’opposition à la dictature militaire de Manuel Antonio Noriega, “Croisade civique”. De 1993 à 1994, il occupe son premier poste au ministère en s’occupant pour un court temps des Affaires Étrangères après la mort de son prédécesseur, Julio Linares. C’est cependant sous le mandat de Martinelli qu’il se fait pleinement connaître, d’abord comme ministre de la Justice puis ministre de la Sécurité. Entre 2015 et 2016, il est placé en détention provisoire pour corruption avant d’être libéré pour des erreurs de procédure et de s’écarter un temps de la vie politique.
Raul Mulino, qui a accueilli avec “responsabilité et humilité” les résultats, succède au social-démocrate Laurentino Cortizo et prendra ses fonctions le 1er juillet. C’est un mandat plein de défis qui l’attend, dans une période compliquée pour le Panama qui souffre d’une corruption endémique et vient tout juste de connaître une grave sécheresse qui menace le trafic maritime dans son canal, pourtant indispensable pour son économie. La question migratoire est aussi au cœur de l’actualité avec l’entrée dans le pays, en 2023, d’un demi-million de migrants se rendant aux États-Unis et passant par la jungle du Darién, située à la frontière avec la Colombie. Le président élu veut d’ailleurs y mettre un terme et a promis de renvoyer les migrants s’aventurant à traverser la jungle pour rejoindre les États-Unis.
Le nouveau président devra aussi faire avec un Parlement où son parti est désormais minoritaire après avoir subi une large déroute le 5 mai. Il ne pourra compter que sur 12 députés sur les 71, soit deux fois moins que les candidats indépendants en “candidature libre” qui réalisent une entrée en force au Parlement avec l’envie d’en finir avec “la corruption et l’improvisation”.
Emma TURQUETY