Le 30 avril, les députés argentins ont voté en faveur de l’ensemble du projet de loi « Omnibus » portant la totalité des réformes ultra-libérales promises par le président Milei. Ce sera ensuite au tour du Sénat de se prononcer sur cette loi, où le parti de Javier Milei est largement minoritaire.
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C’est une première victoire pour Javier Milei depuis son arrivée au pouvoir il y a presque cinq mois. Élu avec 55,6% des voix par le peuple argentin avec la promesse de redresser la situation économique du pays, qui compte toujours un fort taux d’inflation (300% sur un an), Javier Milei avait jusque-à fait face à une forte opposition. En début de semaine, après plus de 20 heures de débats, la loi fondamentale a été approuvée dans son ensemble par 142 voix pour, 106 contre et 5 abstentions.
C’est cependant le premier texte d’une version allégée de la loi Bases y Puntos de Partida para la Libertad de los Argentinos [“Bases et points de départ pour la liberté des Argentins“ ] qui a été validé. Comptant initialement 664 articles, la loi a été révisée après avoir été renvoyée en commission en février par la Chambre des députés lorsqu’elle y a été analysée article par article. Actuellement, les 232 articles qui la composent, soit le tiers de la version originale, suivent la volonté de Milei qui a déjà commencé à déréguler l’économie et à réduire les dépenses publiques depuis son arrivée au pouvoir (dévaluation du peso de 50%, fin des subventions aux transports et à l’énergie…). La loi prévoit notamment le renforcement du pouvoir présidentiel tout comme la privatisation de certaines entreprises publiques, une batterie d’avantages fiscaux en faveur des grands investisseurs ou encore des mesures contre le droit du travail.
À l’annonce des résultats, Javier Milei a immédiatement réagi par l’intermédiaire du réseau social X. Il a remercié les députés pour “ce premier pas fondamental pour sortir l’Argentine du marais qu’ont été les dernières décennies” et a salué ce “moment historique”. Ce premier succès pour son parti “La Libertad Avanza”, qui ne compte que 38 sièges à la Chambre Basse, a été possible grâce à de nombreux accords passés avec la droite. Pour autant, le chemin est encore long pour que la loi soit effective puisqu’il ne s’agit que d’une décision à caractère “général”, avant que n’ait lieu un nouveau vote “en particulier”, à savoir chapitre par chapitre, puis une consultation au Sénat, où le parti de Milei ne possède que 7 sièges sur 72. Si elle venait à passer toutes les étapes, cette loi serait la première que le nouveau gouvernement réussirait à faire voter depuis sa prise de pouvoir le 10 décembre dernier.
Alors qu’une manifestation aux abords du Parlement a été organisée par la gauche radicale le 29 avril dans la soirée, les syndicats ont lancé un appel à une grève nationale pour le 9 mai. Il s’agirait de la seconde grève depuis le début du mandat de Milei, après celle du 24 avril qui avait vu un million de personnes défiler pour protester contre la suppression du financement des universités publiques. L’ex-présidente, Cristina Kirchner, a quant à elle pointé du doigt les décisions de Milei dans sa première intervention publique depuis la défaite du camp péroniste aux présidentielles, dénonçant notamment le “sacrifice inutile” auquel est livré le peuple argentin alors que “les gens crèvent de faim, perdent leurs emplois et n’y arrivent pas en fin de mois.”
Emma TURQUETY