Alors que Reporters Sans Frontières (RSF) vient de publier son classement mondial de la liberté de presse 2024 et l’UNESCO son rapport « Presse et planète en danger », qui montrent tous deux la situation alarmante dans laquelle se trouvent les journalistes à l’échelle mondiale, la directrice générale de l’UNESCO était en visite au Chili ce 3 mai, dans le cadre de la Journée mondiale de la liberté de la presse.
Photo : DR (Unesco Chili)
À l’occasion de la 31ᵉ Conférence de la Journée mondiale de la liberté de la presse, s’est tenue durant trois jours, du 2 au 4 mai, une série de manifestations et de conférences à Santiago avec l’actif soutien du gouvernement chilien ainsi que des organisations internationales et nationales de défense de la liberté de la presse. Dans son discours d’inauguration, la directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulai, a rappelé l’importance de la liberté de la presse : « La liberté de la presse est une pierre angulaire pour la démocratie et pour faire face aux défis de notre siècle (…) C’est un pont entre la société et la science constitutif de l’un des défis les plus existentiels de notre époque : le dérèglement environnemental et climatique. »
Dans le cadre de l’évènement, l’Unesco a dévoilé un nouveau rapport, intitulé « Presse et planète en danger ». Elle y fait état du climat dans lequel évoluent les journalistes qui travaillent sur l’environnement et souligne les attaques perpétrées qu’ils subissent dans 89 pays de toutes les régions du monde. L’Unesco indique avoir mené en mars une enquête auprès de 905 journalistes et explique que plus de 70% d’entre eux déclarent avoir été la cible « d’attaques, de menaces ou de pressions » en lien avec leurs enquêtes sur des questions environnementales. Parmi eux, deux sur cinq affirment avoir subi des violences physiques. L’organisation internationale a également révélé qu’au moins 749 journalistes et organes de presse traitant de questions environnementales ont été « la cible de meurtres, de violences physiques, de détentions et d’arrestations, de harcèlement en ligne ou d’attaques juridiques » au cours de la période 2009-2023 et qu’une augmentation de 42% des cas a été relevée entre 2019 et 2023 par rapport à la période précédente (2014-2018).
L’insécurité grandissante à laquelle sont confrontés les journalistes est un constat qu’a aussi dressé Reporters sans Frontières dans son classement mondial de la liberté de la presse de 2024. Comme chaque année, ce classement établi en fonction de cinq critères (le contexte politique, le cadre légal, le contexte économique, le contexte socio-culturel et la sécurité), classe les pays du plus au moins respectueux de la liberté de la presse. L’ONG, qui oeuvre en faveur de la protection des droits des journalistes dans le monde entier depuis sa création en 1985, arrive à la conclusion suivante : la liberté de la presse est menacée par celles-là mêmes qui devraient en être les garants, à savoir les autorités politiques. Parmi les cinq indicateurs qui composent le score des pays, l’indicateur politique est celui qui baisse le plus en 2024, avec une chute globale de 7,6 points.
Un nombre croissant de gouvernements et d’autorités politiques n’assurent pas leur rôle de garant d’un cadre exemplaire pour l’exercice du journalisme et pour le droit du public à une information fiable, indépendante et plurielle. RSF observe une détérioration préoccupante du soutien et du respect de l’autonomie des médias et un accroissement des pressions exercées par l’État ou d’autres acteurs politiques. Le message est donc clair : les politiques ne protègent pas assez leurs journalistes, qui sont encore et toujours la cible de violences récurrentes dans un monde où la liberté de la presse est en danger dans de nombreuses régions.
Emma TURQUETY